Enquête pour détournement de fonds publics au garage municipal d’Aix-en-Provence

Le garage municipal de la ville d'Aix-en-Provence en février 2023. (Photo : ML)

Au sud d’Aix-en-Provence, les véhicules municipaux se font très nombreux en se rapprochant des Milles. Car entre la cuisine centrale et la déchèterie se trouve le garage municipal de la ville. Habitué au défilement des balayeuses ou même des Smart estampillées Ville d’Aix, ce service voit depuis peu arriver un nouveau type de véhicules : ceux de la police judiciaire de Marseille. Le parquet d’Aix a en effet ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics et s’intéresse à une potentielle utilisation de ressources municipales à des fins personnelles par des agents, durant leurs horaires de travail. Les faits rapportés vont de la réparation légère, avec un coup de peinture, au trafic de pièces détachées, en passant par le siphonnage d’essence et le changement de moteurs.

Contacté, le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, confirme à Marsactu l’ouverture de l’enquête. Dans le cadre de ces investigations, des enregistrements vidéos du garage municipal ont notamment été remis aux services de police à l’occasion d’une visite au sein des services techniques. Ce que confirme la Ville.

Un signalement en septembre 2022

Les travaux des enquêteurs pourraient mettre à mal le fonctionnement du garage. Une trentaine de mécaniciens, auxquels s’ajoutent des agents dédiés à l’administratif ou à la comptabilité au sein du garage, y travaillent au quotidien. Au milieu de cette activité, certains d’entre eux ont cependant remarqué la disparation de pièces détachées, des irrégularités dans l’utilisation de l’essence ou encore la circulation de véhicules ne portant pas l’inscription de la Ville.

En septembre 2022, Sophie Joissains a reçu le signalement d’un agent du service par courrier. La maire (UDI) d’Aix-en-Provence a ensuite effectué un signalement auprès du procureur le 1er octobre 2022 sur la base de l’article 40, imposant à tout élu ou fonctionnaire ayant eu connaissance de faits délictueux de les dénoncer à l’autorité judiciaire.

Onze personnes ont été entendues dans le cadre d’une enquête interne demandée par Sophie Joissains.

En parallèle, une enquête interne a été demandée par la maire. “Onze personnes ont été entendues, indique la municipalité interrogée par Marsactu. […] Aujourd’hui une procédure pénale a débuté. La Ville coopère avec la justice et se doit de ne pas commenter les procédures en cours”. L’enquête administrative pourrait mettre en lumière des comportements individuels délictueux de la part de certains agents ou encore des dysfonctionnements organisés au sein du service. Ce type d’enquête débouche généralement sur des recommandations de mesures pour prévenir de nouvelles dérives.

Un dossier jugé sérieux par la justice

Selon nos informations, depuis septembre, de nouveaux témoignages ont été apportés par des agents. Entendus dans le cadre de l’enquête, ils ont pu confier l’ensemble des éléments en leur possession. Dans le premier courrier adressé à Sophie Joissains étaient déjà jointes des photographies de véhicules privés qui auraient été réparés par le garage municipal. L’enquête interne a déjà étudié cinq cas précis. Avec les récentes révélations s’accompagnent des nouvelles accusations d’irrégularités dans les horaires de travail et d’utilisations abusives de badges.

Selon une source au fait de l’enquête judiciaire, le dossier est jugé sérieux. Dans les couloirs municipaux, on relativise en expliquant que l’affaire pourrait relever de disputes entre agents, entraînant la dénonciation d’activités illégales. Un climat de suspicion s’est installé au garage après ces signalements. Une première plainte pour intimidations et menaces a été déposée en fin d’année 2022. Dans le procès-verbal consulté par Marsactu, l’agent raconte les insultes subies par un agent considéré comme une “balance”. Une altercation aurait également eu lieu sur le lieu de travail. Une deuxième plainte a été déposée ce mardi 7 février pour menaces de mort par un autre agent lanceur d’alerte.

L’affaire aixoise n’est en tout cas pas sans rappeler les faits signalés au sein du service parc auto municipal de la Ville de Marseille, au sujet duquel une enquête est aussi en cours pour des faits très similaires.