LA MAIRE FILANTE
Un nouvel astre a été découvert, à Marseille : la maire filante. Quelques mois après son élection, Michèle Rubirola, la maire issue du Printemps marseillais, a démissionné. Plusieurs articles de « Marsactu » et des journaux de la presse nationale se sont déjà interrogés sur cette démission et sur l’avenir de la municipalité de Marseille, mais sans doute importe-t-il de s’interroger sur les significations multiples de cette démission.
Une charge trop lourde pour les épaules de Michèle Rubirola
Pour éviter des dissensions et des tensions trop fortes liées à une figure trop marquée, le Printemps marseillais avait choisi, pour être candidate au siège de maire, une personnalité un peu effacée, mais, surtout, une personnalité qui était sans doute trop faible pour exercer une fonction impliquant des charges trop lourdes pour elle. Sans doute y avait-il un écart trop important entre la personnalité de Michèle Rubirola, reconnue, par ailleurs, sur le plan professionnel et dans son mouvement d’origine, et l’ampleur de la tâche. Il faut ajouter que cette mission était d’autant plus lourde qu’elle survenait, pour la maire élue, en pleine crise sanitaire et, de plus, après vingt-cinq ans d’une municipalité Gaudin qui n’avait laissé à ses successeurs que des dégâts à réparer et une ville affaiblie à remettre debout.
L’habitude marseillaise des maires durables et puissants
À cela vient se greffer une culture politique marseillaise qui avait connu des maires puissants comme G. Defferre et J.-C. Gaudin qui gouvernaient la ville par des personnalités fortes et qui avaient, en quelque sorte, donné à la ville l’habitude de maires forts qui demeuraient longtemps au pouvoir. L’importance acquise à notre époque par les médias et les évolutions contemporaines de l’espace public ont imposé aux acteurs politiques d’avoir une visibilité que Michèle Rubirola ne détenait sans doute pas assez pour s’imposer dans l’espace public marseillais. Mais, surtout, il faut bien remarquer que G. Defferre et, à sa suite, J.-C. Gaudin, ont pratiquement anéanti l’espace politique marseillais. Il n’est pas facile, aujourd’hui, de sortir du duel entre ces deux personnalités qui a scandé la vie politique marseillaise pendant des décennies.
Les difficultés de l’union de la gauche
Mais il faut aller plus loin. Le choix d’une telle personnalité pour le représenter au siège de maire manifeste, en réalité, les difficultés de la construction d’une véritable union de la gauche à Marseille. Sans doute est-ce plus en raison de la crise que connaît notre pays et par le désir de changer de politique que par adhésion réelle à son projet que les habitants de Marseille ont élu le Printemps à la tête de la ville. Il manque à la gauche, à Marseille, une personnalité d’envergure nationale en mesure de réaliser autour d’elle une véritable union. L’absence de candidat fort illustre la faiblesse de la gauche à Marseille, comme, sans doute, dans le reste du pays, ce qui est grave à l’approche de l’élection présidentielle de 2022 et des élections législatives qui vont la suivre. Il importe aujourd’hui que la gauche retrouve la force qui a été la sienne dans d’autres temps – d’autant plus que la droite est, sans doute, affaiblie, aujourd’hui, par les échecs de la présidence d’E. Macron et par le rejet de sa politique que semble exprimer l’opinion. La démission de M. Rubirola est une véritable épreuve pour le Printemps marseillais, à la fois parce qu’il lui faut trouver un successeur reconnu et parce que cette démission risque de manifester une forme d’incapacité à occuper pleinement les fonctions de maire. Il faut que le Printemps arrive à passer réellement du temps court de l’élection au temps long du mandat.
La municipalité marseillaise à présent
La question essentielle qui se pose aujourd’hui est celle de la succession de Michèle Rubirola. Une hypothèse qui semble un peu folle aujourd’hui est la démission du Conseil municipal et le recours à de nouvelles élections municipales, mais personne n’y est préparé. L’hypothèse qui semble la plus probable est le remplacement de la maire démissionnaire par son premier adjoint, B. Payan. Sans doute s’agit-il de la personnalité qui s’impose au sein du Printemps marseillais. Mais, d’abord, s’il n’avait pas été choisi pour conduire la liste du Printemps lors des élections municipales, est-ce parce qu’il semblait alors représenter un poids excessif du P.S. au sein de l’union de la gauche, au détriment des autres formations qui en font partie. Mais la situation n’a pas changé, et sans doute ce choix risque-t-il d’entraîner des oppositions susceptibles de menacer la force du Printemps, d’autant plus qu’il faut tout de même rappeler que M. Rubirola avait été élue maire par une majorité très fragile. En réalité, il importe aujourd’hui que la ville dispose aujourd’hui de ce qui lui manque : un véritable projet politique.
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