Un audit ternit le bilan d’Yvon Berland à Aix-Marseille université

Enquête
le 15 Déc 2020
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Un audit financier montre une augmentation très importante de la masse salariale depuis 2017, sur les dernières années du mandat d'Yvon Berland à la présidence. Aix Marseille université ne va plus remplacer que sept départs sur 10 alors qu'elle aurait pu sans correction enregistrer un déficit de 26 millions l'année prochaine.

Un audit ternit le bilan d’Yvon Berland à Aix-Marseille université
Un audit ternit le bilan d’Yvon Berland à Aix-Marseille université

Un audit ternit le bilan d’Yvon Berland à Aix-Marseille université

Comment traduire “se serrer la ceinture” en langage technocratique ? “Une modération des effectifs et de la masse salariale afférente a été décidée.” Voilà ce qu’écrit le président d’Aix-Marseille université (AMU) Éric Berton pour présenter ce 15 décembre devant le conseil d’administration son premier budget, celui de l’année 2021. Le budget prévisionnel sans ajustement faisait état d’un déficit potentiel de 26 millions d’euros. En cause, un mélange de plusieurs postes de dépenses en difficulté dont en premier lieu, la politique immobilière. Pour limiter l’hémorragie, l’université devrait être amenée à supprimer des postes en ne remplaçant pas certains départs. L’objectif est fixé à sept recrutements pour 10 personnes quittant l’université, mutés ou retraités. Tous secteurs confondus, c’est une quarantaine d’équivalents temps plein, l’unité de mesure utilisée, qui ne devraient pas être remplacés.

Un audit justifie ce coup de frein important dans une université où des personnels dénoncent déjà le manque de moyens, à l’image de Philippe Blache. Pour ce professeur membre du conseil d’administration au titre de la liste d’opposition” Demain AMU”, “quand on veut faire des économies, pour eux, la variable d’ajustement, ce sont les emplois. C’est un scandale. Au moment où le contexte particulier demande plus de temps auprès des étudiants, on en enlève”.

Le rapport en question a été commandé par Éric Berton pour examiner les exercices budgétaires précédents, à savoir les dernières années de gestion de son prédécesseur Yvon Berland. Celui qui a été président de l’université unifiée de sa fondation en 2012 jusqu’à l’été 2019 est égratigné par ce rapport. Pour le cabinet Deloitte qui l’a réalisé, les deux dernières années ont été marquées par l’augmentation conséquente de la masse salariale. Il chiffre à 29,3 millions d’euros ce surcoût pour l’université dont la moitié entre 2017 et 2019 et l’autre entre 2019 et 2020. “C’est un audit interne, une procédure normale au début d’une mandature, commente sobrement Éric Berton. L’établissement n’est pas en danger. Je veux avoir une gestion de la masse salariale qui soit prudente parce que c’est 80 % du budget de l’université. L’audit montre que ces mesures sont nécessaires.”

11,5 millions d’euros “non-financés”

De nombreux facteurs expliquent cette augmentation et toutes ne sont pas imputables à l’université ou à son président précédent. Ainsi, le glissement “vieillesse-technicité” – l’évolution des salaires en fonction de l’ancienneté et des montées en grade – n’est pas totalement compensé par l’État. Celui-ci n’assume d’ailleurs que 89 % de la masse salariale d’AMU. Mais à lire en détails les conclusions de ce rapport que Marsactu a pu consulter, ce sont tout de même 11,5 millions d’euros d’augmentation de masse salariale qui sont jugés “non financés” depuis 2017. Selon nos informations, cela correspondrait notamment à des postes qui ont pu être débloqués en dehors de “la campagne d’emplois”, la feuille de route de l’université en matière de ressources humaines votée chaque année par le conseil d’administration, des embauches effectuées hors du calendrier balisé. “Hormis des emplois temporaires, il n’y avait pas de recrutement en dehors de la campagne d’emplois”, assure de son côté Yvon Berland. De manière générale, les dépenses “non financées” devraient atteindre 57 millions d’euros en 2020.

Ces dépenses sont dans un premier temps compensées par des ressources propres de l’université, c’est-à-dire par des rentrées d’argent autres que les dotations de l’État : les frais d’inscription aux diplômes ou le mécénat. Mais c’est sur le moyen et le long terme que la question devient plus épineuse car celles-ci progressent à ce stade moins vite que les dépenses “non financées”. “Le truc, c’est l’impact sur les années à venir, note un cadre de l’université. À l’instant T, c’est rentré dans l’enveloppe mais trois à quatre ans après, l’enveloppe, elle va exploser. Car la personne qui perçoit 50 000 euros une année en coûte 52 la suivante, 54, la troisième et ainsi de suite. Et on n’a aucune certitude que les recettes suivent en face.”

Il avait fait du sérieux budgétaire une de ses marques de fabrique

Le même responsable poursuit : “Il y a eu une accélération des recrutements lors des deux dernières années qui n’était pas vraiment dans la politique Berland. La politique était plutôt à la maîtrise de la masse salariale, cela a surpris. A-t-il pensé qu’il n’aurait pas à en assumer les conséquences vu que son départ à la retraite était inéluctable ?” Yvon Berland avait tout au long de son mandat fait du sérieux budgétaire un de ses mantras. Dès le lancement de l’université unique, lui l’ancien président d’Aix-Marseille 2 (médecine, économie…) s’était plaint du manque de sérieux d’Aix-Marseille 1 (lettres, sciences humaines, sciences et techniques…). “La mariée était moins belle que prévue”, disait-il publiquement alors qu’il décrétait “la rigueur” au sein de l’université fusionnée. Le déficit incriminé était alors de 23 millions d’euros.

À ses yeux, la situation est aujourd’hui bien différente. “Vous devriez saluer la qualité de ma gestion, se défend Yvon Berland. Depuis 2012 et jusqu’en 2019, on est sortis en positif de quatre à huit millions sur un budget de 720 millions. Notre fonds de roulement se situe autour de 60 millions d’euros, ce qui nous situe en deuxième position juste derrière l’université de Bordeaux.” Il assume les créations d’emplois des dernières années : “J’ai créé le Cube, l’Hexagone [les bâtiments rassemblant des services universitaires sur les campus Schuman à Aix et Luminy à Marseille, ndlr], amené l’éco-gestion sur le campus Saint-Charles entre autres choses. Il fallait mettre du personnel dedans !” 

L’ancien président avance un second argument : l’augmentation du nombre d’étudiants passé de 70 000 à 77 000 en quelques années : “Depuis 2012, j’ai commencé par geler les postes, puis j’ai fait un pour un et ensuite, j’ai fait un peu plus pour répondre aux demandes régulières des doyens face à cette hausse.”

Yvon Berland s’est, depuis son départ à l’été 2019 très peu éloigné de l’université, [s]on bébé”, dont il est toujours président d’honneur. Il devrait dans les jours prochains devenir conseiller du seul candidat à la présidence de la Conférence des présidents d’université, Manuel Tunon de Lara. Lors de la campagne pour sa succession à la fin de l’année 2019, il n’avait jamais publiquement choisi entre les deux membres de sa majorité qui concouraient pour le poste, dont Eric Berton. Il s’est depuis lancé en politique en conduisant, sans succès la liste soutenue par La République en marche aux dernières municipales.

Actualisation à 9 h : Précision sur le fait que le budget en déficit de 26 millions était une estimation avant corrections et ajout d’une citation sur les recrutements hors campagne d’emploi.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Ces professeurs d’Universités sont d’éternels potages , tout ceci ressemble fort étrangement à un concours de boules puantes.

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  2. Input Output Input Output

    Et encore, personne n’a jamais voulu parler de l’#AMUgate !

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    • Alceste. Alceste.

      Quèsaco ?. Dé qué?

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