Semaine décisive pour l’avenir du journal La Provence
Les repreneurs potentiels, la CMA-CGM et la holding médias de Xavier Niel, doivent déposer leur offre de reprise du groupe La Provence ce lundi midi. Suite du bras de fer mardi avec la révélation des offres devant le tribunal de Bobigny.
Le siège du journal, rue Salengro. (Photo : LC)
C’est dans un tribunal de commerce de banlieue parisienne que va se jouer cette semaine une bonne part de l’avenir du journal La Provence. Ce lundi 14 février à midi sera connue la liste des repreneurs potentiels des parts du groupe Bernard-Tapie principal quotidien marseillais et de ses filiales qui emploient 850 salariés. Sauf surprise de dernière minute, les candidats seront la CMA-CGM et NJJ Press, la holding de médias de Xavier Niel, le fondateur de Free.
Ils se retrouveront dès mardi après-midi devant le juge-commissaire de Bobigny pour la révélation de leurs offres. S’ensuivra une possibilité immédiate de surenchère sur un seul tour qui entraînera la décision. La règle du jeu est claire : c’est le prix et lui seul qui déterminera le vainqueur. Le premier appel d’offres lancé à l’automne 2021 prévoyait un projet d’entreprise, mais le second, qui échoit ce lundi, l’a rendu optionnel. Au grand dam des salariés qui se sentent méprisés par cette procédure. Ils ont, à ce stade en vain, tenté de forcer les juges à une prise en compte de leurs intérêts et revendications, rédigeant eux-mêmes un cahier des charges à destination de ceux qui veulent devenir leur patron.
Saadé joue le projet
Cet accent mis sur l’argent est un désavantage pour la CMA-CGM, au point que ces derniers jours, la firme, et Rodolphe Saadé, en tête se sont posés la question de lâcher l’affaire. Depuis le début, le fils du fondateur a peaufiné un projet à même de répondre aux attentes des salariés. Leurs représentants ont ainsi été destinataires d’un document écrit qui détaille, mais ne chiffre pas, les intentions du troisième armateur mondial pour sa première aventure médiatique. Conseillé entre autres par Denis Olivennes, le directeur général de Libération, Rodolphe Saadé a souhaité apporter des garanties d’indépendance (salariés associés à la gouvernance, vote sur le directeur de la rédaction par exemple), d’investissement (sur le numérique et l’imprimerie à Marseille notamment) mais aussi d’emploi (remplacement des départs de journalistes, pas de plan social).
De son côté, Xavier Niel n’a pas voulu remettre de projet écrit, jugeant que seuls les critères énoncés par le tribunal de commerce étaient nécessaires à ce stade du processus. À ses yeux, toute promesse faite n’engage pas ses auteurs. Cela n’a pas empêché ses émissaires de multiplier les rencontres avec les représentants de la rédaction. Ils en ont profité pour vanter les réussites économiques du groupe Le Monde et les garanties d’indépendance qui y sont progressivement apportées.
Niel mise sur ses avantages statutaires
La différence de stratégie s’explique par des positions différentes. Xavier Niel entend profiter de son statut d’actionnaire minoritaire et utiliser les droits afférents. Il mise toujours sur son droit d’agrément, un droit de veto sur l’entrée d’un nouvel actionnaire. Suspendu par le tribunal de commerce de Marseille au nom du conflit d’intérêts entre Niel l’actionnaire et Niel le repreneur potentiel, il sera examiné en appel le 2 mars à Aix.
Si cette première lame devait être balayée au gré des décisions de justice, resterait la possibilité pour Xavier Niel d’user de son droit de préemption. En clair, il lui permet s’aligner sur l’offre de son concurrent pour empocher la mise. Il aurait alors à présenter un projet aux salariés. Celui-ci, qui inclut par exemple la fin des imprimeries marseillaises, sera comparé à celui d’un concurrent qui n’a pas lésiné sur les promesses. Et le risque d’une défiance immédiate guetterait au moment même où il s’agirait de relancer un journal en grande difficulté.
Commentaires
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Merci pour cet exposé clair de la situation et des procédures.
J’ai l’impression dans ce dossier que les promesses et la proximité géographique (toute relative) de l’un lui conferent un a priori positif face à l’autre, mais la cma-cgm est une compagnie mondiale dont l’essentiel de l’activité, des salariés (et des navires) sont très loin de Marseille.
Et puis je m’interroge sur les liens d’intérêt avec les politiques locaux.
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Aussi bien, à la fin, les deux vont se désister. Et créer un nouveau quotidien mi-gratuit, mi-numérique employant trois CDD et dont le titre pourrait être le « Provençal « ou le « Méridional « .
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Dans le monde d’aujourdhui, pour un groupe de presse en difficulté, avoir non pas 1, mais 2 repreneurs potentiels, c’est déjà presque un “problème de riches” !
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