Le grand projet d’hôpital privé repasse à la moulinette de l’enquête publique
Le nouveau projet d'hôpital privé de Saint-Barnabé entre ce jeudi en enquête publique. Les habitants sont appelés à se prononcer sur ce projet d'ampleur qui a déjà suscité de vives oppositions. Cette fois-ci, la nouvelle municipalité a déjà dit qu'elle ne souhaitait pas le voir construire à cet endroit.
Vue d'architecte du projet d'hôpital privé (Image DR)
Il est censé permettre la fusion des cliniques Beauregard et Vert-Coteau, toutes deux situées dans le 12e arrondissement. Le projet d’hôpital privé du groupe Sainte-Marguerite passe à la phase “enquête publique”, pour la deuxième fois en deux ans. En 2018, une première mouture de ce projet d’envergure – qui s’étend sur deux hectares à l’emplacement de l’ancien collège Louis-Armand (12e) et représente environ 570 lits – avait recueilli un avis défavorable du commissaire enquêteur.
Après analyse des commentaires des plusieurs centaines de participants, celui-ci tranchait : “Il n’est pas souhaitable qu’un tel projet se fasse sans un large soutien du public et de ses riverains.” Les porteurs de projet ont depuis revu leur copie. Une version qui se veut allégée (réduction de la hauteur, suppression d’un bâtiment et de l’héliport initialement prévus), sur laquelle les citoyens sont donc invités à s’exprimer à partir de ce jeudi jusqu’au 30 septembre. Une participation toutefois contrainte par les règles sanitaires liées à l’épidémie en cours. Il faut par exemple s’inscrire 48 heures à l’avance pour rencontrer la commission d’enquête. Rien qui ne décourage certains habitants toujours autant opposés au projet.
“Il y a soi-disant eu une révision mais on est sur la même superficie, la même hauteur et la même profondeur”, croit savoir Cécile Vignes, habitante du quartier, ancienne candidate sur la liste divers droite de Bruno Gilles et fervente opposante à l’hôpital privé. Après avoir mené plusieurs mobilisations contre la création de cette structure hospitalière privée, elle compte bien continuer son combat. Cette fois-ci, elle estime que les planètes lui sont favorables. “On va se remobiliser. En tant qu’habitants, on sait que c’est de la folie de faire ça à cet endroit. Cela va créer des embouteillages et on ne peut pas manœuvrer. On a voulu nous faire passer pour des gens qui ne pensent qu’à eux mais quand on lit l’avis de l’autorité environnementale sur le bruit, la pollution, le trafic… on voit bien qu’ils se font allumer.”
Réévaluer la modélisation du trafic
L’instance consultative du ministère de l’Écologie, dont l’avis est associé au dossier d’enquête publique formule quatorze recommandations. L’autorité environnementale demande ainsi aux porteurs de projet de “justifier que le site sélectionné et les choix d’aménagement effectués constituent une solution raisonnable de moindre impact sur l’environnement dans le cadre des besoins en infrastructures hospitalières à Marseille”. Elle demande également de “revoir la méthode de l’étude “air et santé”” et de “réévaluer la modélisation du trafic et des incidences sur l’ambiance sonore”, de “compléter la présentation de l’insertion paysagère” et “l’étude d’impact sur les eaux souterraines en phase de chantier”. Et enfin de “justifier l’absence de dispositifs d’économie d’énergie et d’utilisation des énergies renouvelables”.
“Quatorze recommandations c’est énorme et cela prouve la légèreté de ceux qui ont donné l’autorisation et des porteurs de projets”, estime Cécile Vignes. Malgré l’avis défavorable du commissaire enquêteur en 2018, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin avait réaffirmé son soutien au projet tout comme la présidente de la métropole et du département, Martine Vassal (LR). La métropole a d’ailleurs adapté les règles d’urbanisme pour rendre possible le nouveau projet à l’occasion du plan local d’urbanisme intercommunal voté en décembre 2019. Dans le dossier de l’enquête publique – consultable en ligne et en mairie à partir de ce jeudi – se trouve également le mémoire en réponse des porteurs du projet qui est, selon eux, de nature à rassurer les riverains.
“Pour nous, il n’y a pas de problème de circulation”
“Il ne s’agit pas de la création d’un nouvel hôpital mais bien de la fusion de deux cliniques, rappelle Daniel Gilles, responsable du projet lors de cette enquête publique. Les problèmes d’enclavement sont bien pire à Beauregard que ce qui est prévu.” Il poursuit : “Si nous n’avions pas fait d’études techniques, les inquiétudes seraient légitimes, mais elles se trouvent dans le mémoire en réponse. Les gens qui habitent à côté ne veulent pas voir un gros bâtiment se construire là, mais personne n’a lu les études sur le transport, la pollution… Pour nous, il n’y a pas de problème de circulation, la voirie et le trafic sont adaptés.” Après avoir centré une partie de sa campagne contre la bétonisation en général et contre ce projet gigantesque en particulier, la nouvelle majorité estime pourtant ce point crucial.
“La localisation est mal choisie, le quartier est saturé en voitures et forme un goulet d’étranglement”, répond Mathilde Chaboche, nouvelle adjointe à l’urbanisme. Si celle-ci tient à louer la phase de concertation, qu’elle se retrouve à organiser après l’alternance politique, elle ne peut cacher son opposition au projet. “C’est un mauvais projet au mauvais endroit. Nous sommes clairement contre mais nous sommes respectueux de la loi. Nous avons fait campagne contre ce projet mais aussi pour la concertation.”
In fine, c’est bien la municipalité, à qui appartient également le terrain, qui signera ou non le permis de construire. “Michèle Rubirola elle-même est venue sur le site pour s’opposer au projet, je les vois mal se dédire”, se dit confiante Cécile Vignes qui pense déjà à une alternative. Du côté du groupe de santé varois, on estime avoir fait le nécessaire pour convaincre de l’utilité du projet. La nouvelle municipalité tranchera.
Commentaires
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Sur un terrain municipal, on devrait faire un équipement public ! Les patrons des cliniques privées, n’ont qu’à aller voir leurs amis promotteurs immobiliers et chercher un terrain privé. A Marseille ou ailleurs. Pourquoi jouiraient ils d’un terrain tres bien placé (metro, verdure, calme) à prix avantageux ? LAPHM n’a pas besoin de place ?
Les ecoles nont pas besoin de s’étendre ?
On n’a pas besoin de creer des centres aérés vraiment aérés (avec du terrain, des arbres, un jardin ?).
Une maison de retraite publique (si ça existe encore ?) ?
Une ecole de musique ouverte à tous ?
Un centre municipal d’animation pour tous les ages ?
Les besoins en équipements publics ne manquent pas !
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Si Martine nous lit, vous êtes bon pour un signalement de bolchevisme ….
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Ça fait longtemps que les réserves foncières des collectivités servent à acheter à prix fort aux copains des copains pour revendre des clopinettes à d’autres copains.
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Je sens la déception poindre chez certains avec cette enquête publique
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Petite précision : Cécile Vignes n’est pas conseillère d’arrondissement. Elle n’a pas été élue.
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Bonjour,
Oui, cela a été corrigé, merci pour votre vigilance.
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Pour refuser de signer le permis Mme Rubirolla doit justifier sa décision par des arguments et dans la mesure où la Métropole, Mme Vassal, a mis le PLU en conformité avec le projet , alors que c’est le projet qui aurait du se mettre en conformité avec les documents d’urbanismes, il lui sera difficile de ne pas signer le permis malgré sa position personnelle
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Bonjour,
La municipalité est également propriétaire du terrain. La vente de celui-ci n’étant toujours pas effective, la mairie dispose donc d’un levier d’action supplémentaire pour s’opposer au projet.
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Mme Artaud, ça sent le conflit juridique cette affaire. Entre les délibérations qui ont pu être prises par le clan Gaudin et les dépenses engagées pour le projet (maîtrise d’œuvre et études géologiques notamment), pas sûr que cela se termine sans passer par le juge. Des papiers en perspective pour notre plus grand plaisir 🙂
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Suite à la réponse de Violette Artaud au commentaire de Brasila8, n’y a t il pas eu une promesse de vente du terrain au GIE Sainte-Marguerite ? Si oui, est-ce qu’elle ne lie pas la nouvelle municipalité ?
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Pour construire sur un terrain il faut soit en être propriétaire soit avoir l’autorisation du propriétaire , s’il y a eu promesse de vente l’annulation moyennant indemnités doit être prévue dans l’acte la balle est semble-t-il dans le camp de la municipalité
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Une question pour Marsactu : le maire sortant avait déclaré qu’il ferait tout pour que ce projet d’hôpital privé aboutisse. Dès lors, a -t-il pu profiter de la période de l’état d’urgence sanitaire et des pouvoirs qui lui ont été accordés pour agir en ce sens ? par exemple en cédant le terrain?
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un article du journal La Provence vers la fin juin le laissait supposer
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