Le sacrifié des élections régionales Jean-Laurent Félizia se rêve député écolo de Marseille

Jean-Laurent Félizia pendant la campagne des régionales 2021. (Photo Emilio Guzman)

On l’avait quitté, un peu piteux, au lendemain du premier tour des régionales. Malgré sa qualification au second tour, en dépit de son envie initiale d’aller au bout quoiqu’il arrive, Jean-Laurent Félizia avait dû annoncer qu’il renonçait. Le conseiller municipal EELV du Lavandou, dans le Var, propulsé à la surprise générale à la tête d’une liste d’union de la gauche, l’expliquait en direct sur toutes les chaînes d’info : “Il n’y avait en vérité pas de bon choix, mais c’était ma responsabilité d’en prendre un”. Il vivait là le paradoxe d’une campagne menée dans l’ombre de Thierry Mariani (RN) et Renaud Muselier (alors LR) qui trouvait la lumière au moment où elle s’éteignait.

Mais celui qui est aussi co-secrétaire régional d’Europe écologie-les Verts n’en avait pas fini avec la politique. C’est désormais à Marseille qu’il voit son avenir. Selon nos informations, il entend être le candidat à la députation dans la 5e circonscription de Marseille. Il doit dans les jours qui viennent officialiser son intention auprès de son parti en demandant l’investiture.

“Un peu plus de chances d’être élu qu’au Lavandou”

La circonscription couvre le 4e arrondissement une grosse partie du 5e et une petite du 6e. Aujourd’hui détenue par la parlementaire de La République en marche Cathy Racon-Bouzon, elle offre pourtant aux écologistes de bons scores. “Au Lavandou, à 90 ans, il continuera à candidater, il ne sera jamais élu. À Marseille, il a un peu plus de chances de l’être”, résume l’adjointe au maire de Marseille Christine Juste.

Au niveau national, la 5e circonscription a été classée B, soit abordable, dans “les cercles de gagnabilité”, établis sur les 577 circonscriptions françaises. Après la 4e, celle de Jean-Luc Mélenchon qu’EELV réserve à ses partenaires du pôle écolo et plutôt à Génération.s, c’est la plus intéressante de Marseille et une des plus favorables de la région. “Il y a à faire dans cette circonscription pour apporter l’écologie auprès des classes populaires et auprès des classes moyennes qui ont déjà fait leur transition”, justifie Jean-Laurent Félizia à Marsactu.

Rubirola dénonce “un parachutage”

Son arrivée à Marseille suscite pourtant des réticences. “Les petits arrangements, je n’y ai jamais été favorable. Je suis contre les parachutages, s’agace la première adjointe Michèle Rubirola. Jean-Laurent Félizia est un très bon militant écolo, mais il habite le Var. La 5e circonscription de Marseille, il faut la connaître et il faut connaître Marseille pour la défendre à Paris !” “C’est le syndrome Mélenchon”, sourit pour sa part le président du groupe écologiste au conseil municipal Fabien Perez en référence à l’arrivée soudaine du leader insoumis pour les législatives 2017.

D’autres militants ont aussi fait savoir qu’ils trouvaient la méthode un peu cavalière. “C’est la politique et aussi un peu EELV. Dès que vous avez un potentiel à faire gagner, une minorité vous soutient et une majorité veut vous couper la tête, relativise Jean-Laurent Félizia. Mon action politique dépasse les frontières de ma commune du littoral varois et on n’est pas député de son village, mais de la nation.”

L’argument habituel est accepté par Nathalie Morand, porte-parole régionale qui a elle aussi fait acte de candidature. “Il a mené la liste et il a une certaine notoriété. Tous ceux qui veulent porter l’écologie sont les bienvenus”, assure-t-elle. “In fine, c’est le vote des adhérents qui sera déterminant”, relativise Sébastien Barles, adjoint au maire et ancienne tête de liste EELV aux municipales. Ce vote consultatif des adhérents de la circonscription aura lieu avant début mars, professions de foi à l’appui. Il débouchera sur la désignation d’un candidat et d’une candidate potentielle et sera suivi d’une décision à l’échelon national. Vu de Paris, Le Lavandou n’est jamais qu’à deux pas de Marseille.