[Comment ça va Emmaüs ?] “Nous perdons 140 000 euros par mois”
Durant le premier confinement, Marsactu avait suivi les "premiers de corvée" qui continuaient à travailler. Pour cette saison 2, nous nous intéressons chaque jour à celles et ceux que la crise économique frappe avant la crise sanitaire. Aujourd'hui, Kamel Fassatoui, responsable de la communauté Emmaüs Pointe-Rouge.
[Comment ça va Emmaüs ?] “Nous perdons 140 000 euros par mois”
On connaît Emmaüs pour ses boutiques, où l’on peut se meubler, se vêtir et s’équiper d’occasion, ainsi que pour ses actions de solidarité. On sait moins que les communautés sont de grosses machines, qui font vivre des dizaines de compagnons. Comme tous les magasins de produits non essentiels, les lieux de vente ont dû fermer, privant les structures de leur principale ressource et activité. Responsable d’Emmaüs Pointe-Rouge, Kamel Fassatoui décrit une organisation qui s’adapte, en accueillant un marché de maraîchers par exemple, tout en restant ancrée dans ses valeurs.
Comment ça va ?
Moyennement bien. L’essentiel est préservé, c’est-à-dire que les 70 personnes qui habitent chez nous, puisque nous sommes un foyer solidaire, ne sont pas malades. Néanmoins il n’y a pas d’activité, ce qui est important d’un point de vue économique mais aussi pour se sentir bien. On essaie d’occuper le groupe comme on peut, en faisant des travaux de jardinage, en préparant le déconfinement. On se projette aussi sur des actions de solidarité, pour ceux qui sont encore plus précaires, pour les étudiants, pour les producteurs locaux avec un marché installé sur notre parking. Mais c’est compliqué pour certains compagnons. Nous avons des personnes fragiles, pour qui des choses difficiles du passé remontent à la surface.
D’un point de vue économique, vous n’avez pas les recettes des boutiques mais pas non plus de réduction des dépenses, car les compagnons n’ont pas droit au chômage partiel…
Nous avons bénéficié au premier confinement d’un prêt garanti par l’État, mais un prêt il faut le rembourser. Effectivement, les compagnons, à qui nous versons une allocation, ne sont pas des salariés. Je ne fais pas d’entretien d’embauche, le principe est l’accueil inconditionnel. Les responsables de communauté, comme moi, seront ce mois-ci au chômage partiel à 60 %. Mais cela ne représente pas grand chose par rapport aux loyers de nos quatre boutiques en centre-ville, au crédit de la salle de vente reconstruite suite à l’incendie, à la cantine et à l’allocation que nous versons aux compagnons. On perd 140 000 euros par mois.
Allez-vous demander une aide à l’État ou aux collectivités pour encaisser la crise ?
Nous vivons du travail, pas des subventions, pour être indépendant vis-à-vis des pouvoirs publics. Et on n’a pas envie de remettre cela en cause. Nous lançons un appel aux dons et nous allons essayer de résoudre nous-même ce problème économique majeur, en augmentant les heures d’ouverture, en renforçant notre présence dans la ville, en diversifiant notre activité avec des partenariats qui ont du sens. Nos boutiques sont des espaces appréciés, qui ne sont pas aseptisés, et nos compagnons ont vu de nouvelles têtes venir au déconfinement, où nous avons augmenté nos recettes.
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