Après Jean-Claude Gaudin, la justice s’attaque au “maire bis” Claude Bertrand
L'homme âgé de 75 ans était le plus fidèle et le plus influent des collaborateurs de Jean-Claude Gaudin. L'ex-directeur de cabinet a passé une deuxième journée en garde à vue jeudi dans le cadre de l'enquête sur la vieille garde de l'ancien maire, ouverte pour détournement de fonds publics et recel.
Claude Bertrand en 2014, lors de la victoire de Jean-Claude Gaudin aux élections municipales. (Photo JV)
Et le “maire bis” a remis ça. Pour le deuxième jour consécutif et après une nuit de repos à son domicile, Claude Bertrand a été interrogé jeudi jusqu’à 18 heures par les gendarmes dans le cadre de l’enquête sur la vieille garde de Jean-Claude Gaudin. Le directeur de cabinet de l’ex-maire de Marseille doit lui aussi répondre du maintien en poste à ses côtés de plusieurs collaborateurs ayant de longue date dépassé la limite d’âge de la fonction publique.
Voilà donc l’homme emporté jusque dans sa chute par celui qu’il a épaulé toute sa vie. Le conseiller municipal et départemental (LR) Yves Moraine, intime du maire, raconte volontiers le parcours du duo :
Ils se rencontrent alors que Jean-Claude Gaudin est un simple conseiller municipal de la majorité Defferre et Claude Bertrand fonctionnaire de l’état civil de la Ville de Marseille. Ils se lient d’amitié, amitié qui ne se démentira jamais durant 50 ans de compagnonnage. Il devient secrétaire général du groupe des indépendants de droite. Lorsque Gaston Defferre rompt avec la droite, Bertrand dit à Gaudin qu’il doit rompre lui aussi avec Defferre : c’est un acte politique fort qui marquera sa carrière. Ils ont mené tous les combats ensemble. Ce sont deux talents qui se sont additionnés : le charisme, la fibre populaire, la capacité d’expression publique d’un côté, la capacité d’analyse, la vision politique de l’autre. Claude Bertrand n’aurait pas fait la carrière qu’il a faite sans Jean-Claude Gaudin. Et même Jean-Claude Gaudin sans Claude Bertrand n’aurait pas fait la carrière qu’il a faite.
Claude Bertrand a été tour à tour (et parfois en même temps) assistant parlementaire, directeur de cabinet à la région ou dans un ministère parisien. “Ils se connaissent tellement que l’un peut dire ce que l’autre dirait. Pour moi les deux c’est une seule et même personne”, résume un ancien collaborateur. “Deux tueurs, tente un ancien élu de la majorité entre admiration et dégoût. Bertrand vous casse, Gaudin vous étreint jusqu’à vous étouffer”. Un duo bien rodé donc à tel point que Claude Bertrand est parti à la retraite en même temps que Jean-Claude Gaudin, à 75 ans. Ce dernier l’a redit devant les enquêteurs : il lui était inconcevable de continuer sa carrière politique sans Claude Bertrand à ses côtés, dans le petit bureau voisin doté d’une porte communiquant avec le sien que l’un et l’autre pouvaient ouvrir à tout moment.
Aussi visé dans l’enquête sur les heures sup’
Cette fois, c’est dans les affaires financières celui qui était parfois surnommé le “maire bis” est donc embarqué. Comme son patron, il est visé par l’enquête sur les heures sup’ bidons menée par le parquet national financier (PNF). Comme l’ancien maire, il pourrait être renvoyé pour détournement de fonds publics par négligence dans ce dossier.
Dans celui qui lui a valu sa longue garde à vue cette semaine, il semble visé à la fois pour détournement de fonds publics – l’emploi de la vieille garde – et pour recel pour avoir conservé son poste et le salaire afférent pendant le dernier mandat municipal de Jean-Claude Gaudin. Seule une convocation pour une mise en examen pourrait préciser les griefs retenus contre lui.
Gaudin ne savait pas tout, loin de là. C’est Claude Bertrand qui gérait tout. On lui évitait au maximum les merdouilles.
Cet intérêt judiciaire s’explique par la place hors normes prise par Claude Bertrand au fil des ans. Aux yeux des magistrats, elle lui a conféré des pouvoirs inhabituels pour un directeur de cabinet. Lors de son audition dans le dossier des heures sup’, la définition de sa fiche de poste les a marqués. Il exerçait, dit-il, à la fois “un pouvoir d’inflexion et d’alerte” mais avait aussi pour tâche d’“essayer de régler un maximum de problèmes avant de les porter à la connaissance du maire”. Autrement dit, relève le PNF, il avait “une certaine indépendance d’action vis-à-vis du maire”. “Gaudin ne savait pas tout, loin de là. C’est Claude Bertrand qui gérait tout. On lui évitait au maximum les merdouilles”, confirme à Marsactu une ancienne du cabinet.
En première ligne pour les embauches de cabinet
En réponse à “l’analyse synthétique” du parquet national financier qui lui a été remise fin novembre, son avocat retient l’idée que Claude Bertrand – qui n’avait pas de délégation de signature – ne pourrait pas être tenu responsable de la distribution fonds publics, ni de leur détournement. “Si la question se posait, il faudrait vérifier si la qualification et les pouvoirs des personnes concernées les rendent susceptibles d’être visées par une infraction de détournement de fonds publics”, explique Marc-Michel Leroux.
Mais dans le dossier de la vieille garde employée au cabinet, l’argumentaire semble plus compliqué car les faits visés sont de son ressort direct. “On ne parle plus d’une équipe à 12 000 fonctionnaires mais d’une équipe de 15. Il n’y a plus de coupe-circuit, il n’y a plus de possibilité de dire c’est la faute du chef de service”, analyse une source proche du dossier.
C’est bien lui qui s’occupait de ces embauches. “C’est lui qui décide, c’est normal, c’est lui qui travaille avec eux au quotidien et Gaudin valide”, résume un habitué du château. “Concernant les salaires et les contrats, les personnels de cabinet étaient directement gérés par Claude Bertrand en lien avec la DRH”, confirme une autre source de l’ancienne municipalité. C’est lui aussi qui demandait aux collaborateurs du cabinet de rendre compte de leurs activités, plus intenses pour certains que pour d’autres. Chaque mission avait notamment pour but de prendre le pouls de la ville, de maîtriser les réseaux, les rouages et connaître les personnalités utiles à l’administration de la cité comme aux futures campagnes électorales. “Il n’y a pas de statut très clair. Formellement le directeur de cabinet est un collaborateur comme les autres, ce n’est pas lui qui embauche”, pondère son avocat Marc-Michel Leroux.
Comme Jean-Claude Gaudin, Claude Bertrand connaissait les règles en vigueur en matière d’embauche. Il en avait fait l’expérience en 2016. Lui-même n’avait pas pu partager son temps de travail entre la Ville et la métropole quand son alter ego avait pris la présidence de l’intercommunalité naissante. Ses 71 ans l’avaient empêché de signer un contrat avec la nouvelle institution et il était resté à plein-temps salarié de la Ville. Aujourd’hui, leur ligne de défense reste la même. “Dès lors que la question des emplois fictifs est objectivement écartée, la question se pose de savoir si travailler après 67 ans ou laisser travailler des personnes de plus de 67 ans constitue effectivement une infraction”, expose Marc-Michel Leroux. Un argument dont les juges d’instruction du pôle financier ne semblent à ce stade pas convaincus.
Leforestier et Gilles, article concis,précis,sans emphase.tout est dit sur une gouvernance empreinte de cynisme, sans aucune improvisation, réfléchie, impitoyable pour conserver le pouvoir ,assise sur des obligés à qui l’on assure un train de vie.
J’entends ici et là que ces deux ont tout donné à Marseille,ils lui ont surtout beaucoup pris.
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On ne peut pas reprocher à Gaudin d’avoir eu un homme de confiance en maire-bis, il y en a partout et même dans le privé. C’est le détournement de fonds et les emplois fictifs qui sont le problème. En tout cas, ça sera le moyen peut être de les faire tomber, comme jadis le FBI faisait tomber les mafieux chefs de syndicats en cherchant du coté des impôts non payés. Ca ne me gêne pas non plus qu’ils soient restés tous les deux jusqu’a 75 ans. Un homme ou une femme de confiance reste là si son mentor est là. C’est ceux qui ont réélu Gaudin qu’il faut interroger pour savoir comment, sachant son âge, son maire-bis et les habitudes, ils ont continué à voter pour lui, et surtout ne pas aller voter pour d’autres. S’ils ont tout donné à Marseille, j’aimerais beaucoup savoir quoi, et j’aimerais qu’on le compare à Jean Monnier pour comparer avec ce que l’autre a fait pour Angers.
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A l’heure où l’on voudrait nous faire travailler de plus en plus tard en reculant l’âge de départ à la retraite, JC Gaudin était un précurseur! Cette formidable bande de copains devaient bien rigoler en se racontant leurs “petits malheurs” de septuagénaires… A ce tarif là, ça valait le coup de se retrouver entre potes (surtout qu’on était pas obligés de se rendre au bureau : il n’y en avait pas pour tout le monde!). Le présentiel n’étant pas obligatoire et la “visio” inconnue de ces “chers amis”, les mensualités salaire-retraite devaient être superbes.
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Sans oublier l’auto
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