[Mer intérieure] Wabi Sabi
Véronique Esterni raconte pour Marsactu des moments vécus autour de la "petite mer", l'étang de Berre. Des voyages photographiques et intimes dans un ailleurs particulièrement proche.
Photo : Véronique Esterni
Cher journal,
Je livre dans tes pages mes rencontres de bord d’étang, mais voilà, certains jours, l’humeur est à l’éclipse. L’objectif est de ne parler à personne. Et ces rives sont idéales pour s’absenter. Sans fuir. L’automne a remisé la ferveur estivale, ses bouées licornes et toutes les guinguettes. S’installe alors ici une quiétude intranquille. Ma saison tension préférée.
Je marche sur la plage. Les roseaux ondulent au vent dans un bercement délicat. Sous chacun de mes pas, le crissement blanc de petits coquillages. Aussi tendres qu’une première neige. Quelques ronds mystérieux à la surface de l’eau. Deux cygnes affairés. Un pipeline. Ce littoral est un parfait jardin zen. Il apaise et régule les états d’âmes.
Le biréacteur Orly/Marseille participe à l’exercice méditatif, avec la régularité d’un gong. Je poursuis la marche. Tous les silences ne font pas le même bruit. C’est encore plus vrai ici qu’ailleurs. Nullement besoin de chance pour croiser ici un flamand rose. Alors qu’un dauphin, c’est bien plus rare. Là encore, à ciel ouvert et profitable à tous, une dose de vertu thérapeutique reconnue dans le monde entier : joie, anti-stress et vitalité.
Les jours sont courts, il faut rentrer. La promenade a éclairci mes idées, dégagé les perspectives. Je repère une superbe ligne droite. Un scooter passe en trombe. Lui comme moi sommes là pour nous vider l’esprit. L’indémaillable tas de nylon et ses trésors enfouis n’ont pas tremblé. L’arbre non plus. Ils ont tant de choses à nous dire. Et nous survivrons.
Wabi-sabi (侘寂)Wikipédia (extrait) : Wabi-sabi (侘寂) est une expression japonaise désignant un concept esthétique, ou une disposition spirituelle, dérivé de principes bouddhistes zen, ainsi que du taoïsme.
Le wabi-sabi relie deux principes : wabi (solitude, simplicité, mélancolie, nature, tristesse, dissymétrie…) et sabi (l’altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies, pour la salissure, etc.). Le wabi fait référence à la plénitude et la modestie que l’on peut éprouver face aux phénomènes naturels, et le sabi, la sensation face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes.Une illustration du wabi-sabi : le culte esthétique pour les pierres (jardin sec), ou le travail des bonsaï. Cette éthique apparaît au XIIe siècle ; elle prône le retour à une simplicité, une sobriété paisible pouvant influencer positivement l’existence, où l’on peut reconnaître et ressentir la beauté des choses imparfaites, éphémères et modestes.
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