FAIRE RENAÎTRE LA RUE D’AUBAGNE
La ministre déléguée chargée du logement, Emmannuelle Wargon, s’est rendue, jeudi dernier, avec Michèle Rubirola, rue d’Aubagne, à la fois pour apprécier l’importance du chantier en cours pour la réhabilitation de la rue d’Aubagne et, sans doute, pour manifester le soutien de l’État à la municipalité.
Le réveil de la rue d’Aubagne : un défi
Après l’effondrement des immeubles, la reconstruction et le réaménagement de la rue d’Aubagne constituent un véritable défi. Il s’agit, d’abord, d’un défi pour le logement – c’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle c’est la ministre déléguée chargée du logement qui est venue représenter le gouvernement sur les lieux. Il faut à la fois reloger les familles chassées de leur foyer et reconstruire des immeubles en mesure de recevoir de nouveau des logements. Mais il n’y a pas que cette approche, en quelque sorte fonctionnelle, du défi. En effet, c’est aussi un défi culturel : c’est toute la mémoire d’un quartier, mais aussi toute sa vie sociale, toutes les relations entre ceux qui y vivent, toute l’existence même de ce quartier, qu’il faut reconstruire. C’est tout un espace de la ville de Marseille qu’il faut réveiller, à qui il faut rendre une vie, qu’il faut, littéralement, faire renaître – non de ses cendres, mais de ses gravats. Mais c’est aussi un défi politique : la nouvelle municipalité, conduite par Michèle Rubirola, qui vient d’être élue, a devant elle ce qui constitue sa première épreuve : en effet, il lui faut montrer aux habitants de Marseille – mais aussi se montrer à elle-même – qu’elle a la force de répondre aux exigences de la population, qu’elle est apte à apporter à ceux qui vivent à Marseille ce qu’ils attendent d’elle en l’ayant élue à leur tête.
Une leçon pour l’avenir de l’urbanisme et du logement
L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne aura été une leçon. D’abord, c’est une leçon pour l’architecture et pour la construction. En effet, on se rend compte que l’on ne peut pas construire sans prendre garde aux situations environnementales dans lesquelles on se trouve. Surtout, on se rend compte, devant la catastrophe, que la construction ne se situe pas seulement dans le temps court du présent, mais qu’elle s’inscrit aussi dans le temps long. Cela peut parfois prendre un siècle, voire plusieurs, mais le réel de l’environnement finit toujours par rattraper ceux qui ont voulu construire sans prendre assez de précautions, sans investir assez de moyens, sans mettre en œuvre une véritable réflexion sur les exigences propres au site dans lequel on construit. Mais le défi de la rue d’Aubagne est aussi un défi pour l’urbanisme et pour l’aménagement des quartiers. C’est qu’il faut prendre garde, aussi, à l’évolution de la vie sociale des quartiers des villes. Le quartier de Noailles est une illustration, parmi tant d’autres, des incidences de la mutation des quartiers et de leurs habitants sur la géographie de la ville. Il importe de saisir l’occasion de la reconstruction de la rue d’Aubagne et du quartier pour faire revenir dans la ville celles et ceux qui en ont été chassés par la montée des prix de l’immobilier, il importe de faire retrouver aux quartiers du centre de la ville l’identité qui était la leur.
Une épreuve de solidarité
Mais l’épreuve de rue d’Aubagne en aura aussi été une pour la solidarité de celles et de ceux qui vivent à Marseille. Jamais peut-être n’aura été plus sensible ce fait qu’habiter une ville est l’expression d’une identité politique – d’un engagement. Vivre dans une ville, vivre dans une quartier, ce n’est pas seulement y avoir un logement : c’est aussi être porteur d’une identité, politique, culturelle, sociale. Vivre dans un quartier, c’est engager des relations avec les autres, avec ceux qui y vivent avec soi, et, en ce sens, habiter une ville, c’est manifester une citoyenneté. La solidarité qui s’est manifestée lors de l’événement, mais qui continue à se manifester, est l’expression de cette relation aux autres qui fonde la citoyenneté. La solidarité est une des expressions de la vie sociale et de l’engagement politique dont on est porteur et qui fait de nous des acteurs de la vie politique de la cité. Mais cette épreuve de la solidarité ne peut avoir toute sa signification que si elle s’inscrit, elle aussi, dans le temps long, en veillant à ce que désormais, à Noailles comme dans tous les quartiers de Marseille et comme dans les quartiers de toutes les villes, le logement et la citoyenneté soient libérés des contraintes imposées par le marché pour que ne soient pleinement reconnues comme légitimes que les lois de la solidarité et de la citoyenneté.
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“Faire revenir dans la ville celles et ceux qui en ont été chassés par la montée des prix”
Rue d’Aubagne, c’est plutôt une paupérisation engagée depuis 40 ans qui est en cause.
Ce marché parallèle du logement social de fait dans un habitat dégradé arrangeait tout le monde. Les marchands de sommeil mais aussi les pouvoirs publics qui n’avaient pas en prendre en charge une population démunie n’ayant même pas accès aux HLM.
On a fermé les yeux, jusqu’à la catastrophe.
Aujourd’hui on parle de “rénovation “. En termes urbanistiques, cela signifie table rase. Cela devait bien tenter la municipalité précédente et leurs copains affairistes et promoteurs. D’un point de vue uniquement financier, il est bien plus rentable de démolir et reconstruire plutôt que rehabiliter à grand fais des immeubles plafonnant à 2 ou 3000€ le m2. Mais c’est tout un patrimoine urbain, le centre populaire de notre ville qu’on sacrifierait.
Un vrai challenge , un projet de réhabilitation majeur pour les nouveaux élus
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