RETOUR SUR UN CONSEIL MUNICIPAL
Le 16 décembre, a eu lieu la dernière séance de l’année 2022 du Conseil municipal de Marseille. Revenons sur cette séance.
La politique budgétaire
Les orientations budgétaires de la Ville pour 2023 sont présentées au Conseil municipal avant la fin de l’année précédente, ce qui, en soi, constitue une rupture avec les pratiques des années précédentes, au cours desquelles le budget était proposé au Conseil municipal au cours de l’année, en février, voire en mars. « Le rapport », explique J. Canicave, l’adjoint aux finances, « présente une hausse prévue des recettes, malheureusement insuffisantes pour faire face aux dépenses contraintes liées à l’inflation, les hausses des coûts de l’énergie, du salaire des personnels, des intérêts d’emprunt ».
La charge de la dette est considérable. J. Canicave évalue à 800 millions d’euros en quatre ans le montant de la dette municipale, au détriment d’une quantité considérable de projets que la municipalité pourrait mettre en œuvre. Alors que nous sommes pratiquement à mi-mandat pour la municipalité Payan, on se end compte que les municipalités précédentes ont, en quelque sorte, verrouillé les politiques budgétaires de leurs successeurs en leur imposant la charge de dettes qu’elles ont contractées pour des politiques qui, d’ailleurs, ont été finalement rejetées, ce rejet s’exprimant sous la forme du changement de municipalité.
Enfin, une fois de plus, ce conseil municipal aura eu à débattre de la taxe foncière et de son évolution. On se rend compte que le débat sur les impôts et la fiscalité est une constante de la confrontation entre la gauche et la droite, entre les politiques de solidarité et politiques libérales, sur le plan municipal comme sur le plan national. Ce que, par exemple, M. Vassal reproche à la municipalité au cours de cette séance, c’est de « ne pas arriver à dépenser l’argent ». La fiscalité est, depuis toujours, ce qui exprime la dimension financière du pouvoir, et c’est pour cela qu’elle est systématiquement remise en cause dans les critiques des pouvoirs.
La politique des personnels municipaux
Les dépenses de personnels s’inscrivent désormais dans une politique d’élaboration de choix visant à une amélioration du travail des agents municipaux, qu’il s’agisse de leurs conditions de travail ou de leur efficacité. Le conseil municipal a délibéré, notamment, sur trois points essentiels qui semblent à revoir dans ce domaine. Le premier est une véritable redéfinition des missions et des emplois des personnels, ainsi que de la pertinence de leurs effectifs. Le second est le renouvellement de l’organisation de leur recrutement et de leur formation. Il semble bien que la municipalité n’en ait pas encore fini avec les héritages des municipalités passées et que la politique des personnels soit encore à repenser. Enfin, une véritable politique des personnels devrait faire l’objet de l’articulation entre deux débats, le premier entre la municipalité comme employeur et ses agents, le second est plus politique : il importe d’élaborer une prévision dans le long terme de l’évolution des personnels municipaux, des domaines dans lesquels ils interviennent et des conditions de leur rémunération. La question des bibliothèques, soulevée par J.-M. Coppola, adjoint à la culture, permet de mieux comprendre la nécessité d’une meilleure articulation entre la politique culturelle de la municipalité et la politique des personnels.
La réforme du réseau des autobus
Nous touchons sur cette question à deux exigences : la première est la nécessité d’un accord entre la métropole et la municipalité qui est, sans doute, le principal acteur du réseau métropolitain des transports en commun, et la deuxième est l’impératif d’organiser une véritable concertation avec les usagers. Cette concertation ne doit pas être un simple mot, mais elle doit réellement être mise en œuvre, car, finalement, les usagers sont les acteurs de la ville à qui les transports sont destinés. Il importe, en particulier, que l’étude du réseau et des formes de l’amélioration de son efficacité et de sa pertinence permette d’en finir avec l’hégémonie de la circulation automobile dans l’espace urbain, notamment dans les quartiers périphériques.
Les centres sociaux
À l’ordre du jour de cette séance, le Conseil municipal avait à se pencher sur la convention des centres sociaux. Il semble qu’un conflit les oppose à la municipalité car ils estiment que sa participation à leur financement est insuffisante. Une fois de plus, en faisant part de cette question dans notre récit de cette délibération, ce qui nous semble important est de repenser la participation de la municipalité d’une ville comme Marseille au financement des centres sociaux. Sans doute serait-il nécessaire de mieux articuler la politique des centres sociaux, tant en termes de financement qu’en termes de gestion, à l’ensemble de la politique de solidarité de la ville, notamment dans les quartiers populaires. C’est de cette manière que peut s’élaborer une politique des centres sociaux et non par une réponse au coup par coup à leurs besoins et à leurs demandes.
Une nouvelle approche du lien entre le logement et le paysage
Les décisions prises au cours de cette séance du Conseil municipal sur la réhabilitation de certains immeubles dégradés, en particulier dans le centre-ville, permettent de comprendre la nécessité d’une nouvelle approche de la requalification du centre. Il ne s’agit pas seulement de réhabiliter des immeubles de logement ni de reconsidérer la qualité esthétique du paysage urbain, mais il s’agit bien de penser l’espace de la ville comme une articulation entre l’esthétique du paysage et la qualité du logement. Peut-être, après tant d’années d’inertie et de dénégations des municipalités précédentes dans ce domaine, la municipalité semble-t-elle décidée à placer au cœur de son projet le souci d’une nouvelle qualité du logement associant dans une même problématique l’esthétique et la qualité du logement, l’égalité entre les quartiers et l’importance de la question du patrimoine urbain.
Pour conclure
Dans cet article, nous n’avons pas tenté de proposer un compte rendu des débats du Conseil municipal de vendredi, mais nous avons relevé les points majeurs de discussion qui apparaissent et qui permettent de mieux comprendre les significations et les enjeux de la politique municipale, en associant la distance de la réflexion à l’immédiateté de l’information. En les inscrivant dans le champ du débat et en faisant d’eux des objets de choix, le Conseil municipal donne une dimension politique aux objets et aux pratiques ordinaires de la vie quotidienne dans l’espace urbain. C’est de cette manière que l’on donne du sens à la politique de la ville.
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