Le centre-ville de Marseille dans les starting-blocks du déconfinement
Ce mercredi, les lieux culturels, terrasses et commerces "non-essentiels" rouvrent leurs portes. Dans le centre-ville hier, la pression montait et les préparatifs allaient bon train. Tour de piste avant le début de ce déconfinement.
Photo : AL
“Je n’ai pas le stress, mais presque.” Ce mercredi, c’est LE grand jour. Après des mois de fermeture, les commerces considérés jusqu’ici comme non-essentiels ainsi que les terrasses des bars, des restaurants et les lieux culturels rouvrent leurs portes. Dans le centre-ville de la deuxième ville de France, à quelques heures de cette reprise, forcément, l’émulation se fait sentir. Dans son petit institut de beauté de la rue d’Endoume, Idolina Goncalves est suspendue au téléphone, agenda sous les yeux. “J’ai un flot de clientes qui veulent absolument venir, il fait beau et elles veulent aller se faire dorer la pilule au soleil. Heureusement que le mois de mai a été mitigé et qu’on a dû garder le pantalon”, s’amuse-t-elle.
Pour cette esthéticienne, pas question de penser à une éventuelle pause plage. Les finances de sa petite entreprise ne sont pas au beau fixe et il faut désormais rattraper le temps perdu. “J’essaye de placer un maximum de personnes, je suis déjà complète toute la semaine prochaine”, résume-t-elle, avant de décrocher son téléphone qui ne cesse de sonner. Le temps est compté.
“Sécuriser les plantes”
Quelques mètres plus loin, rue Sainte, ça s’active aussi dans les nombreux bars et restaurants qui jalonnent cette voie passante. Alors qu’elle s’était dotée d’un nouvel espace donnant sur la rue au début de l’été 2020, l’auberge Vertigo a réussi à tenir le coup notamment grâce au prêt garanti par l’État (PGE) et l’autofinancement. Mais il a aussi fallu faire preuve d’inventivité pour que le lieu ne meure pas.
Vente à emporter, coworking, venue d’artistes… Oren Soussan a choisi de se diversifier pendant le dernier confinement. Désormais, il va pouvoir reprendre son cœur d’activité : la restauration, puis l’hôtellerie. “On nettoie tout, on réorganise la terrasse pour l’exploiter à 50 %. On compte faire du service en continu pour compenser”, explique ce gérant d’auberge, tout sourire à l’idée de voir son lieu revivre. Ce dernier a également fait une demande d’extension de terrasse sur le parking à deux-roues qui fait face. “On attend avec impatience la réponse de la mairie.”
Un peu plus bas, sur le cours d’Estienne d’Orves, la pression monte également. Sur cette place que l’on a connue festive dans le monde d’avant, les restaurateurs et tenanciers de bars s’apprêtent eux aussi à recevoir les clients. Parfois comme l’on se prépare à une tempête. Le patron du restaurant de l’Horloge, Remy Goudard, “sécurise les plantes” cigarette à la bouche et perceuse à la main. “Je sens qu’il va y avoir beaucoup de gens surexcités qui ne vont pas beaucoup manger et beaucoup boire”, prévient-il en fixant sa jardinière au sol.
Fainéantise et grosse vague
Voilà “deux bonnes semaines” que ce restaurateur et son équipe se mettent en jambe pour la réouverture. Commandes, nettoyage, bricolage, recrutement… La liste des préparatifs est longue, il ne faut rien lâcher. “Surtout que ce que l’on vient de vivre, ça a créé de la fainéantise. Moi le premier, j’ai pris cinq kilos !, détaille-t-il en se passant la main sur le ventre. Maintenant, il faut se remettre au travail, ça va être compliqué physiquement et mentalement.” Un changement de rythme, mais aussi des reconversions, qui l’ont poussé à remplacer certains de ses employés ayant abandonné la restauration.
À l’Idfix, sur le cours Julien, l’équipe sera la même. Mais la préparation de cette ouverture ne se fait pas sans tension pour autant. Désinfection totale, mesure de la terrasse, travaux de dernières minute… Tout le monde est sur le qui-vive et s’attend à “une grosse vague”. Les souvenirs de l’année dernière refont indéniablement surface. “C’était ingérable”, se remémore la patronne qui espère cette fois-ci contenir l’envie de lâcher les brides en espaçant les tables de deux mètres.
Ouverture symbolique
S’épiler, boire et manger… sans oublier de se cultiver. Les théâtres, cinémas et musées reprennent aussi de l’activité. Direction le Palais Longchamp, où Anne Médard est impatiente. Ce mercredi, le muséum d’histoire naturelle de la Ville rouvre ses portes après plusieurs mois de fermeture forcée. La conservatrice piaffe d’autant plus que la courte fenêtre d’ouverture de cinq semaines, en septembre dernier faisait suite à 18 mois sans avoir vu l’ombre d’un visiteur. Depuis près de deux ans, la salle d’exposition permanente était en travaux du sol au plafond. “Ce que d’autres musées mettent plusieurs années à faire, nous l’avons fait en quelques mois à peine, se réjouit la conservatrice. C’est un musée très familial, il y a donc une vraie attente. Il y a eu près de 8000 visiteurs en septembre alors que nous n’avions pas communiqué sur sa réouverture”.
Mardi, les gardiennes du musée faisaient leurs premiers pas dans la salle au parquet refait à neuf, guidée par une conférencière qui commentait pour elle les pièces exposées. Pour l’heure, les visiteurs ne pourront être que 60 en même temps dans la salle puis 140 à partir de juillet. La concurrence avec les terrasses devrait limiter l’engouement des premiers jours dans les musées marseillais, pourtant gratuits depuis l’été dernier. Avec le muséum, celui des Beaux-Arts, de l’histoire de la Ville et de la Vieille charité rouvrent ce mercredi. Tout comme les 11 cinémas de la ville.
Aux Variétés, sur la Canebière, c’est aussi le moment de se retrouver pour l’équipe de ce cinéma d’art et d’essai. “Tout le monde est content, mais il faut maintenant se réhabituer au fonctionnement des caisses, reprendre ses marques…”, explique Marie Barba, assistante de direction, qui sort tout juste d’un “repas de retrouvailles”. Pour les cinémas comme pour les musées et les restaurants, la reprise ne se fera pas à 100 %. Les salles noires ne pourront être remplies qu’à 30 % dans un premier temps. “Les aides nous ont permis de nous maintenir à flot, mais le démarrage progressif va être compliqué, surtout avec le couvre-feu à 21 heures qui nous empêche de programmer les séances du soir”, pointe Marie Barba, pour qui cette ouverture n’est pour le moment que symbolique. Un symbole qui est censé devenir réalité, si l’automne nous épargne de son lot de mauvaises nouvelles comme ce fut le cas en 2020.
(Avec B.G.)
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