L’agression de l’hôtel de ville, révélateur du malaise de la police municipale
Après l'agression d'un des leurs samedi, des policiers municipaux marseillais ont refusé de reprendre le travail. Ils dénoncent un manque de considération, mais demandent surtout plus de moyens humains et matériels.
Des policiers municipaux en patrouille. (Photo d'illustration : Damien Roué / Flickr)
Le mécontentement ne date pas d’hier, mais les récents évènements l’ont ravivé. Ce samedi, quatre policiers municipaux ont dû faire face à un homme armé. L’un d’eux a été blessé avant que l’agresseur soit abattu. Lundi matin, les agents de la base de Vallier ont refusé de prendre leur service, rapidement rejoints par d’autres policiers municipaux de la ville. En tout, ce sont entre 40 et 50 fonctionnaires qui ont manifesté leur colère en restant dans leur local du 5e arrondissement.
Aux dires des syndicats, la base Vallier, dont l’équipage agressé est issu, attendait la présence d’un représentant de leur hiérarchie pour les rassurer. Seul un encadrant était présent ce lundi matin lors de la réunion de prise de postes. “Une absence vécue comme un abandon, ça a été le détonateur“, explique Christine Donadio, secrétaire générale adjointe de la FSU. La “goutte de trop” qui vient faire déborder un malaise ancien, poursuit la syndicaliste, l’ensemble des syndicats s’accordant sur le manque chronique de moyens de la police municipale.
Obsolète ou manquant, l’équipement en question
“C’est un mécontentement profond et latent, qui dure depuis des mois, voire des années, explique Philippe Angelelli, délégué syndical CFTC. Le manque de matériel a été remonté à plusieurs reprises : véhicules, équipements de protection, armes … tout manque“. Et nombre d’entre eux sont essentiels au travail de police selon les syndicats. “Parfois nous n’avons pas de pistolets à impulsion électrique pour équiper chaque patrouille. Or il est crucial d’avoir des armes intermédiaires avant de faire usage d’armes létales“, constate Cyril Bacoup, délégué USPPM. “Tout l’équipement est défectueux ou manquant, et tout le monde est au courant !“, s’agace-t-il encore.
Pour preuve, de nombreux témoignages concordants de la part des syndicats mettent en avant le dysfonctionnement d’une des armes des policiers durant l’agression devant l’hôtel de ville. L’arme en question, le lanceur de balle de défense, se serait selon eux bloqué pendant plusieurs secondes après le premier tir du policier, l’immobilisant plusieurs secondes. “Ce n’est pas un cas fréquent, car nous ne faisons pas usage du LBD bien souvent. Certains LBD ont été réparés et donc fragilisés“, explique la secrétaire générale adjointe de la FSU. De son côté, la municipalité dit ne pas être au courant d’un tel dysfonctionnement. Ces défaillances qui préoccupent les syndicats, inquiets que le manque de moyens puisse mettre en danger les agents. “C’est forcément compliqué d’assurer la sécurité d’autrui lorsqu’on n’arrive pas à assurer la sienne en premier lieu“, s’alarme Cyril Bacoup, délégué de l’Union syndicale des professionnels de la police municipale. Surtout lorsque les équipes sont en sous-nombre.
Sous-effectif chronique
“La norme pour un travail en sécurité est d’un policier pour 1000 : on en est à 432 à Marseille, pour plus de 800 000 habitants” explique Michel Choukri, délégué syndical FO. De fait, si les forces de police prises pour cible devant l’hôtel de ville étaient au nombre de quatre, la composition d’une patrouille dite “normale” est effectivement de deux agents par patrouille selon les syndicats. Un sous-effectif dénoncé de longue date qui inquiète les fonctionnaires en ne permettant pas d’appliquer le principe de triangulation : un agent protecteur, un agent de liaison et un agent de contrôle. “samedi heureusement qu’ils étaient quatre, on aurait fonctionné à deux, on aurait pu facilement avoir un mort”, explique Philippe Angelelli.
D’autant que si les effectifs n’augmentent que faiblement, les besoins, eux, sont jugés de plus en plus importants par ces professionnels. “On n’en sort jamais de la problématique des recrutements parce que le nombre de missions que l’on fait est exponentiel : c’est un cycle sans fin“, analyse Christine Donadio. “On fait des missions qui ne relèvent pas de notre rôle : quand on est au stade Vélodrome, à Gèze ou à Noailles, bien souvent ce serait la police nationale qui aurait dû être envoyée”, prolonge Philippe Angelelli.
Des tensions et des revendications que la Ville a voulu apaiser. Benoît Payan s’est rendu lundi matin à la rencontre des agents à la base de Plombières, promettant des avancées. Suite à la visite où il a échangé avec leurs représentants syndicaux, les policiers mobilisés à Vallier ont repris leurs services. “Les agents de la police municipale sont toujours demandeurs d’être dans de meilleures conditions et ils ont raison. Nous travaillons pour et nous sommes à leur écoute”, veut rassurer Yannick Ohanessian, adjoint délégué à la sécurité. Pour l’adjoint, la faute est avant tout législative : “Nous sommes bloqués par les textes législatifs, nous n’avons aucune marge de manœuvre pour augmenter les équipements et les recrutements rapidement”.
Sur le plan des recrutements, effectivement, une Ville peut organiser un concours pour augmenter ses effectifs, former les lauréats, mais sans garantie que ceux-ci ne préfèrent pas en fin de formation une autre ville, plus offrante. Et dans ce cas, le matériel fait partie des éléments d’attractivité.
Commentaires
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Je ne comprend pas.
Habitant à Noailles, je vois très souvent la Police Nationale qui fouille les forains et qui tentent d’attraper les trafiquants de cigarettes.
Pourquoi, la Police Nationale ”seconde” la Police Municipale?
Comme, pourquoi une ville serait plus ”offrante”?
Y a des choses incompréhensibles pour mon petit intellect !
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La police nationale traquerait donc les vendeurs de cigarettes de contrebande à Noailles… c’est en effet un grave problème qui gangrène des quartiers entiers et corrompt la jeunesse qui y réside!
Du coup, je comprends mieux pourquoi on ne voit guère ces policiers sur les points de “deal”, ils ne peuvent en effet être partout…
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Ah tout s explique…c’est pour ça que la police municipale ne vient jamais pour tapage nocturne ou troubles sur la voie publique…
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Le rôle de la police municipale était à l’origine de veiller exclusivement au respect des arrêtés municipaux, principalement de voirie, de stationnement, des dépôts anarchique des poubelles, etc…. mais aucunement du maintien de l’ordre. A cause de la carence de la police nationale, la mairie de Marseille (comme d’autres mairies) a étendu les prérogatives de la police municipale. Depuis l’autorisation donnée par l’état (que ça arrangeait bien) d’armer ces fonctionnaires municipaux, il n’y a maintenant que peu de différences entre ces deux corps. Par contre, un fonctionnaire de l’état va où l’état l’envoie, un fonctionnaire municipal peut changer d’employeur, donc de municipalité.
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Monsieur Mouren, vous avez tout compris. La sécurité publique est un devoir de la responsabilité du gouvernement, et non du maire. Certaines villes n’ont pas de police municipale, ou bien pour traiter les affaires qui concerne les devoirs du maire. Pas pour se substituer a la police nationale.
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À quoi sert la police municipale, dès lors qu’une de ses missions prioritaires, à savoir la répression des stationnements anarchiques, lui a été retiré au profit d’une entreprise privée,. Celle-ci « flash, », l’automobiliste mal garé, avec ses véhi-cules Zoe . Opération rentable ? Pour la mairie ou l’entreprise ? Voilà un beau sujet d’investigation ! Plutôt que de multiplier les effectifs des polices municipales, plus (Nice) ou moins bien équipé (Marseille) ne serait-il pas préférable de renforcer les effectifs de la Police nationale, en déficit de façon récurrente.
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