LA SANTÉ PUBLIQUE ET LA RÉPRESSION
Marsactu nous apprend, le 3 décembre, qu’une procédure disciplinaire est engagée par Aix-Marseille Université contre Vincent Pavan, enseignant-chercheur à Polytech Marseille, pour avoir refusé de porter le masque et pour avoir engagé ses étudiants à le refuser aussi. Cela nous montre qu’une fois de plus, dans le cadre de la pandémie, la santé publique a changé de signification et est devenue, en réalité, une institution de répression.
La prévention et la répression
Que la santé se soit inscrite dans des institutions peut se comprendre, dans la logique de la prévention médicale : à l’écoute médicale et au soin, qui sont les pratiques médicales engagées dans la relation entre le médecin et son patient, viennent, ainsi, s’ajouter des organisations institutionnelles, destinées à organiser la prévention, à construire des hôpitaux et des établissements de soins, et à consacrer une part du budget des états à la santé. Mais nous n’en sommes plus seulement là : la santé publique est devenue une institution de répression, et elle ne s’associe plus seulement aux institutions de recherche scientifique comme depuis toujours, mais aussi aux institutions de répression et de conservation de l’ordre. Dans la circonstance particulière de la pandémie, la médecine n’est plus destinée seulement à soigner et à guérir, mais aussi à surveiller et à encadrer la population. C’est ainsi qu’un enseignant-chercheur fait l’objet d’une procédure disciplinaire pour avoir exprimé une opinion sur la politique de santé publique engagée à l’occasion du coronavirus et de sa prévention.
La fin des libertés de penser
Les universités ont, depuis toujours, constitué des lieux et des institutions où s’exercent pleinement la liberté de pensée, de concevoir des opinions, mais aussi celle d’apprendre aux étudiants à se forger des idées en leur donnant les outils et les méthodes pour cela. Dans les universités, le savoir est un outil de liberté, il permet d’avoir une véritable indépendance vis-à-vis des instituions, de s’affranchir des exigences et des normes élaborées par les pouvoirs. Sans la liberté de penser, il n’y a pas de recherche scientifique possible, car il faut bien être indépendant des pouvoirs pour mener à bien une recherche qui ne soit pas soumise à leur censure et qui, par conséquent, puisse réellement élaborer des méthodes et des procédures donnant le recul nécessaire à la critique et à la construction d’idées et d’opinions pleinement fondées en raison et en savoir. Nous nous trouvons aujourd’hui face à la fin des véritables libertés de penser qui sont, cependant, une exigence de la modernité et une arme contre le conservatisme.
La dimension universitaire de la surveillance
Ce qui arrive, aujourd’hui, à V. Pavan nous apprend que l’université, qui était donc un espace libre de réflexion est en train de devenir, sous le prétexte de la prévention sanitaire, un espace soumis comme d’autres lieux de l’espace public, à la surveillance et à la répression. On se croit revenu aux temps les pires de la censure que les hommes aient connus dans l’histoire, et on se prend à penser au roman de Bradbury, publié en 1953, Farenheit 451, qui montre, dans le futur, que le rôle des pompiers n’est plus d’étendre les incendies mais de brûler les livres. Ne nous trompons pas, ne nous berçons pas d’illusions : ce qui est en train de se produire à Aix-Marseille Université nous montre que Farenheit 451 est en train de ne plus être de la fiction mais de devenir la réalité politique à laquelle nous sommes soumis. Si l’université devient aujourd’hui un lieu de surveillance, elle sera demain – mais peut-être même déjà aujourd’hui – un lieu de surveillance des pensées et des opinions et un lieu d’embrigadement et de soumission de la recherche.
Le dévoiement de la médecine
C’est qu’en devenant ainsi un prétexte à la répression, la médecine change de signification. À la fois parce qu’elle est de plus en plus soumise aux lois du marché, notamment dans l’élaboration de médicaments nouveaux et, aujourd’hui, dans la concurrence entre les vaccins, et parce qu’elle est devenue une forme d’auxiliaire des autres instituions de la surveillance, la médecine a changé de rôle, elle est dévoyée en se trouvant soumise aux pouvoirs au lieu d’être indépendante d’eux. Cela implique que, demain, ou, sans doute, même déjà aujourd’hui, le soin aussi sera soumis aux exigences des pouvoirs. Cela risque d’entraîner la fin d’une véritable liberté de penser qui est pourtant nécessaire pour soigner les patients sans œillères et sans être soumis aux limites et aux normes de l’ordre établi. Si la médecine devient ainsi un prétexte pour la répression, le soin deviendra impossible. La médecine doit, aujourd’hui, à Marseille, manifester son opposition à l’intrusion des logiques de la répression dans le champ du savoir et de la recherche.
Commentaires
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Merci pour cette alerte qui, compte tenu du résultat de notre pays en terme de mortalité, ne peut évidemment pas justifier la panoplie des contraintes imposées. Brésil et Suède qui ne confinent pas ou très peu (et surtout n’imposent pas le masque) ne s’en portent pas plus mal. Respectivement, 0.08%(comme ici) et 0.063 à fin novembre 2020.
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Non mais sans blague, vous êtes sérieux là ?
Certes on est désormais habitué depuis quelques mois a écouter et lire des commentaires bêtes et méchants en quantité industrielle !
Mais votre tribune est un tissus d’ineptie.
Les universitaires et les chercheurs peuvent bien penser et exprimer ce qu’ils veulent … comme tout citoyen ! Ils peuvent faire une tribune pour dire qu’ils sont contre la vaccination et que Macron est un dictateur, et que le gouvernement est un ramassis d’incapables. Aucun policier n’ira sonner chez eux à l’heure du petit déjeuner !
Mais ils ne sont pas au-dessus des lois et règlements, et ils n’ont pas à inciter leurs étudiants à ne pas respecter ceux-ci.
Faut-il donner aux universitaires le droit de fumée en cours ou dans les locaux publics, sans risque de sanction ? De conduire sans casque ou sans ceinture de sécurité ? D’arriver bourrer en cours ? Faut-il rétablir le droit de cuissage sur les étudiantes ?
« La médecine doit, aujourd’hui, à Marseille, manifester son opposition à l’intrusion des logiques de la répression dans le champ du savoir et de la recherche. »
Je pense que l’on doit surtout renforcer la prévention et soin psychiatrique …
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