La gauche et les écolos en passe d’obtenir une place d’opposition bis à la région
La séance plénière de l'assemblée régionale ce vendredi 23 juillet devrait ratifier la modification du règlement intérieur de l'institution. Après d'ultimes tractations, cela ouvrira la voie à la création d'un comité représentatif ouvert aux candidats de la liste menée par Jean-Laurent Félizia.
L'écologiste Jean-Laurent Félizia et une vingtaine de ses colistiers pourraient être amenés à siéger dans ce comité représentatif. (Photo Emilio Guzman)
“Ça va dans le bon sens.” Une fois n’est pas coutume, la phrase émane de la gauche… et de la droite. Dans une belle unanimité l’entourage de Renaud Muselier et celui de Jean-Laurent Félizia affichent leur satisfaction, certes prudente, de voir aboutir d’ici à la séance plénière de ce vendredi, le principe de la création d’un comité représentatif. Cet organe devrait être dévolu à l’expression des candidats du Rassemblement écologique et citoyen emmené par Jean-Laurent Félizia (Europe-Écologie-Les Verts). Arrivé troisième avec 16,89% des voix au soir du premier tour des élections régionales, ce dernier s’est désisté et a facilité la victoire finale du sortant Renaud Muselier (LR) dans son duel face à Thierry Mariani (RN).
Renaud Muselier et Jean-Laurent Félizia se sont vus à deux reprises pour évoquer le projet.
Ce comité, promis par Renaud Muselier le 23 juin dernier en remerciement du “sacrifice” de la gauche, doit offrir aux anciens membres de la liste qui rassemblait EELV, le PS, le PCF ou encore Génération.s, un espace de débat et la possibilité de se saisir des thématiques régionales. Il pourrait se réunir avant chaque plénière et élaborer des vœux ou des motions portées ensuite par des élus de la majorité régionale de droite. Le comité prononcera aussi un à deux discours de politique générale annuels à la tribune. Depuis le second tour, le président réélu et son challengeur écologiste discutent des contours de cette initiative. “Il y a eu des discussions et ils se sont notamment vus lors de deux rendez-vous d’une heure pour repousser les points bloquants”, note un proche de Renaud Muselier.
Thématiques ciblées façon Trivial Pursuit
Le dialogue s’est passé sous la forme de navettes de propositions et contre-propositions et achoppe tout de même sur plusieurs points. “La majorité nous demande de choisir quatre ou cinq thèmes sur lesquels nous serions amenés à travailler. J’ai l’impression de devoir choisir la couleur de mon fromage au Trivial Pursuit… !, s’irrite une colistière écologiste. Le fait d’être limité dans les dossiers auxquels nous aurions accès tient d’un muselage inutile.”
Moins mordant, mais sur une ligne assez jumelle, Jean-Laurent Félizia tempère : “Si cette contrainte d’accès aux thématiques est politique, on forcera le barrage. Il me paraît plus intelligent pour tout le monde que nous puissions couvrir l’essentiel des champs d’action de la région : la Cop d’avance, les lycées, les finances, les transports, la culture…”
Un bureau et un chargé de mission
Autre interrogation : le nombre de sièges du-dit comité offerts aux anciens membres des listes Félizia. La dizaine de places proposée dans un premier temps par Renaud Muselier a été écartée. “Nous en souhaitons 21 de façon à ce que toutes les organisations politiques et toutes les tendances figurant sur nos listes soient représentées. Pour l’instant on nous en accorde 18”, énumère encore une tête de liste non-élue.
Au-delà de ces “ajustements à trouver”, comme dit pudiquement Jean-Laurent Félizia, la gauche et les écologistes ont obtenu des avancées notables. Pour travailler les dossiers les membres du comité à naître ne seront pas défrayés mais devraient bénéficier collectivement d’un bureau et d’un ou plusieurs collaborateurs. “Un chargé de mission et une personne qu’on pourra recruter au sein du personnel régional et qui ne nous sera pas imposée”, décrit-on. Enfin, les points de vue de ce concile devraient trouver leur place dans les espaces de la communication régionale, sur son site web et dans le journal de l’institution. Le tout assorti d’une clause de revoyure annuelle.
Participer à ce comité n’est en rien un pacte de gouvernance avec Renaud Muselier ou une quelconque caution à la politique qu’il a menée, mène et mènera”
Thomas Roller, premier secrétaire PS du Var
À gauche comme chez les écologistes on salue “l’attention portée aux demandes formulées” et le concret des propositions élaborées. Rien à voir, veut-on se persuader, avec la conférence régionale consultative que Christian Estrosi avait mise sur pied en 2016, mais qui avait duré à peine un an. “Ce machin ne sert à rien et ne vit pas”, disait alors Christophe Castaner. “Là, j’ai l’impression qu’on est face à quelque chose de plus profond, de plus sincère. Mais nous verrons à l’usage”, glisse, mesuré, Jean-Pierre Cervantes, ex tête de liste EELV dans le Vaucluse.
Un moyen pour reconstruire la gauche régionale
Éviter le piège de se retrouver englués dans une usine à gaz sans efficacité, est l’un des objectifs affichés par les proches de Jean-Laurent Félizia. “Je veux faire vivre cet outil”, assure celui qui refuse de “louper cette opportunité.” Mais, au sein du Rassemblement écologique et social on fait aussi part de prudence. “Participer à ce comité n’est en rien un pacte de gouvernance avec Renaud Muselier ou une quelconque caution à la politique qu’il a menée, mène et mènera”, prévient Thomas Roller, premier secrétaire socialiste du Var. L’objectif pour cette alliance rouge-rose-verte qui se dit encore “meurtrie” par ce deuxième désistement aux régionales c’est in fine de réussir à exister, donc à se reconstruire, autour de l’hémicycle.
Le retrait de la liste et le rapprochement avec Renaud Muselier ont laissé des traces, encore à vif. Cette semaine dans Nice Matin, Xavier Garcia, premier secrétaire PS des Alpes-Maritimes, ex-tête de liste dans ce département, a annoncé jeter l’éponge de son poste. Il juge très durement la stratégie déployée pendant la campagne. “Cela fait de nous des supplétifs de la droite républicaine. Je ne suis pas entré en politique pour ça…”, a déclaré le socialiste.
Recours prévisibles du RN
Jean-Pierre Cervantes ne dit pas autre chose : “En participant à ce comité, nous voulons pouvoir exprimer notre position et jouer un véritable rôle d’opposition.” L’argument fait bondir Thierry Mariani, la tête de liste du Rassemblement national, seul groupe d’opposition officiel dans l’hémicycle. “Mais s’ils voulaient avoir une place dans l’opposition, il fallait qu’ils se maintiennent ! En France, on est dans une démocratie représentative. Or tout cela est antidémocratique”, dénonce-t-il.
Comme en 2016, avec Marion Maréchal-Le Pen, l’extrême-droite entend déposer des recours contre cette initiative. “Que Renaud Muselier consulte qui il veut n’est pas choquant. Qu’il invite des personnes à siéger dans des commissions, non plus. Mais qu’il octroie des moyens, de l’argent public, à des gens qui ne sont pas élus, c’est hallucinant !“, interpelle le conseiller régional qui met en doute le caractère légal de la démarche.
À la rentrée, un second vote de l’assemblée régionale viendra entériner les contours exacts du comité. D’ici à là, les forces de la majorité en place et celles du Rassemblement écologique et social devraient être tombées d’accord sur un mode d’emploi. Ou pas.
Commentaires
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Nous avons toujours à apprendre de nos adversaires.
Cela me fait mal aux seins (?) mais je pense que les gens du RN ont raison que ”payer” sur les deniers publics un Comité Théodule pour des qui ont obtenus 16 % au premier tour et qui ont ”choisis” de se retirer pour ”empêcher” ce même RN de triompher. En tout ils sont cohérents comme devraient être cohérents ceux qui appliquent le ”front républicain”.
Nous ne sommes pas des castors pour faire barrage au RN depuis 2002.
Et vlan…!
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c’est avec ce genre d’arrangement que l’on veut inciter les citoyens à aller voter ?
triste parodie de démocratie Muselier remercie la pseudo gauche de l’avoir fait élire !!
lamentable et je sais qu’il ne faut pas se moquer des gens mais Felizia n’aurait pas du quitter son masque qui au moins cachait son air air de ravi de la crèche
sait on si ce cet arrangement s’accompagne d’avantages financiers ?
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« la gauche « réclame 23 postes dans « ce comité « dont un chargé de mission, un bureau pour chacun avec 1 ou plusieurs collaborateurs, il y aura aussi les frais de voitures, les déplacements divers et variés… ! « Un pognon de dingue !! »
De quel droit, quels vont être le statut de ces joyeux drilles qui ne sont pas élus ? Ils n’ont pu rentré par la grande porte alors ils tentent de rentrer non par la fenêtre mais par le soupirail de la cave
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Erreur politique de la part de Felizia. Tout oppose la politique proposée par la droite et l’extrême droite à celle proposée par la gauche. Musellier serait il assez stupide pour faire entrer le loup dans sa bergerie. Sauf si le loup est vieux, malade et édenté. La gauche PACA peut exister en dehors du conseil régional. Par exemple en prenant part aux luttes sociales et écologiques en cours et à venir dans notre région ( EDF qui pourrit l’Etang de Berre, l’industrie qui tue à petit feu la population de Fos/mer,,,etc,etc.)
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Cela fait bien longtemps que la dite “gauche” se détourne des luttes sociales.
Qui a dit qu’on a remplacé la lutte des classes par la lutte des places? C’est de plus en plus vrai et cette situation l’illustre encore.
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Je ne vois rien de choquant à ce qu’il y ait une possibilité que la liste arrivé e,n 3 puisse faire entendre sa voix dans une structure qui reste à créer et à faire vivre. Cela représente un pas en avant vers plus de démocratie au niveau régional, un progrès par rapport à ce qui s’est passé depuis 6 ans. Il est permis de saluer cette initiative, ce qui n’empêche pas de garder ses valeurs et de rester vigilants.
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elle s’est retirée et donc n’est pas arrivée 3e ..
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et dans 6 ans on nous demandera de voter pour la droite pour faire barrage ……
le RN pourra parader en disant que la droite, le PS, EELV c’est du pareil au même qu’ils sont tous complices …..si la gauche et les écolos voulaient faire entendre leur voix il fallait rester au deuxième tour . Là on a une parodie comment la droite peut elle porter des projets venant de l’opposition il vrai que Hollande s’est bien accommodé des lois sarkosistes et que sa loi sur le travail allaient plus loin que ce qu’avait fait son prédécesseur
Si l’opposition veut se faire entendre TINO propose des actions le reste c’est de la communication qui réjouit Muselier , Macron et Le Pen
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Voilà qui ne fera plaisir qu’aux tours d’ivoire nationales de gôche, et qui ne remplacera jamais un vrai front par fusion de liste. Prenons les paris, dans un an c’est fini.
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Je trouve cela scandaleux car contraire à tout principe électoral et ressemble trop au résultat des petits arrangements entre amis du second tour.
Ils ont voulu se retirer, qu’ils en assument dignement les conséquences au lieu d’aller en chercher la récompense auprès de Muselier. Scandaleux et lamentable.
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Socialiste un jour, socialiste toujours!
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