Places en crèches, monnaie locale : les dossiers chauds du conseil municipal de Marseille
Le rythme mensuel est désormais calé pour les réunions des 101 élus marseillais. Au menu de cette séance de novembre, quelques marqueurs politiques et peu de dossiers structurants. Marsactu vous tient à jour sur leur avancée.
(Photo : Emilio Guzman)
Petite curiosité. En raison du pont du 11-Novembre, l’avant-dernier conseil municipal de l’année ne se tiendra pas un vendredi, mais un mercredi. Passée cette singularité calendaire, l’assemblée municipale de ce 10 novembre se distingue par le fait que son ordre du jour ne comporte “que” 111 délibérations. Un probable effet de l’adoption progressive d’un rythme mensuel, quand les séances de l’ère Gaudin regroupaient autour de 300 décisions. Mais en épluchant l’épais document remis aux élus, on note qu’il ne contient pas non plus de grands dossiers structurants. “C’est assez vide, en nombre comme en qualité. On a l’impression d’un tâtonnement, que l’on fait ce conseil parce qu’il faut le faire”, cingle Catherine Pila, présidente du groupe qui réunit la liste de Martine Vassal. “C’est le conseil municipal d’une mairie qui travaille”, y voit de son côté Joël Canicave, président du groupe Printemps marseillais et adjoint au maire en charge des finances à qui il revient, rituellement, de présenter le contenu des séances à la presse.
Au menu, pêle-mêle, des délibérations sur l’ouverture d’un bureau municipal de proximité à la Belle-de-Mai, la création d’un marché alimentaire à la halle Puget, une expérimentation pour permettre à 100 jeunes de passer leur code de la route gratuitement… Parmi les dossiers, Marsactu en a relevé six qui méritent une attention particulière.
Des critères sociaux pour les places en crèche
En octobre 2020, une délibération des élus municipaux décidait de la création d’une commission de travail sur l’attribution des places en crèches. Un an plus tard ledit groupe délivre ses propositions. “L’objectif était de réviser le processus (…) pour le rendre plus équitable et plus transparent pour les familles marseillaises, notamment en introduisant des critères sociaux, pour aider les familles les plus en difficultés et qui n’ont pas les moyens de financer d’autres modes de garde plus coûteux”, explique le texte. La nomenclature détaille les “cotations” correspondant aux situations des parents.
En pratique, trois paliers de revenus, basés sur le quotient familial de la caisse d’allocations familiales, sont introduits. L’impact du critère social reste toutefois moindre que celui des situations de handicap. Et il est équivalent à celui des problématiques de fratrie. Quant à la “transparence”, cela se concrétisera par le passage en commission des demandes de places pour deux ou trois jours par semaine, qui étaient auparavant directement attribuées par les responsables des crèches, contrairement aux prises en charge plus régulières. L’adjointe de Jean-Claude Gaudin qui suivait ce sujet, Catherine Chantelot, qui siège désormais dans l’opposition, prévoit de pointer des “irrégularités” dans les critères.
Une salve de chantiers dans les écoles
L’ordre du jour aligne une nouvelle série d’opérations dans les établissements municipaux. Une douzaine de délibérations vont se pencher sur des travaux programmés dans des centres sociaux, d’animation ou écoles de la ville. Pour les établissements scolaires, “les travaux ne s’inscrivent pas dans le plan écoles, il s’agit de travaux précédemment programmés. Ce sont pour certains des travaux urgents, mais qui relèvent de l’entretien classique”, pose Joël Canicave qui précise donc que les sommes engagées ne viendront pas de la même enveloppe.
Du côté du RN, on s’étonne de la concentration des opérations dans les 15/16, y voyant une manière de satisfaire l’équipe de Samia Ghali, alliée du Printemps marseillais. Figurent ainsi la modernisation de 51 salles de classes dans six écoles du 16e pour 630 000 euros, la réfection des façades de huit écoles du 15e pour 900 000 euros, et deux opérations ciblées sur Saint-Louis-Consolat (900 000 euros pour un chantier d’ampleur) et la Calade (400 000 euros pour la toiture). Dans le cas des classes du 16e, il existe une explication à ce focus : il s’agit d’un projet de salle “modèle” mené par le responsable technique de l’arrondissement, présenté en décembre 2020, et qui pourrait essaimer à l’avenir dans d’autres territoires.
La droite n’adhère pas à la monnaie locale dans ses secteurs
C’est une des rares fois où les conseils d’arrondissements décident directement de la politique menée dans leur secteur, la droite ne s’en est pas privée. Dans les trois secteurs qu’elle dirige (9/10, 11/12 et 13/14), les mairies n’ont pas souhaité rejoindre l’association La Roue, une monnaie locale complémentaire. La proposition faite à toutes les mairies de secteur visait avant tout à permettre l’adhésion de celle des 4/5, candidate pour promouvoir ce système. Dans cet ordre du jour peu fourni, on reparlera ce mercredi des mérites et des limites de ces billets utilisables seulement dans les commerces locaux. “Il me semble qu’il y a d’autres manières d’aider les commerçants”, résume Catherine Pila, avant l’intervention annoncée de Sylvain Souvestre, maire des 11/12.
Une “pénibilité accrue” reconnue pour la brigade de nuit de la police municipale
Depuis avril 2018, et sous la pression de la chambre régionale des comptes et de la justice, l’intégralité des agents de la Ville de Marseille sont passés aux 35 heures. Ou plutôt aux 1607 heures, pour reprendre le comptage annuel qui sert réellement de base à la définition du temps de travail. Tous, sauf les policiers municipaux, gratifié d’une décote de 40 heures. Ils “exercent des fonctions qui sont par nature dangereuses et qui exigent une grande disponibilité pour assurer la protection des biens et des personnes”, avait alors considéré la municipalité, après négociation avec les syndicats.
En parallèle d’une prime pour les agents du Samu social, eux aussi soumis à des cycles de travail particuliers, c’est encore du côté de la police municipale qu’un ajustement est proposé. Les agents de la police municipale rattachés à la brigade de nuit passeront aux 1487 heures annuelles, soit 120 heures de décote en tout. Il s’agit de “reconnaître une pénibilité accrue. (…) En raison de la tension mentale et physique propre à l’exercice de ce métier sur la voie publique de nuit, de la nature et de la dangerosité des missions”, précise le rapport.
On voit mal le débat éclore sur les bancs de l’opposition. La droite soulignera d’ailleurs que ce rapport constituera l’unique décision en matière de sécurité. En revanche le statut des agents des écoles maternelles, qui ont obtenu une dérogation temporaire, finira bien par revenir sur le tapis.
Le “oui mais” à la ligne nouvelle PACA
Le grand chantier ferroviaire dit de la “ligne nouvelle Provence-Alpes-Côte d’Azur” s’invite au conseil municipal, amené à donner son avis en amont d’une nouvelle enquête publique. Si les élus de la majorité municipale voient là un projet “de transition écologique” et “de désaturation des nœuds ferroviaires”, ils choisissent aussi de manifester leur vigilance. “La Ville se doit d’être très vigilante quant aux modalités de réalisation de cette opération majeure aux impacts particulièrement notables sur son territoire, en particulier pendant les 12 ans que doit durer le chantier, dont sept ans pour la gare Saint-Charles. Cette grande infrastructure, qui doit servir Marseille et son territoire, ne doit pas se construire au détriment des quartiers qu’elle traverse”, pointe la délibération.
Expo gratuite et très chères études
Un gros pan de ce conseil promet d’être dévolu à la politique culturelle. Les temps sont durs pour les structures culturelles qui peinent à se relever des effets de la pandémie et des confinements successifs. Après avoir adopté la gratuité pour les expositions permanentes dans ses musées, la municipalité élargit cette disposition, avec un accès gratuit pour tous lors du premier jour d’exploitation des expositions temporaires des musées de Marseille et du muséum d’histoire naturelle. Le manque à gagner est modeste : 6000 euros.
À l’inverse, la note est plus salée du côté de la réhabilitation du théâtre du Gymnase : l’autorisation de programme, dont 80 % seront pris en charge par le département et la région, passe de 990 000 euros à 1,66 million d’euros. Seulement pour les études préalables. Les travaux de sécurisation des balcons, qui menacent de s’écrouler, sont estimés à près de 14 millions d’euros.
Les affaires courantes sont de l’ordre de la Commune.
Quant au reste n’est ce pas la Métropole qui s’y colle??
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Ma mémoire me fait peut être défaut , mais le théâtre du Gymnase n’a t’il pas subit déjà et il n’y a pas si longtemps une réhabiloitation d’envergure ?
Merci de me confirmer cela?
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Ça me parle. Mais sans doute n’avait il bénéficié que d’un « projet d’études ». Et puis le temps a passé…
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