[Mer intérieure] Précieux contre champs

Nos rencontres sont comme de jolis coquillages : ramassées au fil des ballades et de retour à la maison, délicatement rangés dans une boite. Un écrin rouvert pour raviver les souvenirs, autant que de besoin et avec un enchantement intarissable.

L’errance du photographe croise une poignée d’instants de vos vies, et quelques millisecondes sur le déclencheur suffisent à leur donner de l’importance.

Des rencontres au hasard, et pour convoquer le hasard : il suffit d’être là.

Voilà un formidable prétexte pour venir et revenir inlassablement sur ces berges.

Nos échanges débutent souvent avec les formalités d’usage : interroger le prénom du chien ou exprimer un avis sur la météo. Ces deux piliers conversationnels ont une efficacité 100% garantie et les choses sérieuses peuvent alors commencer. Partager notre plaisir d’être là et notre relation personnelle à ce rivage.

Je vous quitte toujours en ayant appris d’avantage sur notre attachement commun à cet étang. Je vous quitte avec des filets de poisson à griller pour le soir. Une invitation à jouer au rami un prochain dimanche après-midi. Je vous quitte après avoir attendu le passage de la grande parade, ce jour où le retard des cygnes habituellement ponctuels avait suscité votre inquiétude.

Je vous quitte après que le cercle discussion sur la pêche nocturne à l’anguille ait agrégé du monde. Nous avions fini à 6. Je vous quitte après avoir compris la magnétique beauté de cette vue imprenable et pourquoi vous aviez tant roulé pour décider de passer la nuit ici.

Je vous quitte mais il se dit des souvenirs qu’ils s’interprètent comme les rêves. À chacun de savoir choisir le territoire où les ancrer.