Sur le réservoir d’eau de Marseille, un projet de centrale solaire sous haute surveillance
EDF souhaite installer l'une des plus grandes unités de panneaux photovoltaïques de la région sur le site du Vallon Dol, réserve d'eau sur les hauteurs de Marseille. L'Agence nationale de sécurité sanitaire a donné son feu vert, à la condition qu'un suivi strict de la qualité de l'eau soit mené.
Crédit photo : Arnaud Ungaro - Creative commons BY-SA 4.0
Là-haut, sur les contreforts du massif de l’Étoile, Marseille stocke de quoi tenir trois ou quatre jours en eau potable. Géré par la société du canal de Provence (SCP), du nom de l’ouvrage qui l’alimente, ce vaste réservoir du Vallon Dol va peut-être se trouver un usage supplémentaire. Avec ses 17 hectares, elle pourrait se couvrir en grande partie de panneaux photovoltaïques et ainsi devenir l’une des principales centrales solaires de la région, avec 12 mégawatts (MW) de production.
Cette idée de faire flotter des panneaux solaires est une manière de contourner les problématiques d’occupation du sol, qu’ils soient naturels ou agricoles, posées par les grandes centrales solaires. Porté conjointement par la SCP et EDF énergies renouvelables, le projet ressemble à celui du lac de Peyrolles, qui développe la même puissance, ou encore de Piolenc (84), présenté comme la plus grande de ce type en Europe. À la différence près que le Vallon Dol n’est pas une ancienne carrière de gravier, comme ces deux exemples, mais le réservoir de l’usine de potabilisation d’eau de la deuxième ville de France.
Un périmètre de protection à faire bouger
Cinq ans après les premières communications autour du projet, cet enjeu majeur apparaît dans le dossier actuellement soumis à enquête publique. En effet, pour protéger les captages d’eau, notamment contre un acte de malveillance, la loi a prévu de les entourer de périmètres de protection immédiate (PPI). À l’intérieur, “toutes activités (…), installations ou dépôts sont interdits en dehors de ceux expressément autorisés dans l’acte déclaratif d’utilité publique. Ces derniers devront être en liaison directe avec l’exploitation du captage et seront conçus et aménagés de manière à ne pas provoquer de pollution de ce dernier.” C’est ce que rappelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui a été saisie de ce cas inédit, mais en plein développement.
Pour mener à bien le chantier puis l’entretien de l’installation, la SCP et EDF énergies renouvelables doivent donc contourner ce principe strict. Plutôt qu’une dérogation, un temps envisagée, c’est la réduction du périmètre de protection à la zone la plus sensible de la réserve qui permettra de poursuivre le projet. Validée par l’Anses, cette solution purement réglementaire n’éteint cependant pas les signaux de vigilance des experts sanitaires. Selon eux, les autorisations de ce type “devraient rester exceptionnelles”, après une évaluation au cas par cas.
Flotteurs en plastique et couvercle géant
Parmi les risques de pollution identifiés, l’Anses a creusé celui des flotteurs en contact permanent avec l’eau, et celui lié au ruissellement de l’eau sur les modules en eux-mêmes. Après évaluation, ces impacts potentiels sont considérés comme “négligeables” sur la qualité de l’eau, moyennant l’application de quelques recommandations. “Une centrale, c’est principalement des flotteurs en plastique et un cadre en aluminium sur lequel sont montés des panneaux en verre”, résume un responsable d’EDF énergies renouvelables, joint par Marsactu. Comme demandé par l’Anses, la société utilisera pour ses flotteurs un matériau bénéficiant d’une attestation de conformité sanitaire. “Pour la phase travaux, nous avons travaillé à réduire au maximum les circulations autour de la réserve et à concentrer le chantier sur le Nord-Est du site, le plus loin possible de la zone protégée”, complète le technicien.
L’impact qui interroge le plus l’Anses est cependant bien plus trivial. Même si elle est artificielle, la retenue d’eau est “vivante”. “Malgré de nombreuses incertitudes, il est très probable que la couverture du plan d’eau (71 %) aura des effets sur son fonctionnement écologique et en conséquence sur la qualité de l’eau”, considèrent les experts. Température, lumière, oxygène : plusieurs paramètres seront affectés par ce grand couvercle, avec potentiellement “une augmentation du relargage d’éléments métalliques tels que le fer ou le manganèse depuis les sédiments”.
La station peut être alimentée directement par le canal de Provence et même s’il est indisponible pour maintenance ou s’il y avait une pollution, il existe une deuxième branche pour venir en secours.
L’Anses n’en vient pas à émettre un veto, mais demande une surveillance fine afin de détecter toute dégradation. “Cela amène des mesures supplémentaires par rapport à celles qu’effectue de toute façon la société du canal de Provence”, dédramatise le porteur de projet. Derrière la prévention et la surveillance, la possibilité de court-circuiter le réservoir constitue une assurance notable. “La station peut être alimentée directement par le canal de Provence et même s’il est indisponible pour maintenance ou s’il y avait une pollution, il existe une deuxième branche pour venir en secours.”
Feu vert municipal et métropolitain
La métropole, en charge de la distribution d’eau potable, nous indique par écrit avoir “demandé des garanties à la société du canal de Provence concernant l’innocuité des matériaux utilisés sur la qualité de l’eau et sur l’établissement de procédures de maintenance adaptées. Elle s’assurera de la bonne mise en œuvre de ces garanties, en lien avec les recommandations de l’ANSES.” Sollicitée pour le permis de construire, la municipalité a émis un avis favorable, “après s’être penchés assez longtemps sur le sujet”, commente Sébastien Barles, adjoint au maire délégué à la transition écologique. “La question de la biodiversité a été assez rapidement écartée mais nous avions des réserves sur la question sanitaire. C’est pour cela que nous attendions les avis des autorités sanitaires et nous avons eu des garanties”, confirme-t-il.
Du côté de l’État, les bénéfices du projet l’emportent aussi dans l’analyse. “Il faut que chacun réalise qu’en PACA, on a besoin d’énormément d’équipements en énergies renouvelables. Dans les différentes formes, le photovoltaïque est certainement la mieux acceptée sur notre territoire”, observe Sébastien Forest, à la tête de la direction régionale de l’environnement.
Le fonctionnaire souligne toutefois l’enjeu de “progresser sur les toitures des bâtiments et des parkings, où on n’est pas très en avance, pour limiter les projets sur des sites agricoles”. Sébastien Barles y ajoute “les friches polluées, comme une extension de la centrale d’Entressen ou une nouvelle centrale sur l’ancien crassier de la Barasse”, via la future société d’économie mixte que souhaite créer la mairie. “Inutile de rappeler qu’il faut aussi travailler sur la sobriété énergétique avant de développer la production”, souligne Sébastien Forest. La meilleure manière d’éviter les questions épineuses telles que celles du Vallon Dol.
Commentaires
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Fini la stérilisation par les rayons UV. Ca va fermenter sous le couvercle. Diarrhée pour tout le monde. Marseillais, restockez du PQ ! (Mais au moins, on aura de la lumière pour lire au cagoince.)
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L’idée est intéressante et novatrice, à condition bien sûr que tout soit mis en œuvre pour éviter une dégradation de l’eau.
Mais au fait, question subsidiaire, les panneaux à installer seront fabriqués où?…
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Bonjour, le dossier précise que EDF et la SCP sont soumis à une obligation de mise en concurrence et que les 32 000 modules seront répartis entre plusieurs fournisseurs mais il n’est pas dit si un approvisionnement local (au sens plus ou moins large) sera privilégié.
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Au dessus d’un certain montant de travaux, les appels d’offres européens ou internationaux sont en effet nécessaires, traité de 2005 oblige, outre les accords commerciaux de l’OMC.
On sait très bien qu’en définitive la plupart des panneaux viennent de Chine, sacro sainte concurrence oblige!
Si on ne met pas notre production, à plus forte raison si elle est naissante, à l’abri de la concurrence, au moins de la part de pays où les coûts de production sont nettement inférieurs, ce n’est même plus la peine de parler d’économie “verte” et de relocalisations.
Quand aux objectifs affichés, on peut se demander où se situe l’écologie lorsqu’on fait venir des produits idustriels par bateaux entiers de l’autre bout de la planète où, qui plus est, ils sont fabriqués dans des conditions apocalyptiques pour la nature et les travailleurs?!
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1- Ce sont des panneaux qui n’entreront pas en concurrence avec des terres cultivables ou de la production de végétaux.
2- Les panneaux photovoltaïques sont un peu refroidis, ce qui augmente leur rendement.
3- La diminution de rayonnement solaire sur l’eau diminue la production d’algues, ce qui est peut-être une bonne chose, vu que ce n’est pas un plan d’eau pour la pêche à la ligne. Et si les rayons UV du soleil provoquaient une “stérilisation” de l’eau, il n’y aurait pas beaucoup de vie sur terre.
4- Ça limite un peu l’évaporation. Pas trop quand même car cette limitation de l’évaporation s’accompagne d’une élévation de la température (un peu comme quand on met un couvercle au lieu de souffler sur sa soupe) et cette élévation de température favorise l’évaporation dans les parties non couvertes.
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1/ Le phyto plancton absorbe le CO2 (algues)
2/ quelle sont les éléments nocifs de la composition des panneaux solaires qui vont être entrainés dans cette réserve d’eaux ?
Laisser entre les mains des décisions écologiques, entre les mains de politiques ? Ils connaissent quoi en écologie ( la science) ces guignols q ?ui ne pensent qu’à la gamelle et leurs nombril
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Ouf Lambda met rapidement beaucoup de monde dans le même panier : Tous les élus (il peut y en avoir qui ont quelques lumières en écologie, non ?), les fonctionnaires de la Ville et des services de contrôle, les techniciens et ingénieurs d’EDF et de la SCP (et en aval de la SEM)… C’est sûr que si toux ceux là négligent d’éviter de nous empoisonner ça va mal se passer…
Pourtant il me semble bien que la transition énergétique est bien à la fois un problème politique et technique…
Pour une fois qu’on voit une idée qui ressemble à une solution !
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@ Lambda
1/ Certes, le phytoplancton absorbe le CO2 mais la destination de cette eau n’est pas de produire du phytoplancton mais bien d’alimenter en eau potable les habitants de Marseille. Donc cette eau, il faudra la débarrasser des algues (personne n’a envie d’avoir de l’eau verdâtre à son robinet) donc cet argument d’absorption de CO2 ne tient pas.
2/ Si vous connaissez les éléments nocifs et solubles à la surface d’un panneau photovoltaïque, merci de les communiquer.Pour ce que j’en sais c’est essentiellement du silicium, un élément chimique qui ne me fait pas trop peur.
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Pour paraphraser Clemenceau : l’écologie! C’est une chose trop grave pour la confier à des écologistes”.
Comme Lambda, ils détiennent la vérité, ou du moins ils pensent la détenir, et là ils deviennent dangereux.
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L’écologie est une science, elle étudie entre autre les biotopes
Le Vallon Dol est un biotope dont on va modifier les équilibres mais c’est pour la bonne cause : data center,smartphone, autos vélo trottinettes électriques … donc pas touche
Bilan carbone de la fabrications des panneaux, du transport, de la mise en place des lignes électriques ?
On va avoir droit au même raisonnement pour les centrales nucléaires: procédures simplifiées, peu ou pas de possibilité de recours, bilans construction, déconstruction, gestion des déchets absents
Alors oui l’écologie est une chose grave et les écologistes ont raison de se faire entendre
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Quand je parle d’écologiste je parle de Barle qui lui est un politique qui fait carrière sur le dos de l’écologie
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j’ai oublié les négations
quand je parle d’écologistes je ne parle pas de Barle qui est ….
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Ne pas laisser l’écologie aux écologistes, l’architecture aux architectes, la science aux scientifiques ..
Il est clair qu’une consultation, mais une consultation intelligente qui donne les clefs, est nécessaire à chaque projet mais il existe aussi des professionnels intellectuellement honnêtes. Sinon, fermons les écoles
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C’est curieux comme histoire , ca fait 70 ans que je ne vois rien sur les terrains a coté, voire des essais de plantation d’arbres avant quelques élections , rien ne change a part la broussaille, mais pourquoi on les mets pas sur ces terrains peu fertile , par contre la poubelle de Nice a coté du plan d’eau qui pollue le plan d’eau on y fait rien
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ca va faire comme pour le foot : 60 millions de sélectionneurs.
là on va avoir, 60 millions d’écolo-politico-scientifiques tous spécialistes de l’eau dans le vallon dol….
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Vous avez oublié les immunologistes
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Ma foi, l’idée semble originale, intelligente, et correctement mise en œuvre. Les aspects sanitaires ont été vérifiés. Y a plus qu’à …
Plus séduisant que de mettre des panneaux solaires au dessus des routes de Marseille, celle là je la sens moins bien !
Si ça peut donner de l’élan pour généraliser la démarches à tous les toits de grande surface, il y a un potentiel énorme j’imagine. Au fait, elle est toujours pas créée cette SEM Energie ?
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très bonne nouvelle ! en plus avec l’ombrage des panneaux l’évaporation sera certainement bien réduite !! à fond !
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C’est bien comme projet
Il en faudra d’autres un peu partout, pas forcément que du solaire mais il y a d’autres pistes
Cela permettra à Marseille de redevenir pionnière, inch’allah
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Les inconvénients cités par les uns ou les autres sont difficiles à évaluer. Une chose semble cependant probable :ces inconvénients sont moins graves que ceux du nucléaire (danger permanent, dépendance totale de l’étranger pour le “carburant” radioactif, déchets nocifs légués à des centaines de générations futures, etc. etc.)
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