Grinch
La droite fait fondre la prime de Noël dans les Bouches-du-Rhône
Dans deux mois, le coup de pouce traditionnellement versé aux allocataires du RSA sera réduit et réservé aux familles. Ce sont 8 millions d'euros d'économies dans un budget difficile à boucler, justifie la majorité au conseil départemental.
Photo Julien Vinzent.
“Nous a-ssu-mons”. Vendredi, à la tribune du conseil départemental, Didier Réault persiste et signe. Chargé de présenter une modification du budget 2015, l’élu Les Républicains assure faire face à une situation financière inquiétante qui “oblige à réduire le train de vie du département”. Parmi ces économies “assumées”, on trouve le rabotage de 8 millions d’euros sur la prime de Noël versée aux allocataires du RSA et titulaires de contrats aidés. “On touche aux plus fragiles”, fustigent en choeur Claude Jorda (PCF) et Benoît Payan (PS).
Depuis 1998, le conseil général versait, à l’instar d’autres départements, une prime d’un montant variable en fonction du nombre d’enfants. En 2014, elle se montait à 115 euros pour une personne seule, plus 155 euros par enfant. “Les Bouches-du-Rhône étaient le dernier département à avoir gardé cette sur-prime de Noël”, constatait Martine Vassal. À noter cette année le changement d’appellation de “prime” en “sur-prime”. Il permet à la majorité de rappeler que la CAF en verse déjà une pour la même occasion.
“Allait-elle vraiment aux enfants ?”
Le nouveau système adopté ce vendredi restreint la prime aux familles, qui toucheront 50 euros par enfant. Le choix dans les catalogues de jouets sera plus restreint… “Cette prime allait-elle vraiment aux enfants ? Nous n’en étions pas sûrs, commente Martine Vassal. Nous avons souhaité un dispositif de bons cadeaux, mais cela n’a pas été possible cette année pour des raisons de délai. Ce sera le cas en 2016, ainsi les commerçants en profiteront aussi.” Mâtinée de soutien à l’activité locale, on retrouve là la critique classique de la droite sur le supposé détournement de l’allocation de rentrée scolaire pour acheter des écrans plats.
Au socialiste Christophe Masse, qui l’appelle à “utiliser l’emprunt”, Didier Réault répond : “Vous proposez d’aller dans le mur avec le klaxon et toutes sirènes hurlantes !” De 224 millions d’euros en 2011, la dette de la collectivité est passée à 513 millions en 2014. Cela reste inférieur à la moyenne française. Mais pour Didier Réault, même si le département est d’ordinaire présenté comme riche, le budget 2016 et les suivants seront compliqués à boucler.
En cause, ce que les grands argentiers nomment l’effet ciseau : d’un côté la poursuite de la baisse des dotations de l’État ; de l’autre, la hausse continue des prestations sociales à verser, dans le sillage de la crise économique. Entre les deux lames, les allocataires du RSA. “Certains départements menacent de ne pas payer le RSA en décembre, voire en novembre. Nous n’en sommes pas là. Mais nous ne versons pas le 13e mois pour pouvoir assurer le 12e”, insiste Didier Réault. 115 euros pour une personne seule qui doit boucler son budget mensuel avec 465 euros, curieuse définition d’un 13e mois…
Commentaires
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Personnellement, je trouve l’article un peu ironique méchant envers cette décision et la majorité politique qui l’a prise.
Toutes les collectivités locales, tous partis politiques confondus, doivent faire des économies (surprime de Noel, transport scolaire,…).
Les impôts locaux ont atteint des montants astronomiques et l’endettement des collectivités locales aussi. La relance par le déficit a là aussi montré son échec. Le gouvernement PS actuel baisse les dotations aux collectivités et la droite montre les dents, mais aussi arrivée au pouvoir, elle fera de même.
A moins de creuser le déficit (impôt repoussé dans le temps) ou augmenter encore les impôts, seules des réductions de dépenses sont possibles. Aux élus de choisir lesquelles. Cela n’est pas agréable pour ceux qui en bénéficiaient ni facile pour les élus de choisir. Evidemment, selon qu’on est de droite ou de gauche, les ciseaux ne coupent pas les mêmes défenses. Mais nous mourrons dans ce pays de l’absence de choix. Pour une fois, un choix (très relatif en terme d’argent) a été fait.
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