Un an après la fermeture des frontières algériennes, les chibanis usés par l’isolement

Échappée
par Yasmine Sellami & Yoram Melloul
le 27 Mar 2021
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Depuis le début de la crise sanitaire, les aller-retours entre l’Algérie et la France sont devenus presque impossibles, y compris pour les ressortissants algériens. La situation accentue la précarité et l’isolement des chibanis, ces retraités algériens vivant habituellement entre les deux rives.

Hasan, 77 ans, est bloqué en France depuis un an. Il envoie la moitié de sa retraite en Algérie. (Photo Yoram Melloul)
Hasan, 77 ans, est bloqué en France depuis un an. Il envoie la moitié de sa retraite en Algérie. (Photo Yoram Melloul)

Hasan, 77 ans, est bloqué en France depuis un an. Il envoie la moitié de sa retraite en Algérie. (Photo Yoram Melloul)

C’est comme une photographie figée depuis des années sur le cours Belsunce. Assis sur des poteaux ronds qui séparent le trottoir de la route, deux vieux Algériens prennent le soleil. Sur ces figures familières, partie intégrante du décor, se lisent les marques du temps. Youcef*, “en France depuis 1955”, porte un chapeau en fourrure noire […]
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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Merci pour cet article plein d’humanité, qui donne à voir l’un des angles morts de cette crise sanitaire.

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  2. Jacques89 Jacques89

    Effectivement, on est loin d’imaginer l’étendue des problèmes engendrés par cette pandémie. Ce reportage plein de tendresse met en lumière les aspects du confinement forcé avec ou sans attestation. Pour certains, il a des conséquences bien plus lourdes à supporter et pourrait permettre à d’autres de relativiser.

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  3. jasmin jasmin

    Ca faisait sans doute soviétique, mais quand on avait un seul opérateur d’electricité, de chemins de fer et de telephone, on supportait des couts moins élevés et un service de qualité. Entre l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la France, et plus globalement entre la France et ses anciennes colonies, le rythme des communications est intense. Personne ne roule dans l’or dans cette population. Il aurait fallu qu’au moins un opérateur de téléphonie, en accord entre les gouvernements, applique des couts très bas de communication, comme cela se fait entre les USA continentales et Hawaii ou Porto Rico. Je ne sais pas combien coutent les communications téléphoniques entre la Grande Bretagne et l’Inde et le Pakistan, mais je doute que ça représente la moitié des revenus sociaux des gens. C’est vraiment le minimum que les gouvernements respectifs peuvent faire pour ces citoyens.
    Pour ce qui est des aller-retour vers le pays d’origine, c’est le cas de tous les immigrants qui sont maintenant bloqués par la pandémie. Est ce qu’ils vivent tous la moitié de l’année en France pour toucher le RSA? Est ce que cette règle existe dans d’autres pays occidentaux? Est ce que la règle a été établie en espérant que ces allocations payées par les citoyens du pays d’accueil puissent leur revenir au moins une partie de l’année par la consommation? Aux Etats-Unis, les personnes titulaires d’une carte de séjour doivent justifier de 6 mois de présence aux USA pour conserver leur carte de séjour et ce qui va comme droits avec. Par contre, si ces personnes obtiennent la nationalité américaine, les droits deviennent comme ceux des Américains. Est ce que ces Chibanis n’ont jamais demandé la nationalité française? S’ils l’ont, pourquoi le RSA s’appliquerait avec 6 mois de séjour en France? J’espère que quelqu’un connait la réglementation en France pour me répondre.

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  4. MarsKaa MarsKaa

    Des personnes qui font partie de Marseille et de l’histoire franco-algerienne, des personnes dont les droits sont parfois piétinés, des personnes vulnérables, parfois abusées, personnes “sans histoires”dont on parle si peu. Merci de leur donner ici la parole et une visibilité.

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  5. jasmin jasmin

    L’article explique très bien la situation des vieux immigrants de première génération, quelque soient leurs pays d’accueil et leurs nationalités d’origine. C’est le même cas que les travailleurs immigrés turcs en Allemagne, les Afghans en Iran, les Roumains et Portugais en France, lesetc. Le parti pris de l’article est de presenter la situation vue par l’homme et ses besoins pendant la vieillesse et dans la pandémie, et c’est bien.

    J’aimerais dans un autre article, voir la situation plus globale autour d’eux, avec les choix consciemment effectués qui les amènent dans cette situation, et les raisons qui amènent les gouvernements des pays d’accueil à ne jamais être trop généreuses. J’espère que mes propos ne seront pas perçus comme des relants de racisme parce que ce n’est pas le cas. J’aimerais juste lire un article qui montre aussi un autre angle, où l’homme n’est pas que victime de la situation, un peu moins pathos, même si l’homme est victime au sens de la tragédie grecque parce qu’il n’a pas beaucoup de choix. Montrer comment ce choix l’a amené à cette situation dramatique, écartelé entre deux cultures, tout en essayant de profiter du bon des deux cotés. Je comprends parfaitement qu’on réponde que le devoir du pays d’accueil qui les a employés comme des quasi-esclaves pendant des décennies est de leur assurer une vieillesse décente, et que leur retraite devrait être plus élevée, ou ils devraient pouvoir toucher le RSA à taux plein en vivant toute l’année dans le pays d’origine. J’aimerais le voir dire et écrire et documenter, si c’est le cas.

    Par exemple, je ne peux m’empêcher de penser que le nombre d’enfants qu’on fait est un choix depuis les années 60. Les traditions et croyances de ces hommes leur font choisir une jeune fille au pays, vierge, non contaminée par les pensées de liberté occidentales, leur faisant accepter comme beaucoup d’autres qui formeront leurs réseaux sociaux, cette situation de mère de famille vivant seule avec des enfants à élever, à distance du mari, un peu comme la femme d’un marin parti en mer pour la pêche au gros. Elle ont droit à une vie sexuelle à mi-temps dans le but de procréer un nombre d’enfants considérable dans le but d’arriver, entre les enfants morts, à assurer une descendance nombreuse qui sera contrainte par la force de la tradition d’assurer financièrement et affectivement un confort au moment de la vieillesse bien méritée. Ceci étant dit, c’est un choix. On peut choisir aussi de faire le regroupement familial et faire deux enfants dans le pays d’accueil ou dans le pays d’origine. Parfois ces hommes écartelés entre deux pays en ont assez d’un manque de vie sexuelle la moitié de l’année, et prennent une autre épouse locale ou installent plus généralement une deuxieme vie sur place qu’il va falloir assurer aussi. Parfois c’est une deuxieme épouse au pays.
    Est ce que c’est la maladie et le besoin de soins qui retient ces hommes dans le pays d’accueil une partie de l’année? Est ce que la sécurité sociale ne couvre pas les dépenses santé pour les retraités du système francais même s’ils vivent dans un autre pays toute l’année? Est ce que les amis et la famille en France ne peuvent pas leur envoyer leurs médicaments s’ils ont du mal à en trouver au pays? De ce que je comprends, entre le cout énorme des communications, la depression de la vie seule au froid en France, et les frais du voyage, il ne reste pas vraiment grand chose au RSA touché. Est ce que ça vaut le coup de faire ce sacrifice? J’espère qu’un autre article éclairera.

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  6. Nathan B. Nathan B.

    cet article m’a beaucoup éclairé sur la situation des chibanis.

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