Municipales 2026 à Marseille : un sondage qui dit tout sauf la vérité politique
Municipales 2026 à Marseille : un sondage qui dit tout sauf la vérité politique
Le sondage publié par La Provence à 100 jours du scrutin présente clairement Benoît Payan comme le vainqueur du premier tour. Le maire sortant dispose d’un socle solide, d’un appareil rodé et d’un vote utile anti-RN qui se renforce mécaniquement à mesure que la campagne avance. Rien d’étonnant : la gauche marseillaise, malgré ses tensions, est désormais habituée à mobiliser lorsqu’il s’agit de barrer la route à l’extrême droite.
Ce qui surprend davantage, c’est le niveau attribué à la tête de liste de droite, placée juste derrière le RN. Au regard de tous les scrutins précédents, ce score apparaît comme nettement surestimé : à Marseille, la droite a toujours été mieux sondée que votée.
1. Une droite surestimée dans chaque campagne
Les précédentes municipales le montrent avec une régularité métronomique.
- 2014 : sondages optimistes, score réel inférieur.
- 2020 : sondages très favorables, puis effondrement dans les urnes face au Printemps marseillais.
À Marseille, les enquêtes d’opinion à 100 jours donnent systématiquement à la droite plus qu’elle n’obtient réellement. Les raisons sont connues :
- un électorat âgé mais très volatil ;
- une image dégradée du pouvoir métropolitain ;
- une fragmentation interne jamais vraiment réglée ;
- un RN qui siphonne une partie de la droite traditionnelle dans plusieurs secteurs.
Bref : rien ne justifie, cette année encore, un niveau aussi élevé.
2. Une stratégie en cours : préparer l’opinion à un accord avec le RN
Le plus marquant, pourtant, n’est pas la surestimation.
Le vrai phénomène politique, c’est le mouvement très calculé de la droite vers un rapprochement avec le RN en vue du second tour.
On voit se déployer depuis plusieurs mois un scénario parfaitement lisible :
- Déclarations ambiguës, jouant sur l’ordre, la fermeté, l’autorité, les valeurs.
- Rétropédalages rapides, invoquant “la ligne nationale”, “la charte signée”, “l’alliance avec Renaissance”.
- Rebondissements volontaires, laissant entendre que le “vrai danger” serait la gauche radicale.
- Et surtout : une normalisation progressive du RN, présentée comme un acteur local incontournable.
Ce script n’apparaît jamais par hasard : il prépare toujours la même conclusion.
L’argument final est déjà prêt :
“Ce n’est pas un accord d’appareil mais un accord local, spécifique à Marseille.”
Autrement dit : un accord sans Attal, sans Renaissance, sans caution nationale.
Un accord de “cocufiés”, assumé comme tel.
Un accord discret, mais annoncé depuis longtemps par le bruit du moteur : on y va tout droit, en klaxonnant.
3. Les attaques contre Allisio : un rideau de fumée
Lorsque la droite marseillaise critique Franck Allisio en le qualifiant “d’amateur”, “de vent” ou “d’incompétent”, elle ne le fait pas pour une raison idéologique.
Il ne s’agit ni d’un barrage républicain, ni d’un refus catégorique de travailler avec lui.
C’est simplement une tentative pour freiner l’hémorragie électorale vers le RN :
- diminuer l’adversaire,
- rassurer l’électorat modéré,
- maintenir en vie un espace politique qui se réduit chaque année.
Mais cette ligne n’engage à rien.
Car si l’argument principal est : “il n’est pas compétent”, alors rien n’empêche un accord ponctuel le soir du second tour, justifié par “l’intérêt supérieur de la ville”.
Le discours est déjà calibré pour cela.
4. Le vrai rapport de forces : un gagnant net, un RN solide, une droite en survie
Le sondage, correctement interprété, raconte en réalité ceci :
- Payan est le favori incontestable du premier tour, porté par son socle et le réflexe anti-RN.
- Le RN est ancré et stable, autour de 27 %, capable de se maintenir partout où il est fort depuis 10 ans.
- La droite joue sa survie, non seulement à Marseille, mais à la Métropole et dans tout son réseau d’influence local.
C’est cela, le cœur du sujet :
le maintien du pouvoir métropolitain vaut bien un reniement de plus.
Conclusion
À 100 jours, le sondage ne raconte pas une simple histoire de scores.
Il dévoile une mécanique politique : celle d’une droite qui se prépare méthodiquement à justifier un accord local avec le RN, malgré ses dénégations publiques.
Le RN n’est plus un repoussoir.
La droite n’est plus une digue.
Le second tour s’annonce comme le lieu de toutes les tractations.
Et derrière les contorsions, les ambiguïtés et les démentis, une évidence s’impose :
la recomposition est en marche — et tout le monde l’entend arriver.
Le sondage ne raconte pas une histoire électorale.
Il raconte une histoire politique : la recomposition silencieuse, mais méthodique, de la droite marseillaise autour de l’idée d’un rapprochement avec le RN.
Et derrière les dénégations de façade, tout se met en place pour un accord local, sans Attal, sans honte, sans surprise.
Le maintien de la Métropole vaut bien un reniement de plus.
Et tout le monde le sait désormais.
Jean-Philippe Vigneron
Fondateur du Club Marseille Vision, Responsable Délégué Renaissance du 6/8 suspendu depuis le 1er décembre 2025. En tant que fondateur du Club Marseille Vision, je m’engage à promouvoir la transparence, l’équité et le progrès dans notre ville. Je suis passionné par l’avenir de notre ville. Engagé dans la politique locale, notre Club Marseille Vision vise à stimuler des discussions constructives pour façonner un Marseille dynamique et inclusif. N’hésitez pas à partager et commenter, votre participation enrichit cette conversation vers un avenir politique positif que nous construisons ensemble.
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