Résidences fermées à Marseille : “Quelle ville est-on en train de construire ?”
Dans son documentaire En remontant les murs Marie-Noëlle Battaglia se penche sur la question des résidences fermées à Marseille. Elle y promène sa caméra dans la quiétude de la résidence Barry et aux abords de Coin-Joli (9e) , des résidences dont la fermeture complique l'accès à l'école des enfants du quartier.
Capture d'écran du documentaire de Marie-Noelle Battaglia En remontant les murs.
Commentaires
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« Pourtant, ce sont des questions qui impactent un quartier, une ville, qui font partie du bien commun et qui devraient être prises en charge par les pouvoirs publics. »
Si les questions peuvent effectivement intégrer une démarche collective, il demeure que les « domaines privés » sont le résultat d’une politique de l’urbanisme qui a favorisé (et favorise encore) les programmes d’aménagements dans lesquels la collectivité ne s’implique pas. Pour les mairies comme pour les concessionnaires de réseaux (voirie, eau, électricité, téléphone…) tout aménagement est une source de revenus supplémentaires. Laisser aux privés de soin d’investir dans les équipements (qui quelques fois reviennent dans le domaine public au bout d’un certain temps, si la collectivité le souhaite), est une façon économique de gérer les espaces mais il est rare que ces derniers fassent l’objet d’intégration au tissu urbain collectif au stade du projet. C’est d’autant plus regrettable lorsque le terrain est issu d’une réserve foncière communale vendue pour une bouchée de pain.
Les plans d’urbanisme prévoient en règle générale des zones à aménager dont la constructibilité est liée à un projet d’aménagement complet (sur la totalité de la zone). Cette démarche est justement faite pour analyser les contraintes et la cohérence avec les zones périphériques déjà urbanisées. Malheureusement, les collectivités sont les premières à saucissonner les espaces pour réduire les surfaces concernées afin de réduire les coûts et les délais d’installation des contribuables, électeurs potentiels. Au final les raccords du patchwork sont aléatoires et dépendent plus des liens « affectifs » entre les aménageurs et les décideurs que du schéma établi à l’origine du plan.
La solution serait donc d’imposer la rétrocession au domaine public de l’ensemble des voiries à l’issue de la construction, ce qui suppose bien entendu un contrôle à priori du futur gestionnaire sur les ouvrages qu’il aura à gérer (pour éviter de récupérer des ouvrages non conformes aux règles de l’art).
Toutes ces démarches relèvent donc d’une volonté de contrôle par la collectivité des aménagements réalisés sur son territoire. Mais pour cela, il faut des services publics compétents et suffisamment étoffés pour garantir l’efficacité de la mesure ; un antagonisme criant au regard des orientations qui sont données par nos politiciens chargés de réduire la dette.
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Vous verriez les rues du Coin Joli, c’est miteux. Goudron plein de trous, trottoirs-parking et m… de chiens.
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Ces résidences fermées sont un scandale et un symbole terrible du repli sur soi, loin du vivre ensemble dont nous avons pourtant tant besoin aujourd’hui dans ce pays !
Dans le 9è, ces rues privatisées sont devenues une plaie, obligent à faire des détours insensés et créent des bouchons au moindre problème.
Depuis le passage à sens unique de l’avenue Desautel il y a quelques années (alors qu’il aurait suffi de rogner sur le trottoir et l’école voisine sur une vingtaine de mètres), on ne peut désormais regagner le chemin Joseph Aiguier que par le chemin de la Bonnaude, pas du tout adapté (accès très étroit par la contre-allée de Michelet, et débouchant sans visibilité en face du CNRS donc très dangereux). Mais cela n’a certainement aucun rapport avec le fait que la Bonnaude longe des HLM… contrairement à toutes les rues privatisées voisines…
Honte aux résidents claquemurés dans leur égoïsme à vomir, et aux élus complices de tels comportements alors qu’ils devraient au contraire encourager le lien social !
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heritage des mafieux municipaux deferro-gaudiniste quasiment impossible a defaire et politiquement irréalisable pour les elus ( ou suicidaire)
c ‘est un des exemples du desastre de la ville parmi d autre
ce qui sonr dedans et meme seux qui sont dehors n ‘arrivent meme pas ou plus a comprendre la situation
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“Depuis 2007 une équipe d’universitaires géographes explorent Marseille en y cartographiant l’emprise croissante des “résidences fermées”… Ce que Mc Kenzie appelait “Privatopia”.
Cet article et le filme de N Battaglia télescopent, complémentarisent et enrichissent une exposition remarquable sur ce sujet : “Marseille Privatopia” du 8 au 24 octobre 2020 à la salle Pouillon, Campus Saint Charles Place V. Hugo.
Du nord au sud de Marseille (championne de France des enclosures) c’est une noria de rues privées et de nouvelles constructions “sécurisées”.
Mais pas que. Il y a des archives du siècle dernier à nos jours, des peintures sur ces transformations, les effets écologiques, sociologiques, politiques… Remarquable, je vous dis.
Pour la petite histoire, on peut consulter la these du doctorant géographe Julien Dario (également exposant) à qui “ON” a demandé de pas la sortir avant les municipales…
Etonnant non ?
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Est-elle sortie finalement ?
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oui et exposée.
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merci ! notre exposition se termine samedi 24 octobre à 14 heures !
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Je suis syndic et je vous assure que ce sont souvent les habitants qui demandent à fermer leurs copropriétés.
Cela coûte parfois cher, et nécessite l’accord de 2/3 des copropriétaires. Ce n’est pas simple à faire voter.
Leur seule motivation est de se rassurer, de se protéger.
Je pense que les promoteurs qui vendent des résidences fermées sont également poussés à faire ces fermetures.
Je n’ai pas vu de différence dans les autres villes dans lesquelles j’ai travaillé donc ne comprend pas bien ce qui est spécifique à notre ville ?
Je vais tenter de lire la thèse de Julien Dario
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Il suffit de lire un plan local d’urbanisme (qui reprend le code du même nom) pour se rendre compte que tout est fait dans la loi pour intégrer les aménagements (à l’existant, aux paysages, aux commerces…) et/ou corriger des manques (échelle des âges, mixité de populations…). Bref, rendre les aménagements socialement acceptables. Les résidences privées « calfeutrées » organisent plutôt la division. Un choix qui apparaît contraire aux règles de la république (même si leurs gardiens font tout pour y déroger quand ça gêne un copain).
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Je n’ai jamais vu autant de rues fermées qu’à Marseille. Je n’en ai jamais vu ailleurs en réalité.
Peut-être cela s’est-il répandu dernièrement, je ne sais pas, mais ce n’était pas le cas il y a quelques années.
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Dans ma copro on a ferme ,pour faire cesser l incivilité des gens d en face. Le soir, la place de stationnement était occupée par un voiture étrangère, a, la copro.Restait plus a attendre que la personne considérée arrive avec bien sur un accueil frais. Bref rien d antisociale.
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Si, il y a de fortes différence, à Marseille cela touche toutes les parties de la ville, c’est facilité par l’emprise des rues privées, vous pouvez aussi venir visiter l’exposition “Marseille Privatopia”, Espace Pouillon, campus saint Charles, dernière semaine : visites commentées lundi 19 oct à 11h et mercredi 21 à 14h
sinon les ouvertures sont : mercredi 21 oct et jeudi 22 oct de 14h à 19h, vendredi 23 de 14h à 18H. Vendredi 23 à 18h : projection de films (dont celui de Marie Noelle Battglia). inscription marseilleprivatopia@free.fr
ultime rattrapage : samedi 24 de 11 à 14H.
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J’ai habité 25 dans le lotissement Barry le choix était de fermer le lotissement aux voitures. En effet un certain nombre d’automobilistes empruntaient les rues comme raccourci et allaient vite ce qui mettait en danger les habitants : personnes âgées et enfants notamment. La fermeture aux véhicules a permis aux enfants de pouvoir jouer dans la rue en toute tranquillité. Et par contre je tenais beaucoup à ce que la circulation des piétons soit maintenue. Il faudrait peut-être en finir avec le règne de la voiture qui prime sur tout. Je pense par exemple aux voitures qui stationnent en toute impunité sur les pistes cyclables…
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Oui le lotissement Barry a laissé pendant longtemps l’accès ouvert aux piétons (pas sûr que ce soit encore le cas), ce qui faisait une grande différence avec le Coin Joli (dont les rues sont un cul-de-sac pour les voitures qui plus est).
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Pour avoir vécu la fermeture (je faisais partie des minoritaires qui s’y opposaient) le seul argument était ” la sécurité”… Ces grilles n’emm…. Que les honnêtes gens. Les malintentionnés arriveront toujours à rentrer (un coup de pieds bien placé ou un aimant Inversé ou se glisser derrière un des 500 habitant suffisent) par contre les amis…
Je me suis fait agresser dans l’entrée de mon immeuble. Les témoins qui ont voulu m’aider à poursuivre l’agresseur étaient bloqués derrière la grille.
Les grilles coûtent cher, bloquent une rue et ne servent à rien
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je confirme l’intérêt du film de MN Battglia dont j’ai pu visionner une partie avant son avant-première (cet après midi, 16h, au cinéma le Miroir de la Vieille Charité). Les universitaires que nous sommes avons collaboré en amont avec la cinéaste qui a ensuite réalisé une œuvre originale et stimulante. A Marseille la fermeture touche toutes les parties de la ville, elle est facilitée par l’emprise des rues privées, vous pouvez aussi venir visiter l’exposition ART SCIENCE en collaboration avec l’artiste Anke Doberauer qui vous fait découvrir les paysages cachés de ces résidences…
“Marseille Privatopia”, Espace Pouillon, campus saint Charles, dernière semaine : visites commentées lundi 19 oct à 11h et mercredi 21 à 14h. Sinon les ouvertures sont : mercredi 21 oct et jeudi 22 oct de 14h à 19h, vendredi 23 de 14h à 18H.
Vendredi 23 à 18h : projection de films (dont celui de Marie Noelle Battaglia et deux autres). inscription marseilleprivatopia@free.fr
ultime rattrapage : samedi 24 de 11 à 14H. EDorier
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Je pense que vous vous trompez de combat, le passage des voitures dans les résidences n’est absolument pas un garant du lien social ! Par contre obliger à maintenir l’accès piéton me paraît tout à fait pertinent pour le maintien du lien social. Pour ma part je n’ai pas le sentiment de créer du lien quand je suis dans ma bagnole, ce serait même plutôt l’inverse…
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Cet entretien intéressant résonne avec le point de vue, exprimé dans Marsactu deux jours plus tôt, de Nicolas Binet : dans les deux cas, avec un point de départ différent, on parvient au constat d’une ville éclatée.
Mais est-ce encore *une* ville, au fait ?
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Ou plutôt, je verrai Marseille comme une ville “poudingue” qui pour mémoire est “une roche sédimentaire détritique consolidée, constituée de débris arrondis, qui sont d’anciens galets ayant subi un transport sur une certaine distance dans des rivières ou sur un littoral”.
Cette ville ressemble à cela ,notamment par cette politique de privatisations et de ségrégation assumée, à cet agglomérat lié par un pseudo ciment que l’on appelle être marseillais .
Marseille , une ville de débris agglomérés, l’image est peu poétique j’en conviens , mais trés parlante.
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Ce poundingue est largement visible à La Ciotat du côté du Mugel. Et bien évidemment, cette ville, poussée par ses élus, tend à vouloir ressembler à Marseille en privatisant à tout va…
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@LN
Ok, mais la couleur n‘est pas la même. Surtout juste à côté de ce site magnifique du Mugel, vous savez ? Espinon, un poil au nord, où se déversent les eaux de la station. Plutôt sombre le poudingue !
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Merci à Marie Noëlle Battaglia pour son formidable reportage qui m’a beaucoup ému et à l’équipe du LPED, Elisabeth Dario et Julien Dario pour leur travail.
Tiens, je repose ça là : Article toujours d’actualité je crois…
https://marsactu.fr/agora/de-lenfermement/
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@Jaques89. J’ai lu votre post d’hier et les liens qui vont avec… Stupéfiant.
Bien d’accord avec vous. Nous avons subi la construction du bassin Ganay Au fil des mois on a découvert la gabegie politique, financière, ecologique… bien enrobés dans une communication extraordinaire. On nous a accusé d’être de riverains egoïstes. Mais face à un système bien rodé, au final on a été condamnés par le tribunal. Le bassin est terminé, il a coûté une fortune. Quant aux calanques…
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Merci LN
Je confirme et cet un fait relativement nouveau, la justice (depuis que Sarko a voulu limiter les recours au TA) trouve toujours les moyens d’écarter les recours qui pourraient compromettre les projets de nos chers élus. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai déconseillé aux associations locales de recourir au Tribunal Administratif dans le cadre de l’ascenseur à yachts. Même s’il est évident qu’un débat public devait être organisé, un juge aurait pu ne pas prendre en compte les aménagements du port dans le programme de LCS le faisant ainsi passer sous le seuil des 75 millions qui déclenche le débat public. Vu le montant, les dommages et intérêts auraient pu être fatals pour les assos. La ministre E. Borne semblait convaincue du vice de forme mais Pompili est restée aux abonnés absents. « Belle » démocratie que nous vivons !
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Pour info le lotissement Barry est toujours ouvert aux piétons. Les enfants peuvent passer dans ses rues pour se rendre à l’école et pendant les vacances ils font de la trottinette dans les rues et jouent en sécurité. Bref des rues piétonnes quoi ! Il ne faudrait pas raconter n’importe quoi pour étayer une thèse ça la rend du coup moins crédible.
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