La mairie de Marseille pousse ses projets pour accentuer son bras de fer avec la métropole
Transports, logement, urbanisme... La municipalité de gauche a multiplié cette semaine les propositions qu'elle voudrait voir adoptées par l'intercommunalité présidée par l'élue LR Martine Vassal. Elle et sa majorité n'apprécient pas vraiment ces injonctions.
Benoît Quignon au côté du maire de Marseille en conseil municipal le 8 février 2021. (Photo : BG)
Par deux fois, la majorité municipale marseillaise a tenté d’évoquer ses délicates relations avec la métropole durant l’assemblée plénière de ce jeudi. Par deux fois, la présidente LR Martine Vassal les a interrompus parce qu’ils s’éloignaient trop, selon elle, de l’ordre du jour du conseil métropolitain. Depuis les élections de juillet, le Printemps marseillais constate son impuissance face à l’institution. Et lors de cette assemblée en visio-conférence, Mathilde Chaboche (Mad Mars) a encore une fois appelé à ce que “le vote des Marseillaises et Marseillais soit respecté”. L’écologiste Étienne Tabbagh a poussé le même pion : “On est la seule commune de cette métropole à ne jamais être consultée pour vos projets d’aménagements. Alors que vous aviez pourtant annoncé en début de mandature que vous vouliez une métropole des communes, une métropole des maires, une métropole de territoire, on en est très très loin à Marseille.”
Cette réunion marque le dernier épisode d’une semaine où la mairie de gauche a tenté de pousser ses projets et d’accentuer son bras de fer avec la métropole. Elle a pour cela profité de deux concertations publiques qui débutent en ce mois d’avril : la modification du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI, depuis jeudi 15 avril) et le plan de déplacements urbains qui régit la stratégie en matière de transports (à partir du 20 avril). Le maire Benoît Payan étant concentré sur les questions sanitaires, ce sont ses adjoints qui ont porté les projets. L’objectif ? Tenir le pari de changer la ville alors que les compétences d’aménagement de la municipalité sont quasi nulles.
On prendra l’opinion à témoin.
Mathilde Chaboche, élue à l’urbanisme
Mathilde Chaboche, chargée de la compétence urbanisme, double son portefeuille avec le “développement harmonieux de la ville”. Elle a dévoilé lundi 12 avril à la presse une partie de ses 75 propositions de rectifications du PLUI “concertées avec des collectifs de riverains, des associations, des intellectuels”. Parmi les symboles, elle a retenu avec son collègue Patrick Amico la demande d’abaissement du nombre de logements à partir duquel la production de logements sociaux est obligatoire. “On demande un seuil à 30 logements et on me répond qu’on verra dans le plan local de l’habitat (PLH). Je ne peux pas me résigner à attendre ce PLH les bras ballants. On prendra l’opinion à témoin”, jure-t-elle. D’autant plus que l’adoption du PLH en question devait être voté en 2019 et a depuis été reporté sine die.
La métropole évoque “un passage en force”
Cette adresse publique a agacé la majorité métropolitaine de droite. Chargée du plan local d’urbanisme, Laure-Agnès Caradec a déploré en conseil de territoire mardi “des injonctions médiatiques très étonnantes”. La métropole, dans un communiqué non signé, a déploré que “Marseille [soit] la seule des 18 communes du territoire Marseille Provence à préférer le passage en force au dialogue constructif”.
La même logique d’interpellation médiatique a été poursuivie mercredi 14 avril par les adjoints Audrey Gatian, Yannick Ohannessian et Hervé Menchon depuis le parc Pastré pour le désengorgement de la route des Goudes. Sur ce sujet, les positions semblent proches, mais les accusations en inaction pleuvent des deux côtés. “La métropole nous dit qu’elle ne peut pas mettre plus de bus à cause du stationnement anarchique, et bien nous sommes en train de régler ce problème. Il n’y a jamais eu autant de forces de police mobilisées à Callelongue ou Sormiou”, appuie l’élu à la sécurité. “Nous, nous agissons. Il faut que la métropole aussi”, complète sa collègue adjointe déléguée à la politique de la ville et aux mobilités.
“Pas un micro-objet technique”
Pour tenter de faire valoir son programme malgré sa défaite à la métropole, le Printemps marseillais se bat aussi pour un changement de priorité pour la construction du tramway. Il préfère une ligne sur le boulevard National vers la Belle-de-Mai plutôt que des extensions vers les Catalans et Les Caillols. Bref, il joue l’attaque tous azimuts pour tenter de faire valoir sa vision de l’aménagement urbain. “On n’est pas dans une logique de guerre, assure Mathilde Chaboche. On rend compte de nos actions et on prend aussi l’opinion à témoin pour dire ce que nous voulons faire. Nous ne voulons pas faire de cette histoire un micro-sujet technique entre la Ville et la métropole.”
Le législateur a donné à la métropole les compétences en matière d’urbanisme.
Jean-Baptiste Rivoallan, président de la majorité à la métropole
Mais la stratégie du rapport de forces n’apporte à ce jour que peu de fruits. Elle aurait même tendance à crisper du côté de la métropole. “Quand [Mathilde Chaboche] dit que la métropole ne doit pas faire de la politique à notre place, je me demande comment elle peut tenir ce genre de propos, car nous sommes des élus au même titre qu’elle. Elle n’a pas le monopole de la légitimité démocratique. Le législateur a donné à la métropole les compétences en matière d’urbanisme”, s’est ainsi agacé en séance Jean-Baptiste Rivoallan, le président du premier groupe politique de l’intercommunalité, Une volonté pour la métropole, auquel appartient Martine Vassal.
Le Printemps marseillais, et la gauche avant lui, ont longtemps défendu l’idée d’une métropole forte et porteuse d’initiatives. Mais aujourd’hui, il la voit plutôt comme un obstacle. “Sur le fond, je suis bien sûr favorable à une métropole stratège, admet Mathilde Chaoche. Mais vu les circonstances de l’élection et la volonté annoncée d’être le relai des maires, on s’adapte.” En point de mire, se dessinent surtout les départementales pour lesquelles Martine Vassal travaille à élargir sa majorité. La campagne balbutiante ne devrait pas permettre une modification de la nature des rapports entre Ville et métropole. Mais le Printemps marseillais espère à cette occasion fragiliser la présidente Vassal, mettre la main sur le gros budget du département et pouvoir enfin dérouler une bonne part de son programme.
(Avec Rémi Baldy)
Commentaires
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La position de la Métropole est elle une tactique politique pour discréditer la municipalité actuelle en lui interdisant toute forme d’initiative et d’influence dans le domaine de l’aménagement urbain? Cette Métropole hypertrophiée est un monstre technocratique et a-democratique (ce n’est pas une collectivité locale par son statut et donc son mode électif) imaginé et voulu par Paris et cette stratégie politicienne ne ferait qu’aggraver ses tares.
Dans le détail, je suis d’accord avec la municipalité qui met sa priorité sur un tramway pour la Belle de Mai plutôt que pour les Catalans. L’axe Corderie-Pierre Puget est déjà bien desservi par les bus (qu’on pourrait d’ailleurs faire rouler à l’hydrogène) tandis que le troisième arrondissement est le grand oublié du réseau de transports publics modernes. Il forme un blanc sur la carte ! Déjà, le premier projet de deplacement urbain mettait une ligne de métro et deux lignes de tramway sur St St Barnabé et le 12me et rien au Nord. Il faut dire que c’est cet arrondissement qui, en 1995, a fait la bascule en faveur de Gaudin. Il fallait donc consolider son vote…
A Marseille, nous avons déjà un tramway électoral et il ne faudrait pas que ça continue de manière caricaturale.
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Ils ont raison de mettre les pieds dans le plat, ils tiennent leur rôle. Le PM est le grain de sable qui grippe la machine LR locale bien huilée, en roue libre depuis de trop longues années, aux services de toujourslesmêmes.
Les projets municipaux doivent avancer. Les blocages et petits arrangements de la métropole mis à jour.
Ouh qu’ils n’apprécient pas ça, les Vassalois, ils se “crispent” ah ah !
La victoire électorale du PM est leur cauchemar. La réussite des projets PM de transformation de la ville et de la vie politique leur hantise.
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Le tramway à Saint Barnabé, quand c’est la droite c’est purement électoraliste, quand c’est le pm le veut à la Belle de Mai plutôt qu’aux Catalans, ça l’est pas du tout.
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Le projet prioritaire depuis les années 1980, c’est le prolongement du métro vers Saint-Loup. Qu’a fait la fine équipe gaudiniste ? Elle l’a prolongé à grands frais vers La Fourragère : trois stations qui sont les moins fréquentées du réseau.
Des quartiers entiers de la ville, au nord comme au sud, sont délaissés par les transports en commun. Qu’a fait la fine équipe gaudiniste ? Elle a créé un réseau de tramway qui doublonne en grande partie le réseau du métro.
Le résultat, c’est que le 4-5 et le 11-12 sont remarquablement dotés en modes lourds. Ce sont aussi les secteurs où il fallait consolider le vote en faveur de la droite, mais c’est sûrement un hasard.
La Belle-de-Mai est un quartier totalement enclavé, où le besoin de transport collectif est criant. Essayer de réaliser quelque chose dans des quartiers qui ont été volontairement oubliés pendant 25 ans, c’est peut-être de l’électoralisme, mais c’est peut-être aussi simplement définir des priorités en fonction de l’intérêt général.
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Deux lignes de tramway et une ligne de métro d’un seul coup, dans le même arrondissement et dans une ville qui manque cruellement de TC, vous trouvez ça cohérent d’un point de vue fonctionnel? Non pas que ces lignes soient injustifiées, loin s’en faut, mais quand on gère une grande ville on essaie de maintenir des équilibres. Et dans ce cas ils ont été rompus!
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Pierre 12 , lors de certains de vos commentaires précédents , vous éructiez un étonnement au sujet des critiques portant sur les équipements collectifs sportifs , sociaux et scolaires de cette ville et plus particulièrement au sujet de la dychotomie entre certains quartiers pour ne pas écrire ségrégation. Réponse inévitable de votre part , dans le 12 e vous n’avons pas de problémes. Beaux gymnases, belles écoles, beaux colléges, jolis parc, des transports au top et pas beaucoup d’impots. De plus nos chers élus vont jusqu’à nous rendre service en remplissant nos procurations de votes.
Alors Pierre 12 , quand vous croiserez votre copine , soumettez lui ces deux petites phrases qui devraient l’interpeller suite à son passage à l’hôpital aprés la COVID où elle a eu la révélation sur la misére , la précarité et la douleur.
Dieu a dit : “Je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de l’appétit.” (Coluche) et le second est en provençal “L’esprit dei frumo es d’argènt-viéu, soun couar de siéure.”, cela ne devrait pas trop de difficultés puisque elle nous dit par ailleurs qu’elle est provençale.
Ah dernière remarque , soyez précis dans les termes , remplacez éléctoraliste par clientéliste, merci
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Si le chéquier départemental ne bascule pas, sur le fond ça ne bougera pas beaucoup
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La majorité municipale se bat, apprend et gagne en expérience en se battant, c’est bien ce qu’on espérait et attend d’elle.
@ André : la métropole n’est pas “un monstre technocratique” ou en tout cas ce n’est pas ça le problème. Le problème c’est que Gaudin et après lui Vassal n’en on fait qu’un instrument de clientélisme en direction des maires “hors Marseille” qui sont bien souvent également Conseillers départementaux ou en tout cas dépendant du budget “Aide aux communes” du Département . L’essentiel du budget métropolitain est affermé aux “conseils de territoire” calqués sur les anciennes intercommunalités.
La Métropole a ainsi le plus grand mal à conduire des politiques structurelles et stratégiques (quand bien même la majorité de droite aurait l’idée de ce que peuvent être ces politiques). Le message de Vassal aux Maires “ruraux” c’est : “soutenez moi pour les Départementales et vous aurez votre part du butin” et, en orientant aujourd’hui le budget métropolitain au détriment de Marseille, elle leurs verse un acompte sur l’achat de leurs voix en juin prochain. C’est sa manière de faire campagne.
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Le rapport publié fin 2020 par l’institut Montaigne, qui ne passe pas vraiment pour être un collectif de punks à chien, soulignait que, dans le cas de la métropole d’Aix-Marseille, “les reversements aux communes représentent ainsi plus de 60% des dépenses réelles de fonctionnement (environ 1 Md€), quand la moyenne nationale de reversement aux communes pour les métropoles s’établit à 28% des dépenses réelles de fonctionnement.”
Le choix qui a été fait ici n’est en effet pas de financer de grands projets d’intérêt général à l’échelle du territoire, mais de financer des ronds-points et des salles des fêtes. Ce qui n’empêche pas ceux qui sont aux commandes de la métropole de verser des larmes de crocodile sur le soutien insuffisant de l’Etat dans le financement des transports collectifs.
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De plus cher 8e , la métropole et le département viennent d’inclure dans leurs critères de choix de subventions , celui de provencalité . Il y a en Provence des provençaux qui le sont plus que d’autres, c’est tout. Ainsi les provençaux de la Barben sont plus favorisés que ceux d’Air Bel . Il est vrai que Vianney Audemard d’Alançon , vieille famille provençale bien connue mérite toute la bienveillance de la maîtresse de Pierre 12.
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C’est peut-être originellement d’Alençaou, allez savoir ! 😀
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Je le note. Si j’ai un jour à demander une subvention, je m’efforcerai de gommer mon accent qui n’est pas d’ici, d’introduire subrepticement dans mon parler des expressions typiquement provençales et, surtout, j’irai me présenter en costume traditionnel et accompagné d’un tambourinaire.
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On peut en effet se douter, cher électeur du 8me, que l’équipe Vassal réduise le soutien à une expression culturelle régionale à ceux qui portent la taillole et la coiffe pour la Saint-
Eloi, un folklore bébête qui ne dérange personne et flatte un certain conservatisme.
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Bonjour Martine,
Ton égo on s’en fiche, t’as perdu c’est la vie, maintenant paie pour des transports en commun à Marseille stp. Faut vraiment avoir une mauvaise foi de la taille du Canada (ou des intentions personnelles très éloignées des raisons pour lesquelles tu as été élue à la métropole) pour vouloir maintenir coûte que coûte l’état actuel du réseau. T’as des yeux, regarde ce qui se fait ailleurs en France, chez nous c’est la préhistoire et rien ne change par ta faute.
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8e ,nous exigeons la photo 🤗
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“…75 propositions de rectifications du PLUI “concertées avec des collectifs de riverains, des associations, des intellectuels”.”
Des “intellectuels”???
Ces gens-là se croient encore dans les années 50, lorsque ce mot signifiait encore quelque chose – et encore…
La majorité des Français n’accordent pas plus d’importance à l’opinion d’un “intellectuel” qu’à celle de leur concierge – qui a au moins le mérite d’appartenir aux classes populaires, alors qu’un “intellectuel”, de nos jours, est un salarié de l’Etat ou d’un groupe de presse d’un milliardaire, qui sert uniquement à justifier les choix idéologiques de la bourgeoisie au pouvoir.
Il y a bien sûr de véritables intellectuels en France, qui se remarquent au fait qu’ils sont bannis des bulletins paroissiaux de cette bourgeoisie que sont Le Monde, Libération, Le Figaro, Radio France et consorts.
Une mairie qui fait appel à des “intellectuels” pour élaborer ses plans d’urbanisme, il fallait être un apparatchik bourge de gauche pour l’inventer, celle-là…
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moi aussi, j’ai halluciné 🙂
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