Dans le canton de Vauban, comme un air de match retour des municipales

Reportage
le 15 Juin 2021
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Pour les départementales dans ce canton du centre de Marseille, les binômes de droite sortant - Sabine Bernasconi, Yves Moraine - et de gauche - Anne Meilhac, Christian Pellicani - jouent une partie aux allures de revanche, entre anciens maires de secteur et nouveaux élus.

Dans le canton de Vauban, comme un air de match retour des municipales
Dans le canton de Vauban, comme un air de match retour des municipales

Dans le canton de Vauban, comme un air de match retour des municipales

D’un coup de balai-brosse expert, Yves Moraine recolle un coin d’affiche qui pendouille dans le vent. Non pas l’une de celles qui vantent sa candidature avec Sabine Bernasconi aux élections départementales. Mais celle, rouge et vert pétants, du binôme étiqueté union de la gauche Anne Meilhac (EELV)-Christian Pellicani (PCF). Dans sa chemise blanche impeccable, brodée d’un discret “YM”, l’ancien maire Les Républicains des 6e et 8e arrondissements rigole : “Si c’est pas fair-play, ça  !”

Vauban, au cœur du canton 12 dont le découpage post-cubiste court du Frioul au stade Vélodrome. Six binômes sont en lice (*). Surtout, dans la montée du boulevard mi-popu mi-cossu, se joue un épisode aux allures de revanche des municipales de l’an passé. Sabine Bernasconi et Yves Moraine, conseillers départementaux sortants, y ont tous deux perdus leurs fauteuils de maires de secteurs. Et laissé quelques plumes. “On a quand même dégusté pendant les municipales”, glisse Yves Moraine qui s’avance “avec humilité”. Chez Sabine Bernasconi, l’échec a plutôt un effet aiguillon : “Perdre, ce n’est jamais agréable. Mais là, repartir en campagne, surtout après la période terrible que nous avons connue, c’est un vrai bol d’air  !”

Moraine et Bernasconi sont dans le match retour. Eux, ils jouent leur carrière politique, là  ! Ils essaient de préparer le retour du Jedi pour dans cinq ans.

Christian Pellicani (PCF)

Face à eux, Christian Pellicani n’avait glané que 9,03 % des voix sous la bannière communiste lors des départementales de 2015, alors que la socialiste Annie Levy-Mozziconacci pointait à 20 % derrière un FN à 25,5. Entre-temps, l’élection du Printemps marseillais à la mairie est passée par là, rebattant quelques cartes. Associé à l’élue de secteur des 6/8, Anne Meilhac, il décrit ce qu’il voit comme les désirs revanchards de la droite : “Moraine et Bernasconi sont dans le match retour. Eux, ils jouent leur carrière politique, là  ! Ils essaient de préparer le retour du Jedi pour dans cinq ans. Nous, on est dans le concret pour les gens d’ici.”

Christian Pellicani, aux faux airs de Danny De Vito, entre dans la Maison du peuple, presque tout en haut du boulevard Vauban. Dans la longue salle associative, sous l’égide du marteau et de la faucille, plusieurs militants PC se partagent les tracts à distribuer. Au gré des rencontres, les binômes déploient leurs ambitions, détaillent des axes programmatiques. Peu nombreux et, sans surprise, divergents.

Christian Pellicani (PC) et Anne Meilhac (EELV) en campagne à Vauban. (Photo C.By.)

Magie de l’aide aux communes

“Nous portons un projet social, culturel et pour la jeunesse de proximité”, entame l’élu communiste. Son binôme, Anne Meilhac, militante EELV depuis un an et demi, professeure des écoles, nouvellement élue, rappelle combien “les compétences du conseil départemental sont importantes en matière de solidarité et de mobilités”. Parfois, les propositions ressemblent un brin à des initiatives municipales. “Mais notre ambition, c’est de prendre le département pour qu’il contribue à nos actions à Marseille via l’aide aux communes”, plaide Christian Pellicani.

Avant d’aller coller des affiches à Vauban, Sabine Bernasconi et Yves Moraine, ont choisi un Facebook Live au discours rodé pour distiller leur programme. Argument principal ? La sécurité, disent-ils. Ce n’est pas une compétence du département, c’est vrai. Mais là encore, la carte magique de “l’aide aux communes” est dégainée, notamment pour vanter le déploiement de la vidéo-surveillance et l’armement des polices municipales. “Nos concurrents sont contre, nous sommes pour”, assument les candidats. Idem pour les financements de “la rénovation des églises” et de “l’école privée”.

J’ai le cœur à gauche, mais cette histoire de changement de maire… Ça m’a achevée ! Les vicelards de la politique étaient au courant et moi je ne voulais pas y croire.

 

Dans cet air du temps très volatil, les candidats le savent, les élections se joueront ailleurs. Les déconfinements se succèdent et pousseront sans doute plus les électeurs vers les plages que vers les urnes. D’autant que chaque binôme se présente sur la ligne de départ lesté d’un handicap.

Tandis qu’Anne Meilhac enfourche le vélo-cargo flanqué du slogan “L’union fait la force”, Christian Pellicani pousse la porte d’une mignonnette pâtisserie rue de Milly. La pâtissière accepte son tract, mais ses yeux trahissent sa circonspection. Une fois le candidat parti, elle lâche : “J’ai le cœur à gauche, mais cette histoire de changement de maire… Ça m’a achevée ! Les vicelards de la politique étaient au courant et moi je ne voulais pas y croire. Alors voter dimanche, j’irai peut-être… si j’ai rien d’autre à faire.” Dans la petite grimpette qui revient vers Vauban, Notre-Dame de la Garde présente son dos, et un militant de gauche souffle : “Ça et le cumul des mandats, on nous les ressort tout le temps…”

Yves Moraine et Sabine Bernasconi (Les Républicains) en opération collage pour les départementales. (Photo C.By.)

“Cet accord Muselier-LREM, quelle cata !”

L’herbe n’est pas plus verte à droite du pré. Le binôme Bernasconi-Moraine doit aussi composer avec sa propre épine dans le pied. Le début de campagne catastrophe de Renaud Muselier aux régionales, le pas de deux sur l’air du oui-non-peut-être avec la majorité présidentielle “a créé beaucoup de confusion chez les électeurs” et miné le moral des troupes. Résultat ? “On peine un peu à mobiliser”, reconnaît un colleur devant le panneau d’affichage électoral qui prolonge le Jardin des Anges et son jeu de boules.

Ce soir-là, justement, après avoir collé quelques affiches, Yves Moraine et Sabine Bernasconi rassemblent les colleurs pour une petite soirée de remerciements. On remise les seaux de colle et les balais. On croque une part de pizza à La Bonne mère. On trinque. On rigole. On laisse percer un rien d’inquiétude, aussi. “Ah là là, cet accord Muselier-LREM, quelle cata ! Aux régionales la moitié des électeurs de droite va voter Mariani”, pronostique un sympathisant. Qui craint, par ricochet, une hausse du vote d’extrême-droite aux départementales.

Ici aussi, la crainte de la montée du RN

Les duos d’adversaires sont d’accord sur une chose : ils sentent cette poussée RN sur le terrain. “De manière très perceptible”, convient le conseiller départemental Les Républicains sortant. L’équipe Pellicani-Meilhac a garé son vélo-cargo à deux pas du Jardin d’enfants Saint-François. Une passante réclame “un quartier plus écolo et moins enclavé”. Robe noire sur sandales rose, Anne Meilhac abonde avec enthousiasme.

Le tractage se poursuit. Dans ce genre de tournée, on croise toujours l’homme des chiffres. Celui qui possède dans son téléphone des données classées secret-défense qu’il ne veut pas partager. Mais qu’il égrène à la volée : “Ici, c’est un canton à l’électorat atypique, un peu intello qui vote souvent blanc au second tour (le dernier a opposé LR et FN). À 8000 voix, tu es présent au second tour. L’an dernier le Printemps a viré en tête avec 9200 voix au premier tour. Alors c’est jouable”, indique-t-il doctement.

Les troupes de Sabine Bernasconi et Yves Moraine ne voient pas, de leur côté, comment la victoire pourrait leur échapper. “Aux municipales, ils n’ont perdu que parce qu’ils étaient divisés  !”, lance un militant, rappelant la guerre fratricide Vassal-Gilles pour calmer les ardeurs de la gauche. Pas de quoi entamer le moral de Christian Pellicani. Dans ce match retour, il veut croire que la dynamique qui a porté le Printemps marseillais aux affaires, peut encore jouer aux départementales. Convaincu, il garantit de son accent chantant que ce canton 12 est un “swing canton !” qui peut faire basculer le département. L’un de ceux, à Marseille, où le Printemps marseillais peut espérer faire vaciller la maison Vassal.

(*) Clémence Parodi et Julien Tellier (RN), Sabine Bernasconi et Yves Moraine (LR), Audrey Derderian et Gilles Gennatiempo (ECO), Catherine Merveilleux et Julien Ayoun (DVC), Fazia Hamiche et Christian Monferrini (ECO), Anne Meilhac et Christian Pellicani (UGEC).

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Commentaires

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  1. Julien Ayoun Julien Ayoun

    Quel dommage que vous ayiez décidé de ne pas nous donner la parole ! Justement ce qui diffère des précédentes élections sur ce secteur, c’est qu’un binôme hors partis politiques traditionnels s’y présente !

    Nous nous tenons bien évidemment à votre disposition pour échanger avec vous afin que vos lecteurs puissent être informés de notre programme, que vous pouvez consulter sur : https://programme-candidats.interieur.gouv.fr/elections-departementales-2021/data-pdf-propagandes/1-13-23-6-acc.pdf

    Julien AYOUN

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  2. LN LN

    Aaaaargggg ! Moraine, craint même pas le ridicule, non vraiment, craint plus rien ! Allez zou, dernière baffe magistrale avant disparition…

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    • Alceste. Alceste.

      Moraine ne craint pas le ridicule,il est le ridicule incarné.

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    • vékiya vékiya

      c’est la fameuse quiche ?

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  3. MarsKaa MarsKaa

    J’aime beaucoup “le découpage post-cubiste” (qui court du Frioul au stade Vélodrome) 😄

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  4. Alceste. Alceste.

    Et oui la quiche Moraine 🥳🥳🥳🥳🥳🥳

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