Martine Vassal fait passer son budget métropolitain après quatre mois sous pression
Objet de débats houleux depuis septembre, la réforme de l'institution portée par le Gouvernement n'a pas fait chavirer la majorité de la présidente LR. Seuls les élus aixois ont pris leurs distances, lui permettant par ailleurs de dérouler un plan mobilité amendé.
Capture d'écran de Martine Vassal, lors de la séance organisée en visioconférence.
Ça tangue, mais ça passe. Ce jeudi, Martine Vassal fait adopter le budget 2022 de la métropole Aix-Marseille-Provence, dans un contexte de tensions liées à la réforme institutionnelle en cours. Au nom des treize élus aixois issus de la majorité de la maire Sophie Joissains, démissionnaire de sa vice-présidence le mois dernier, Gérard Bramoullé marque une nouvelle étape de la prise de distance avec la gestion métropolitaine. Sur le vote symbolique du budget, il s’abstiendra, même si ce fervent défenseur de l’austérité “ne peut pas voter contre” au vu des “progrès assez significatifs” sur la limitation de la masse salariale.
La position est d’autant plus notable qu’elle vient de celui qui était il y a un mois encore premier vice-président délégué à la… stratégie financière. “Comment celui qui a construit le budget peut aujourd’hui s’abstenir ?”, s’interroge Yves Vidal (DVG, allié à Martine Vassal). En tant que membre du groupe d’intérêt communal, le maire de Grans dit cependant “merci Gérard d’avoir quitté le groupe ! C’était plus possible, quand on voit les lettres d’insultes [de Maryse Joissains, l’ex-maire d’Aix, ndlr] et les prises de parole dans lesquelles nous ne nous reconnaissions pas.” Un avis semble-t-il partagé. De ce groupe renommé “maires de Provence”, seul celui de Pertuis Roger Pellenc rejoint la fronde en s’abstenant également. Dans un vote rendu obligatoirement public par la visioconférence, ne restent que la gauche (les groupes présidés respectivement par Sophie Camard et Yves Mesnard) et le RN pour s’opposer au budget, soit un total de 67 voix sur 232 exprimés.
Ce faisant, Martine Vassal met derrière elle un premier orage né des propos d’Emmanuel Macron, lors de son discours Marseille en grand, en septembre. “Nous devons financer pour débloquer la situation, mais nous devons financer à la condition qu’on règle les problèmes d’organisation et de gouvernance. Sinon, je mets plus d’essence dans un système qui continue à garder les mêmes freins. C’est non”, avait-il tancé, devant un parterre d’élus de tous bords.
Martine Vassal finalement “pas pour” la suppression des territoires
À l’origine de la scission des Aixois se trouvent les négociations qui ont suivi avec le gouvernement, scellées le 8 décembre par l’Assemblée nationale. À peine le vote du budget passé, le Rassemblement national remue le couteau dans la plaie avec un amendement sur la suppression de l’échelon intermédiaire des conseils de territoire, l’un des casus belli. “Je n’ai pas besoin du Front national pour dire ce que je pense des territoires, répond Martine Vassal. Je me suis largement exprimée sur cela depuis de longs mois, encore cette semaine auprès du Premier ministre, en lui disant qu’il fallait revoir le rôle des bassins de vie, mais que je n’étais pas pour la suppression.”
Quoi qu’elle en dise, la présidente de la métropole se trouve forcée d’expliciter une position sur laquelle elle était restée discrète, suscitant l’amertume de nombreux élus. Le 26 octobre, alors que la ministre Jacqueline Gourault annonce qu’elle s’apprête à porter le coup de grâce par voie d’amendement gouvernemental, elle est à côté et n’exprime aucun désaccord. Pire, lors du passage à l’Assemblée nationale, les deux députés LR de Marseille Julien Ravier et Guy Teissier, tous deux membres de sa majorité métropolitaine, estiment que la réforme ne va pas assez loin.
Mais qu’importe, le sort en est jeté. À moins qu’une commission mixte paritaire de députés et sénateurs créée la surprise courant janvier, les conseils de territoire seront supprimés à compter du 1er juillet 2022.
Un boulevard pour les transports ?
Nous avons lâché, le boulevard urbain sud s’arrêtera au Roy d’Espagne.
Catherine Pila (LR)
Cela roule aussi pour le plan mobilité, l’autre grand dossier de la séance. Là, c’est la majorité municipale de Marseille qui mettait la pression depuis des mois. Par la voix de plusieurs orateurs, celle-ci ne range pas l’ensemble de ses critiques sur les choix et priorités, notamment le tramway vers la place du Quatre-septembre et le boulevard urbain Sud. Mais, avec l’adoption du plan et la mise en place d’un groupement d’intérêt public pour concrétiser l’aide d’un milliard d’euros de l’État, l’exécutif va pouvoir dérouler.
“La question des transports a été tranchée par les Marseillais en juin 2020”, assène pourtant l’adjoint au maire Hervé Menchon (EELV), porteur d’un amendement sur ce dernier sujet routier. Le vice-président délégué aux transports Henri Pons le corrige : les électeurs des 6e et 8e arrondissements ont effectivement porté une liste qui s’y opposait, mais ce n’est pas le cas de ceux des 9e et 10e, qui ont reconduit la droite. “Nous avons lâché, ça s’arrêtera au Roy d’Espagne”, à la frontière des deux secteurs, complète Catherine Pila (LR). La présidente de la RTM liste deux autres concessions, sur le tracé du tramway vers la Castellane et sur l’engagement de réalisation de celui vers la Belle-de-Mai, avec une option pour aller plus loin vers le Merlan. Voilà pour les critiques municipales, relayées par la commission d’enquête publique dans un avis très réservé publié en juillet. “Tout se fera, seulement le calendrier dépendra de l’avancement actuel des projets et ce n’est pas parce qu’on en ralentira un que cela accélérera un autre”, insiste-t-elle.
Le nouvel “orage” des négociations financières l’an prochain
Fort de cette aide nationale, le budget voté lors de la séance pour les transports entame son accélération. Il était temps : en deux ans de bridage serré, la métropole a accumulé près de 400 millions d’euros de déficit d’investissement par rapport au démarrage de son plan. La prochaine marche sera haute et pourrait à nouveau mettre Martine Vassal en difficulté. La “note financière” qui accompagne le plan de mobilité est sans fard là-dessus. À partir de 2022, le besoin d’investissement est évalué à 400 millions d’euros par an pour tenir le cap. Alors qu’une première perfusion de l’État arrivera, le budget réel ne sera encore qu’à 215 millions. Pour arriver au double, la métropole devra notamment les trouver dans des “marges de manœuvre” en interne.
À peine réalisée la suppression des conseils de territoire en juillet 2022, il faudra donc ouvrir un autre sujet sensible à la rentrée avec une conférence financière et fiscale. Le maire PCF de Martigues Gaby Charroux y voit “un gros orage qui s’annonce à l’horizon”. Encore un. Et là, faute de consensus fort, “tout” ne se fera peut-être pas.
Actualisation à 18h36 avec la position des groupes de gauche et du RN ainsi que le total des votes
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