Dans le Sud de Marseille, le combat rapproché de Lionel Royer-Perreaut et Didier Réault
Dans la 6e circonscription de Marseille, les deux anciens bras droits du sortant LR Guy Teissier s'affrontent sous des couleurs différentes. Et se regardent en chiens de faïence.
Les deux candidats et futurs adversaires lors d'une visite sur le tracé du BUS organisé par le maire de secteur. Photo : B.G.
Il fut un temps où les deux faisaient la paire, dévoués corps et âme à celui qu’ils reconnaissaient comme “patron”, Guy Teissier. Dans ce clan à la relative autonomie au sein de la droite locale, Didier Réault et Lionel Royer-Perreaut étaient de tous les coups de l’ancien para, les bons comme les mauvais. “LRP” restait davantage dans l’ombre, officiant d’abord comme directeur de cabinet ou attaché parlementaire, quand Didier Réault sautait le pas de l’élection en devenant conseiller général de Mazargues dès 2001. Une succession au choix du patron qui par la suite, continuera de distribuer les prix.
Régulièrement, les deux se retrouvaient en concurrence mais le chef prenait le soin de donner à tout le monde : à Réault la présidence du médiatique parc national des Calanques, à Royer-Perreaut la mairie des 9e et 10e arrondissements. Le patron ayant choisi la retraite parlementaire, les voilà désormais dans des écuries concurrentes, sur leurs noms, dans la 6e circonscription qui inclut la quasi-totalité des deux arrondissements.
Chacun mène aujourd’hui sa campagne en se regardant du coin de l’œil, en évitant de se marcher dessus comme en repérant les relais d’opinion rencontrés. “On se connaît par cœur. Quand il fait quelque chose, je sais pourquoi il le fait. L’inverse est aussi vrai”, sourit Didier Réault qui lâche tout de même : “Ne dites pas que je vais là, parce qu’il n’y va pas”. Un repère d’électeurs potentiels se garde comme un coin à champignons.
Une brouille qui dure
Choisi par Guy Teissier alors que le résultat de la présidentielle était encore bien incertain, Didier Réault porte les couleurs de LR. Lionel Royer-Perreaut a franchi le Rubicon et soutenu le président sortant à la présidentielle. Le président de la République s’est fendu d’un texto de remerciement et d’une place parmi les candidats de son camp. Ici, le duel déroute plus d’un militant ou d’un élu même si la brouille avait commencé un peu plus tôt, au 3e tour des municipales. Guy Teissier propulsé candidat de la droite locale au poste de maire avait vu en 36 heures naître puis mourir la candidature de Lionel Royer-Perreaut. Un acte de rupture sur fond de drague de Teissier auprès de l’élu RN Bernard Marandat, espéré en renfort.
Après tant d’années communes, difficile de choisir au sein de cette famille déchirée. Ainsi, l’élue du secteur et ancienne adjointe de Jean-Claude Gaudin Catherine Chantelot qui a passé une tête auprès des deux camps se montre toute heureuse de botter en touche. “Je vote dans le 8e”, se félicite-t-elle. “C’est malheureux qu’on en soit là. Mais bon, on verra qui il y aura au 2e tour et on le soutiendra”, complète la militante LR et ancienne présidente de la fédération des CIQ du 8e Yvette Rochette, croisée lors d’une réunion publique de Didier Réault.
Au bateau bleu, le siège du conseil départemental où tous deux sont vice-présidents, Martine Vassal a bien cherché à les rabibocher. Secrétaire départemental LR, elle avait poussé la candidature Réault avant de rejoindre à son tour le camp d’Emmanuel Macron. Elle espérait que le président puisse ménager ce dernier mais la volonté de Lionel Royer-Perreaut a été la plus forte. “Dès le moment où j’ai annoncé mon soutien, la question était sur la table”, assure celui-ci qui dit s’être décidé “après le second tour” de la présidentielle. “Martine Vassal me soutient”, affirme désormais Didier Réault. Une inclination réelle qu’elle n’a pour l’heure pas assumée publiquement.
Réault en soldat LR
De fait, Martine Vassal n’est pas présente mardi 17 mai quand Didier Réault inaugure sa permanence à Saint-Tronc. Raison supplémentaire pour ne pas s’y montrer : Christian Jacob, qui l’a exclue du parti, est présent au soutien du président du parc des Calanques. Il est venu montrer l’unité d’un parti. Le patron départemental Stéphane Le Rudulier se félicite d’avoir pu présenter “16 candidats”. Il enregistrera finalement deux désistements de dernière minute dans le département. Dehors, 200 personnes assistent au discours pour le plus grand bonheur de Didier Réault, toujours battu à l’applaudimètre par son mentor, Guy Teissier. “Contrairement à ceux qui quittent le navire – les rats en général – lui a tenu la barre”, vante le sortant dont la “douleur” après “la trahison” de Royer-Perreaut est palpable. “C’est fort que le patron du parti soit venu, ça rebooste les militants”, se félicite Didier Réault.
Quelques jours plus tard, nous le retrouvons à la sortie de l’école Chateau-sec. Dans un pliage astucieux, les tracts distribués le montrent côte à côte avec Guy Teissier. À ses côtés, un militant qui ne s’est pas déplacé au premier tour de la présidentielle pour voter Valérie Pécresse lui témoigne “amitié et soutien”.
Pour convaincre, Christian Jacob a avancé “la proximité” des candidats LR contre les députés macronistes “hors-sol”, un slogan qui sonne moins bien dans la 6e circonscription qu’ailleurs. Didier Réault incarne l’élu de dossier, très bon connaisseur des questions de l’eau notamment et rapporteur général du budget au département durant six ans. Il revendique d’avoir mis le holà sur les “interventions”, les courriers que certains élus multiplient pour faire valoir les demandes individuelles des électeurs rencontrés. Maire de secteur, Lionel Royer-Perreaut a appris à ratisser le terrain. Il se présente d’ailleurs en futur député de proximité. Et s’il devra quitter la mairie de secteur en cas de victoire, il réfléchit déjà à garder les rênes en coulisses. À la Soude où nous le retrouvons, il nous montre sa connaissance des parents d’élèves, comme du quartier, une cité 13 habitat, le bailleur HLM dont il est président.
Les demandes alternent entre emploi et logement. Une mère de famille s’approche en espérant déménager “dans un T4″, plus grand que son actuel appartement. “On verra bien ce que ça donne. La dernière fois que je lui avais demandé, j’avais eu un logement chez HMP [Habitat Marseille Provence, le bailleur social de la métropole, ndlr].“ L’élu prend soin de noter ou de faire noter par un de ses collaborateurs les coordonnées de chacun.
Royer-Perreaut joue la proximité
“Je ne fais pas un pas sans qu’on m’en parle, je suis l’agence immobilière de Marseille”, s’amuse-t-il. À l’image de cette visite, il a axé sa stratégie sur ce travail de terrain. Il s’imagine amener au sein de la majorité présidentielle l’ancrage et la connaissance de l’action publique concrète qui parfois lui font défaut. “Je pense avoir montré que la proximité fait partie de mon ADN. J’aime le contact avec les gens. Maire de secteur est un mandat très tactile”, raconte-t-il. Suite logique, il ne prévoit pas de faire venir de pontes de la majorité, pas même le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a contribué à son ralliement. Sur ses affiches, point d’Emmanuel Macron mais le “avec vous” distinctif. “Mais je vous rassure, sur mes tracts, il y est dès la 3e ligne”, sourit l’édile.
Il refuse de s’attaquer trop directement à son opposant LR pour ne pas hypothéquer l’avenir et offrir un spectacle favorable aux autres candidats. La candidate RN Eléonore Bez est pourtant déjà en embuscade : “Ils se font la guerre. Je les laisse se bouffer le foie, même si j’ai plus d’estime pour la loyauté de l’un que pour l’autre.”
Dans cette circonscription, difficile d’imaginer qu’Eléonore Bez ne soit pas au second tour malgré la candidature Reconquête de Richard Dubreuil. Pour Didier Réault et Lionel Royer-Perreaut, il s’agit donc plutôt de savoir qui sera devant l’autre au soir du premier tour. Il sera temps ensuite de tenter de se rabibocher. “Je ne souhaite pas avoir de propos ou de postures qui rendent nos rapports irrémédiablement ternis. Je veux faire en sorte que nous travaillions ensuite en bonne intelligence”, conclut Lionel Royer-Perreaut. Dans la 6e circonscription, se raconte autant la dislocation de la droite locale que sa recomposition à venir.
Commentaires
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“Les demandes alternent entre emploi et logement.”
“Je suis l’agent immobilier de Marseille”
LRP a beau avoir changé d’étiquette, il garde quand même les vieux réflexes et aurait pu ajouter
“noooooon je n’ai pas changé”
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“Je suis l’agent immobilier de Marseille”. Cruel aveu de pratiques ?
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Il faut avoir vécu dans cet isoloirs qu’on appelle Assemblée Nationale,pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays,sont presque toujours ceux qui le représentent. ( Proudhon)
Avec ces deux là sommes servis.
Citation au passage dédiée pour son auteur à Pedrolito.
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quelle belle brochette !
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Savoureux
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Bonjour
Ce serait bien de rajouter en fin d’un ‘article la liste de tous les candidats pésents dans la circonscription dont il parle.
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Rappelons que les deux lascars étaient ensemble au yachting Club lorsque Tommasini a tenu et réitéré ses propos racistes en février dernier :
“Alors, je ne suis pas raciste, mais maintenant il y en a marre des Arabes. Tu peux plus rien faire sans qu’un arabe vienne te faire chier”
“Ils profitent de la demi-heure de parking gratuite… en plus, que des melons, que des Arabes. Pas un blond, un blanc, un qui est bien comme il faut, non, que des Arabes”.
“Je m’en fous ! Le jour où il faudra s’armer, je serai le premier à aller faire de la ratonnade”
Je ne me souviens pas qu’il ait réagi à ces propos violents et injurieux à l’endroit de ses concitoyens
Son adversaire en a fait autant
J’espère que LREM s’en est aperçu et remettra la médaille de la lâcheté à ces braves gens
Marsactu aurait pu rappeler ces faits mémorables
voir compte rendu de Marsactu :
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwj7x-Wgn5H4AhVRzoUKHbx0BfkQFnoECAkQAQ&url=https%3A%2F%2Fmarsactu.fr%2Fje-serai-le-premier-pour-la-ratonnade-racisme-assume-dans-une-reunion-de-la-metropole%2F&usg=AOvVaw3GPFEIWTIQx1B0efzXBVyR
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Désolé
Je crois que notre vaillant marcheur est arrivé en retard à cette réunion …
Mais il n’a pas réagi à ma connaissance
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Et oui il a perdu du temps notre pétulant Lionel pour aller faire le charmant au YCPR, car“tout le monde peut retourner sa veste, mais il faut une certaine adresse pour la remettre à l’endroit.”( Winston Churchill), et là il a encore quelques difficultés le Lionel,d’où son retard.Mais il progresse bien tel le caméléon.
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Voilà ce que sont nos politiques, et ils s’étonnent « qu’ils soient mal-aimés « !
LP distribue des logements car bien sûr,Marseille Habitat est sa propriété.
2 tartuffes , l’article n’est pas un roman, il raconte une histoire vraie, hélas !!
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