Transit
FOLKS-S will you still love me tomorrow? di Alessandro Sciarroni con i Folk-dancer Marco D’Agostin‚ Pablo Esbert Lilienfeld‚ Francesca Foscarini‚ Matteo Ramponi‚ Alessandro Sciarroni‚ Francesco Vecchi musiche Pablo Esbert Lilienfeld video e immagini Matteo Maffesanti disegno luci Rocco Giansante foto Andrea Macchia Teatro Astra 24 Maggio 2013 Festival INTERPLAY/013
La danse se moque-t-elle des conflits au Moyen-Orient qui résonnent à nos frontières et voit des millions de personnes déplacées contre leur volonté ? De ces masses qui flottent sur les eaux ou attendent à des postes frontières, la peinture et la photographie s’en inspirent allègrement.
L’image choc, au-delà d’être marchande, véhicule une théâtralité qui la rend plastique et donc supportable aux yeux de tous. La danse, c’est avant tout un corps dans l’espace, mais ce corps n’est pas représentatif de la foule ou de la masse, il exprime la singularité, l’exception, l’accent sur le “é” et le point sur le “i”.
Il est donc difficile de lui demander de s’occuper de la question de Daesh. La peinture a su se recentrer sur l’abstraction avec l’avènement de la photographie, quittant un réalisme devenu désuet pour mieux redécouvrir la puissance de la couleur et la liberté du trait. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la création italienne, fortement influencée par le dramaturge Romeo Castellucci, fasse fi de l’actualité pour rentrer toujours plus fort dans une inventivité scénographique qui transporte les corps à la manière d’un jeu de mikado où tout s’entremêle et se recompose dans un jeu permanent.
Dans cet autisme de l’actualité réside une poésie contemporaine qui résiste au scénario de la panique, soigneusement orchestré par les enjeux politiques d’une Europe qui s’essouffle dans sa construction et le sens qu’elle veut lui donner. De Michele di Stefano à Alessandro Sciarroni, c’est un formidable éventail de l’inventivité qui s’ouvre sous nos yeux. Et certainement un modèle en devenir ou peut-être quelque chose qui appartient déjà au passé.
La création contemporaine avance sur un fil et le résultat n’est jamais le même selon qu’on tombe à gauche ou à droite. Du côté du Maghreb, la danse contemporaine a su s’affranchir du carcan de la représentation de la femme pour mixer les corps à la manière d’une danse unisexe où chacun reprend sa liberté et son désir de dire “je”. Les choses vont un peu plus loin maintenant, puisque le chorégraphe aime les voyages et les cultures de l’autre rive s’entremêlent aux nôtres ou celles de nos voisins (Bruxelles), pour brouiller les pistes et nous étonner chaque jour un peu plus.
Dansem avance et grandit dans cet engagement et cette confiance accordée à ce qui est loin de nous ou ce qui sort de nos habitudes. De la Turquie à l’Egypte, en passant par le Liban, le Maroc, la Tunisie et Israël, chaque édition a su nous montrer la pertinence d’un auteur et la force de son engagement. Nul doute qu’il en sera de même cette année.
Festival Dansem : du 20/11 au 6/12 à Marseille, Aix-en-Provence et Arles. Rens. : 04 95 04 95 95. Le 12/12 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e) Le programme complet du festival Dansem ici.
Les immanquables du festival
E-ink par la Cie mk (Michele Di Stefano)
Créé en 1999, E-ink, la première pièce du collectif mk, aborde des territoires qui sortent du langage commun. A la frontière de l’irréel et du paroxystique, le corps plonge dans un langage des signes et un processus de pensée proche de la désorientation. La danse a de tout temps aimé être codifiée, en voici une énième version.
Les 20 et 21 novembre au Théâtre de Lenche (4 place de Lenche, 2e)
Archive de et par Arkadi Zaides
Par ce qu’il faut des contradicteurs, Arkadi Zaides a décidé d’introduire une dimension politique dans sa pièce Archives. En donnant des caméras à la jeunesse palestinienne, il confronte la danse au chaos de la colonisation et pose un regard lucide sur la responsabilité d’Israël, son pays.
Les 24 & 25/11 à Montévidéo (3 impasse de Montévidéo, 6e)
Folk-s (Will You Still Love Me Tomorrow ?) par le Teatro Stabile delle Marche (Alessandro Sciarroni)
Il nous avait étonné l’année dernière en orchestrant un ballet de jonglage sans début ni fin à la manière d’un courant imperceptible qui agrandit l’espace et livre le spectateur à ses pensées. Une manière contemplative de détourner l’apesanteur et de mettre le corps au service de l’objet. Alessandro Sciarroni aime interroger l’existence et la validité de la danse en installant des protocoles proche du dogme.
Les 9 & 10/12 au Théâtre Joliette-Minoterie (2 place Henri Verneuil, 2e)
Aringa Rossa par la Cie Eda (Ambra Senatore)
La création Aringa Rossa est une ode à la fluidité d’un geste qui circule de corps en corps, dans un agencement qui file à l’autre bout de la pièce, entrecoupé de virgules, de points, de moments d’extension. Là où la danse se fait plaisir en toute simplicité, à la manière de notre série préférée. Quelque chose que l’on maîtrise et qui nous fait du bien.
Le 12/12 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e)
Karim Grandi-Baupain
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