Toujours moins de piscines ouvertes à Marseille l’été

La piscine Vallier fermée au public en août 2021. Photo : MDO

Devant la piscine Vallier, rien n’indique aux visiteurs la fermeture de l’équipement pour tout le mois d’août. Seule une affichette renvoie vers les autres bassins ouverts. Et ceux-ci sont particulièrement peu nombreux cet été. À l’heure actuelle, le grand public trouve porte close dans 11 piscines marseillaises sur 14 pour le mois d’août. Résultat : il ne reste plus qu’1,03 mètre carré de piscine pour 1000 habitants quand la moyenne nationale est sur l’année de 13, comme le notait la chambre régionale des comptes en 2018.

Habituelle, la pénurie de piscines est encore plus forte que l’an dernier. En 2020, quatre bassins avaient ouvert avec une amplitude horaire plus importante. Malgré plusieurs coupures dans la journée, elles affichaient une ouverture de 10 heures à 20 h 30. Cette année, il faut attendre midi pour coiffer son bonnet et enfiler son maillot. Bilan : quand les Marseillais disposaient en août 2020 de 252 heures hebdomadaires d’ouverture afin de se rendre dans les piscines municipales, ils ne disposent plus que de 164 heures et 15 minutes pour enchaîner les longueurs cette année.

Dans ce contexte, nombre d’usagers se cassent les dents devant les piscines closes. “Chercher une piscine ouverte sur Marseille, c’est comme faire un escape game sans issue”, témoigne une mère de de famille sur Facebook. Son message s’accompagne de  plusieurs commentaires du même acabit. Samira Meftahi, habitante du 3e arrondissement témoigne auprès de Marsactu : “Moi, je suis véhiculée et je travaille donc je suis assez autonome mais des amies à moi sont obligées d’aller à Saint-Joseph où à la Pointe-Rouge à la place de la piscine plus proche, à Saint-Charles. Une fois je suis allée à Vitrolles car il y a trop peu d’équipements aquatiques ici.”

“Certaines piscines avaient des fréquentations très basses”

Le constat d’une ouverture minimale des bassins n’effraie pas l’adjoint aux sports : “L’équité des territoires est respectée : que l’on soit dans le Nord, dans le Sud ou dans le centre, un Marseillais peut aller à la piscine”, affirme Sébastien Jibrayel. Ouvrir plus l’été ? Selon l’élu, ce serait inutile du fait de la faible fréquentation des lieux en juillet : “Certaines piscines avaient des fréquentations très basses avec 50, 60 entrées dans la journée.” Mais en 2018, la chambre régionale des comptes estimait au contraire que la faible fréquentation pouvait s’expliquer… par les horaires peu étendus.

Ces fermetures de piscines s’expliquent par un manque de personnel chronique qu’explique la responsable syndicale de l’UNSA Josselyne Cozzolino : “La situation est assez complexe avec du personnel en congés et en ASA [autorisation spéciale d’absence due à la pandémie de Covid-19, NDLR] durant la période estivale. Cela occasionne un manque de personnel qui engendre une situation catastrophique avec quatre piscines [dont la piscine René-Magnac en délégation de service public, ndlr] pour toute la ville.”

Après avoir minimisé le manque de personnel, Sébastien Jibrayel finit par admettre la situation de pénurie. “Comme dans beaucoup de services de la Ville de Marseille, il manque des effectifs, notamment certains agents en ASA et les maîtres-nageurs.” Pour ces derniers, Marseille souffre de la concurrence des villes voisines, plus généreuses en matière de rémunération et dotées d’équipements plus modernes. “Souvent ce sont des contractuels en CDD et parfois en CDI payés légèrement au dessus du SMIC qui trouvent facilement de meilleures conditions de travail dans des communes très proches”, confirme Gilles Rocchia du Syndicat national professionnel des maîtres nageurs-sauveteurs (SNPMNS).

Un avenir inquiétant

Face à ce constat d’un service municipal très dégradé, l’ambition de la municipalité apparaît limitée. “Au vu de la situation financière, je ne vais pas faire de promesses qui n’auront pas de suite, si on avait récupéré une mairie avec une situation financière saine on aurait eu la volonté de construire plusieurs piscines mais ce n’est pas le cas.” Le nombre d’équipements n’augmentera probablement pas avant la fin de ce mandat alors que c’était une promesse du Printemps marseillais qui prévoyait la construction de nouveaux équipements avec notamment des bassins en extérieur dits “nordiques”.

Seule la partie rénovation dudit programme est à l’ordre du jour pour ce mandat, assume Sébastien Jibrayel : “L’objectif est de maintenir ouvertes le nombre de piscines d’ici à la fin du mandat, beaucoup de ces piscines sont anciennes et en survie car mal entretenues.” L’adjoint de Benoît Payan juge que la situation calamiteuse de ces infrastructures est en partie due à l’inaction de la municipalité Gaudin. “On a préféré mettre 50 millions d’euros dans une patinoire [en réalité 44,8 millions d’euros, NDLR]. On aurait pu mettre moins et réhabiliter la piscine Nord et celle de Luminy “ rappelle, agacé, Sébastien Jibrayel. Une manière de rappeler le plan piscines de 2008 qui prévoyait notamment l’ouverture d’un grand pôle aquatique à Euroméditerranée et la réhabilitation de la piscine Luminy. Depuis, Luminy est toujours à l’abandon. Elle ne devrait pas davantage rouvrir durant ce mandat.