Au sujet de l’anonymisation d’une enseignante

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le 23 Déc 2020
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Ce sera donc “une prof de droit”. Ce mardi, nous avons procédé au retrait du nom de l’enseignante-chercheuse qui avait comparé deux religions à des MST lors d’un cours à l’université Aix-Marseille. Cette anonymisation a posteriori appelle quelques explications de notre part.

Dans un premier temps, nous avions jugé que cette personne pouvait – sinon devait – être nommée. En effet, dans l’article de Mediapart qui est consacré à la polémique autour de son intervention, elle réitérait ses propos et ne semblait nullement prétendre à l’anonymat. Venant d’une universitaire, qui publie régulièrement sous son nom ses travaux et à l’occasion apparaît comme signataire de tribunes, cette attitude s’apparentait ainsi à une prise de position publique.

La plainte de la Ligue des droits de l’homme, prise en compte par le parquet d’Aix-en-Provence par l’ouverture d’une enquête préliminaire pour “injures publiques en raison d’appartenance à des religions” était un élément supplémentaire, l’affaire entrant désormais dans un cadre judiciaire qui pourrait, si le dossier prospère, donner lieu à un procès public. Statut d’universitaire et affaire judiciaire : ces deux éléments distinguaient clairement le cas de celui du professeur de collège Samuel Paty.

Une semaine après la publication de cette brève, Le Point rapportait que “l’avocat   de   l’enseignante   annonce   ce   jour déposer   une   plainte   contre  Mediapart pour   «   mise   en   danger   de   la   vie d’autrui  »  après  la   publication   de   son  nom”. Signifiant ainsi clairement sa revendication de ne pas apparaître publiquement. L’article souligne qu’elle ne cesse de recevoir torrents d’insultes et menaces de mort, au point d’avoir été placée sous surveillance policière”.

Dès lors, nous avons été publiquement interpellés sur le maintien de la publication de son nom. Après un débat complexe au sein de la rédaction, nous avons jugé que la volonté de l’intéressée de ne pas être exposée, l’existence de menaces, la sensibilité de la question dans le contexte de l’assassinat de Samuel Paty pesaient plus lourd que l’élément d’information apporté par le nom, s’agissant de plus d’une simple brève de reprise d’une enquête dont nous ne sommes pas les auteurs.

Nous nous inquiétons cependant des conséquences que pourrait avoir une généralisation de ces cas sur la liberté d’informer, avec un risque d’autocensure a priori sur la base difficile à évaluer du seul sujet d’un article, mais aussi sur la liberté d’expression, puisqu’au final c’est l’auteure de la déclaration qui se voit privée de son droit à s’exprimer en son nom, quelle que soit la qualification judiciaire que pourraient trouver ses propos.

Commentaires

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  1. Jacques89 Jacques89

    Après certains s’étonnement et même condamnent l’anonymat sur les réseaux (sociaux ou pas). Des jobards il y en a partout et s’il fallait prendre en compte le paramètre risque avant de s’exprimer, autant s’autocensurer. Pour un prof en charge de former l’esprit critique, c’est dommage ! Si Darmanin pouvait lancer ses sbires pour les trouver, ça prouverait au moins qu’il peut appliquer l’article 433-3 du code pénal et qu’on n’a pas besoin de feu article 24. On a surtout besoin de personnels qui maîtrisent les outils de flicage (encadré) aussi bien que les pirates.

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  2. Alceste. Alceste.

    Alors Marsactu pourquoi ne citez vous pas systématiquement les noms d’affaires publiques

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  3. Alceste. Alceste.

    Les noms dans les affaires publiques

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