LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET LE CORONAVIRUS
Les élections municipales ont lieu la semaine prochaine
LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET LE CORONAVIRUS
La particularité de ces élections municipales de 2020 est la suspension du temps électoral entre les deux tours en raison de la pandémie du coronavirus et de l’obligation du confinement imposée par les pouvoirs publics. Peut-être convient-il de s’interroger, à une semaine du second tour, sur ce qu’implique cette suspension.
Un temps électoral particulier
Alors que, d’habitude, le temps des élections municipales est structuré autour de deux tours qui ont lieu à une semaine d’intervalle, cette année, plus de trois mois séparent le second tour du premier, qui a lieu le 15 mars. Sans doute importe-t-il de ne pas se contenter d’observer ce temps électoral particulier, mais de s’interroger sur ce qu’implique cet étirement du temps, cette distance, dans le temps, entre les deux tours de l’élection, en particulier dans une ville comme Marseille. D’abord, il y a comme un oubli du premier tour : pris par les contraintes sanitaires, et, notamment, par les impératifs nés du confinement, les électeurs ont, pour ainsi dire, fini par oublier quelque peu le premier tour, d’autant plus que le confinement a interrompu le temps normal de l’information et des médias. Nous nous trouverons, le 28 juin, à l’occasion du second tour, presque comme s’il s’agissait du premier tour, comme si nous rencontrions le temps électoral de cette année pour la première fois. Par ailleurs, ce temps électoral s’est accompagné d’une recomposition du temps des événements, à la fois dans les médias et dans ce qui s’est déroulé durant tout ce temps, à la fois en France et dans le reste du monde. Une sorte de sommeil événementiel a frappé les pays dans le monde entier, tous les pays se sont trouvés figés dans une sorte de suspension du temps, comme s’ils se trouvaient endormis, et qu’ils devaient, à présent, s’éveiller, se libérer de ce sommeil imposé par ce qui est devenu une pandémie. Enfin, dans ce temps électoral particulier, la communication électorale, les discours, la propagande, se sont trouvés, eux aussi recomposés, les candidats, les partis, les familles politiques, ont dû se plier à ce temps nouveau, ont dû imaginer de nouvelles manières de s’adresser à l’électorat, s’inscrire dans une esthétique nouvelle des identités politiques, dans un espace public restructuré.
La contrainte du temps sur les engagements et les identités politiques
Ce ne sont pas seulement les pratiques de communication et les façons de parler et d’écrire qui se trouvent recomposées par le temps électoral imposé par le coronavirus, ce sont les identités politiques mêmes qui sont contraintes de se reformuler, de se réinventer. D’abord, les candidatures du parti présidentiel, de ce qui s’appelle « La République en marche », ont fini par se rapprocher de la droite des Républicains. À Marseille, en particulier, les choses finissent par devenir plus claires : avec le temps, les candidats engagés dans le parti présidentiel ont fini par reconnaître ce fait, simple, que le libéralisme se trouve porté par les acteurs politiques de la droite. Par ailleurs, c’est le Printemps marseillais aussi qui se trouve, en quelque sorte, recomposé : les acteurs politiques et les candidats de la gauche marseillaise ont, en quelque sorte, renforcé leur engagement, l’ont rendu plus clair, ce qui s’est, notamment, manifesté par la restructuration de l’engagement des écologistes. Au cours de cette suspension du temps électoral, le Printemps marseillais a eu le temps d’améliorer son discours et sa visibilité, d’approfondir son engagement de se faire reconnaître comme une identité majeure dans l’espace politique marseillais.
Imaginer un espace urbain après la pandémie
Un peu à l’articulation du monde de la vie électorale, du monde de la santé publique et du monde de la ville et de la société urbaine, c’est un espace urbain nouveau tout entier qui doit être imaginé après la pandémie. D’abord, l’expérience de ce que l’on a appelé le confinement va sans doute nous engager à élaborer une nouvelle politique de la mobilité et des transports dans l’espace urbain. Par ailleurs, la pandémie va sans doute engager la municipalité qui sera désignée le 28 juin dans un renouvellement de l’urbanisme et l’aménagement de l’espace de la ville. Enfin, c’est l’ensemble de l’économie urbaine et métropolitaine qui doit, demain, prendre la mesure des incidences de la pandémie, en particulier sur l’emploi et sur la vie des entreprises, et le premier impératif qui s’impose à la prochaine municipalité et à la prochaine métropole sera d’imaginer une politique économique nouvelle. C’est devenu une urgence, comme si l’urgence s’était déplacée du domaine de la santé vers celui de l’économie.
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