Pétrole au large de Marseille : opportunité ou arnaque ?

Un article de Marsactu relayant le point de vue de l’UPE13 a relancé la discussion sur la possibilité d’une plateforme pétrolière au large de Marseille. Comme le dit P.Boucaud dans les commentaires, on ne peut que s’étonner que la question ne fasse pas plus débat, ou alors souvent de manière assez caricaturale : les pétroliers disent qu’on passe à côté d’une opportunité, les écologistes pointent le drame BP en Louisianne et nos super politiques se gardent bien de lancer d’autres idées, bien calés dans le sens du vent.

Je me pose plusieurs questions : que vaut vraiment ce gisement ? Qui pourrait en tirer les bénéfices ? Quel est la probabilité d’une catastrophe écologique ? Et en y répondant j’ai envie d’être contre, sauf dans un cas de figure…

Le plus probable est qu’il s’agisse d’un mini-gisement, c’est d’ailleurs sûrement pour ça que l’UPE13 et Greenpeace s’excitent tout seuls. Dans ce cas, pas la peine de tergiverser, ça ne servirait à rien de prendre le moindre risque. Le plus probable, c’est que s’il y avait quelque chose à en tirer, la zone passe directement sous le contrôle de l’État ou d’une compagnie type Total, et que les bénéfices de l’exploitation aillent dans les poches de l’entreprise et éventuellement dans les caisses de l’Etat à Paris. Quoiqu’il en soit, très très loin de Marseille. Enfin le plus probable, c’est qu’il n’y ait pas de catastrophe majeure côté environnement, mais que l’on améliore pas la pollution, et que l’on mette un coup à la “vocation touristique” de Marseille.

Pour toutes ces raisons, je suis apriori contre, sauf dans un cas de figure. D’abord que le gisement présente effectivement des ressources conséquentes (permettant une exploitation de plusieurs années et des revenus capables de changer radicalement le cours des choses à Marseille). Ensuite, que son exploitation soit le monopole d’une entreprise municipale, métropolitaine ou régionale (quitte à la créer en joint-venture avec Total ou un autre) afin que la plus grande partie des bénéfices arrivent directement dans les caisses de Marseille ou de la Région sans avoir à transiter par Paris et à être partagée avec le reste de la France. C’est un égoïsme qu’il faut assumer sans problème, nous prenons tous les risques sur notre environnement, nous devons garder tous les bénéfices que ça peut nous apporter.

Comme en Norvège, où l’État finance une partie de l’état-providence avec les revenus du pétrole, nous pourrions ainsi contribuer à améliorer la vie des marseillais. Par exemple en attribuant un quart des revenus au désendettement de Marseille (ou Région), un autre au financement de grands chantiers d’infrastructures qui font défaut à la ville, encore un quart à la création de start-ups et au soutien à la transition industrielle, enfin un dernier quart mis de côté pour financer la dépollution à la fin de l’exploitation et palier à un éventuel accident.

Ce sont les seules opportunités que je vois pour Marseille et qui me donneraient envie d’assumer le risque environnemental, car malheureusement pour nous, nous vivons dans une ville pauvre et n’avons pas forcément le luxe de pouvoir nous passer d’une telle manne – s’il s’avère qu’elle existe. Comme disait mon grand père en paraphrasant je sais plus qui “entre deux maux je choisis le moindre”.

Pour terminer sur une note humoristique, et comme je suis en Catalogne en ce moment, voilà une vidéo d’une émission satirique “Polonia” dans laquelle on imagine la découverte de gisements de pétrole en Catalogne. Tout le monde perd la tête : le président habillé en qatari s’allume des cigares avec des billets de 50€, ils construisent un réseau de TGV autour de Barcelone, les flics roulent en limousines, la Catalogne rachète l’Extremadure, TV3 rachète CNN, le Barça rachète le Real Madrid… mais le rêve se termine lorsque les Etats-Unis les déclarent membres de l’axe du mal et les attaquent.

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TV3 – Polònia – Catalunya és un pou de petroli por TV3