Dans les Bouches-du-Rhône, le RN renforce ses positions en vue des législatives

Un bureau de vote lors du premier tour de la présidentielle 2022. (Photo : Emilio Guzman)

Quels rapports de force le premier tour de la présidentielle annonce-t-il pour les législatives ? La première position de Marine Le Pen dans le département se retrouve-t-elle dans le détail des circonscriptions ? Après les sept cas marseillais, place aux neuf autres du département ce mercredi.

Cet exercice de transposition, que pratique chaque état-major de parti, essaie de dresser quelques pistes en vue du scrutin des 12 et 19 juin. Nous l’avons dit hier, les projections restent périlleuses. Le casting des candidats est loin d’être fixé et d’autres critères entrent en ligne de compte : vague de soutien à celui ou celle qui sera élu à la présidence de la République, équation personnelle pour les plus implantés, alliances, (très) hypothétique triangulaire… En 2017, le RN n’a ainsi su transformer nulle part les bons résultats de Marine Le Pen. Cinq ans plus tard, plusieurs circonscriptions lui offrent à nouveau une chance d’envoyer un député à l’Assemblée, à l’image du département voisin du Vaucluse.

Sortant : Jean-Marc Zulesi (LREM)

Comme dans toutes les circonscriptions du département hors Marseille, le Rassemblement national réussit à faire un aussi bon score qu’en 2017 malgré la présence d’Eric Zemmour. Une réserve de voix suffisante pour installer un député d’extrême-droite dans cette circonscription qui inclut une partie de Salon-de-Provence, Berre-l’Étang ou encore Pélissanne ? Le sortant LREM, Jean-Marc Zulesi, semble avoir encore de bonnes chances de l’emporter : Emmanuel Macron y a progressé de quatre points par rapport à la dernière présidentielle.

Sortant : Bernard Deflesselles (LR)

Député depuis 23 ans dans cette circonscription qui inclut Aubagne et La Ciotat, Bernard Deflesselles ne se représente pas. La dernière fois, il ne l’avait emporté que de 500 voix contre la candidate macroniste Sylvie Brunet, devenue depuis députée européenne. Il a transmis le flambeau LR à Roland Giberti, le maire de Gémenos, mais ici comme ailleurs, la droite aura bien du mal à garder la circonscription. Si le RN paraît bien parti pour arriver au second tour de nouveau, c’est un challenger, LREM voire de gauche, qui serait le mieux placé pour rallier le Palais Bourbon.

Sortant : François-Michel Lambert (ex LREM)

L’écart entre le RN et ses poursuivants a augmenté dans cette circonscription de Gardanne-Allauch. Le député actuel François-Michel Lambert, élu avec l’étiquette LREM puis entré en opposition, a déménagé dans le Gers. Alors, la majorité sortante se cherche un candidat. Parmi ceux dont le nom circule se trouve celui de Christophe Madrolle, conseiller régional élu avec Renaud Muselier et soutien du président de la République dont le profil écolo peut ressembler au sortant. Si Mélenchon réalise ici un meilleur score qu’en 2017, la gauche qui n’a plus gagné dans la 10e depuis 1997 semble encore trop faible cette fois. Si elle n’était pas au second tour, elle y aurait un rôle d’arbitre.

Sortant : Mohamed Laqhila (Modem)

Contrairement à 2017, Emmanuel Macron arrive en tête du premier tour dans cette circonscription qui comprend une partie d’Aix. Une bonne nouvelle pour son représentant local, le Modem Mohammed Laqhila, qui, s’il se représente, peut espérer faire cinq ans de plus à l’Assemblée. La gauche comme l’extrême droite semblent partir de loin.

Sortant : Éric Diard (LR)

Éric Diard peut-il sauver son écharpe dans cette circonscription de la côte Bleue ? Toujours membre de LR, l’élu a déjà montré sa capacité à mordre sur l’extrême-droite avec son fidèle suppléant Éric Le Dissès, le maire très à droite de Marignane. Malgré le très faible score de Pécresse, il pourrait bénéficier de la bienveillance de certains soutiens d’Emmanuel Macron, dont le président de la région Provence-Alpes-Côte d’azur, Renaud Muselier. Face à lui, le RN, qui avait parachuté un de ses cadres en 2017, tentera d’arracher cette circonscription à forte teneur symbolique, puisque le parti a un temps géré les mairies de Vitrolles et Marignane.

Sortant : Pierre Dharréville (PCF)

En 2017, dans le cadre d’un pacte de non-agression minimal, le PCF de Pierre Dharréville n’avait pas eu de candidat insoumis face à lui au premier tour, ce qui lui avait permis de l’emporter au second. Alors que cette fois, les deux partis ne se sont pas entendus à la présidentielle, le sortant aura-t-il cette même opportunité ? De l’unité ou de la division de la gauche dépendra l’affiche du second tour auquel le RN d’Emmanuel Fouquart semble bien arrimé.

Sortante : Anne-Laurence Petel (LREM)

Comme dans l’autre circonscription aixoise, LREM et sa sortante Anne-Laurence Petel, y seront favorites Dans cette circonscription anciennement détenue par Maryse Joissains, sa fille et nouvelle maire Sophie ne se présente pas. Michel Boulan, le maire de Châteauneuf-le-Rouge, aura la lourde tâche de raviver les couleurs de la droite locale, sèchement battue au second tour en 2017. C’est l’une des rares circonscriptions hors Marseille où le RN devrait être exclu du second tour, laissant à la gauche une possibilité de s’y inviter.

Sortant : Bernard Reynès (LR)

Même dans le Nord très conservateur du département, la droite est dans les choux. Le sortant réinvesti, Bernard Reynès, aura bien du mal à récupérer son siège. Face à lui, le paysage politique est très peu clair, mais l’extrême-droite, malgré ses divisions, a cette fois de bonnes bases pour prendre le siège. En 2017, elle s’était cependant effondrée entre la présidentielle et les législatives, n’accédant même pas au second tour.

Sortante : Monica Michel (LREM)

Comment la Macronie va-t-elle gérer un premier conflit entre ralliés ? Le maire d’Arles Patrick de Carolis et le président de région Renaud Muselier ont beau avoir choisi de soutenir le président sortant, ils sont en guerre ouverte. Cette division pourrait peser, quel que soit le choix de la sortante Monica Michel. Si l’on ajoute qu’Emmanuel Macron est arrivé troisième le 10 avril, la gauche ragaillardie par le score de Jean-Luc Mélenchon peut nourrir des espoirs dans l’ancienne circonscription de Michel Vauzelle (PS). Tout comme le RN qui la lorgne de longue date et n’avait échoué que par moins de 1000 voix en 2017.