Le Pen ou Zemmour, l’ambiguïté entretenue de Stéphane Ravier
Le sénateur Rassemblement national multiplie les clins d'œil et les liens avec Éric Zemmour. Au risque de déstabiliser son propre parti ?
Stéphane Ravier lors du débat avec Éric Zemmour en avril 2019 (Image LC)
Il est l’unique sénateur Rassemblement national et il semble de plus en plus prendre goût à faire cavalier seul. Stéphane Ravier, principal élu RN des Bouches-du-Rhône, est en pleine ascension médiatique : sa position contre le pass vaccinal et sa non-vaccination revendiquée contre le Covid-19 en font un invité recherché. Mais au sein de son parti, les dents grincent. L’élu a tendance à oublier de citer la candidate à la présidentielle qu’il est censé soutenir.
“On commence à avoir l’habitude, on ne fait plus vraiment attention”, commente un cadre du RN. Celui-ci poursuit : “Nous, on a l’habitude d’avoir une rigueur un peu militaire, on suit la cheffe. Là, il fait tout l’inverse. C’est sûr que ça peut nuire.” Fin novembre, il y avait eu l’accueil chaleureux fait à Éric Zemmour alors en pré-campagne. Son duo avec l’alors presque candidat avait entraîné les premières questions sur son ralliement. Stéphane Ravier avait répondu qu’il avait une candidate et qu’elle s’appelait Marine Le Pen.
Malaise dans les rangs du FN local
Le contraste entre les images et les mots est pourtant saisissant et le sénateur a créé un malaise dans son camp. Au Ravi qui l’interrogeait à ce propos, le secrétaire départemental et conseiller de Marine Le Pen a répondu que ce n’était pas son “sujet préféré”. Questionné après la saynète par Marsactu, Franck Allisio, vice-président du groupe Rassemblement national à la région, avait fini par admettre qu’il n’aurait “pas fait la même chose” que le parlementaire. Stéphane Ravier avait alors en bureau départemental tenu à ménager les siens et à leur expliquer qu’il restait dans leur camp.
Depuis, Stéphane Ravier a donné d’autres signes dans le même sens. En dix minutes de vœux de début d’année, il n’a jamais prononcé le nom de Marine Le Pen, préférant citer Jean-Marie Le Pen, son mentor et appeler à soutenir le “camp national”. Autre signe d’une proximité maintenue, Pascal Mugnier, le responsable de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour, cumule toujours cette fonction avec la casquette de président de l’association des amis de Stéphane Ravier, créée dans l’optique de sa candidature aux dernières municipales. “Je lui ai parlé avant de rejoindre Reconquête, il ne m’a pas demandé de démissionner”, assure Pascal Mugnier.
Ma démarche consiste à essayer de ne brouiller personne, je fais de mon mieux pour que l’on se fâche le moins possible.
Stéphane Ravier
Stéphane Ravier tempère :“Marine Le Pen reste celle qui incarne le mieux non seulement les idées, mais le courage d’aller combattre. Ma démarche consiste à essayer de ne brouiller personne, je fais de mon mieux pour que l’on se fâche le moins possible. Vous savez, j’ai connu la guerre Mégret-Le Pen, on n’est pas obligés de reproduire cela”. C’est à cette époque que l’élu avait fait ses premières armes militantes quand une partie des cadres rejoignaient le mari de la maire de Vitrolles d’alors, Catherine Mégret, dans son aventure autonome en créant le MNR.
“Les deux pieds dans le camp national”
Cherche-t-il alors à construire un pont entre les deux candidats ? Le sénateur se montre plus ambigu. Quand on lui demande s’il a les deux pieds dans la candidature Le Pen, il répond en souriant qu’il a “les deux pieds dans le camp national”. Une pirouette qui souligne la volonté d’autonomie d’un Stéphane Ravier qui n’a jamais été hissé par Marine Le Pen comme un cadre de haut rang de son parti. “Je n’ai pas eu accès au bureau exécutif parce qu’un peu trop libre dans les propos, comme sur le “grand remplacement”. Je n’étais pas trop sur la ligne. Il aurait fallu mettre de l’eau dans mon vin, je ne veux pas le faire. Depuis que je suis sénateur réélu, je me sens plus libre encore”, assure-t-il bravache.
La position d’entre-deux de Stéphane Ravier peut être le déclic pour certains qui hésitent.
Un cadre du RN
“Il est tiraillé entre son parti et la sympathie qu’il peut avoir pour Eric Zemmour, il a un certain nombre d’amis à Reconquête, mais il a encore ce côté loyaliste”, analyse Pascal Mugnier. Reste que la position du sénateur n’est pas sans conséquences politiques. Plusieurs personnes interrogées assurent qu’il y a des départs du RN. “La position d’entre-deux de Stéphane Ravier peut être le déclic pour certains qui hésitent, ils se sentent autorisés à soutenir Zemmour”, jure un cadre du parti. “Bien sûr que sur Marseille, cela peut créer un trouble”, estime un élu. “30 à 35 % des adhérents de Reconquête dans le département sont passés par le Rassemblement national”, indique de son côté Pascal Mugnier. Et si Stéphane Ravier, à vouloir ménager un concurrent, sciait la branche sur laquelle il est assis ?
Commentaires
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En fin limier, il se place. C’est risqué peut-être, mais son seul but c’est de rester dans la lumière de la vie politique, qui le nourrit bien.
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Résumons : Ravier est ravieriste, quand on mélange les syllabes on a “arrivé”, dont le partisan est “arriviste”.
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je l’encourage à scier la branche sur laquelle il est assis, surtout si c’est la plus haute….
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Si Zemmour accepte cet individu dans ses rangs, je pense que cela aura un effet répulsif pour ceux qui croyaient en sa sincérité politique et dévoilera le vrai visage du polémiste.
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