Plans d’urgence et cantines bio : des propositions prudentes pour changer les écoles

Décryptage
le 13 Mar 2020
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Sujet crucial à Marseille depuis plusieurs années, la gestion et la rénovation des écoles est forcément un des plus gros enjeux pour le futur maire. Chez les candidats en lice, on annonce des plans d'urgence, sans trop s'avancer sur l'ampleur de l'effort à fournir.

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L'école maternelle Extérieur à Bougainville (15e).

L'école maternelle Extérieur à Bougainville (15e).

À Marseille, qui dit écoles dit… gros chantier municipal. Et aucun candidat pour la mairie ne cherche à détourner le regard au sujet de l’état des écoles marseillaises, qui ont défrayé la chronique depuis 2016. Aussi à l’esprit de l’ensemble des candidats, l’annulation du PPP des écoles, qui devait faire réaliser par le privé la démolition et la reconstruction de 34 écoles. Et donc, la priorité de rénover et bâtir de nouvelles écoles, responsabilité principale d’une municipalité en terme d’éducation. Sans surprise, chaque liste propose donc ses mesures d’urgence.

Pour la plupart des candidats cela passe par un nouvel audit indépendant. La candidate LR, Martine Vassal, pourtant issue de la majorité du maire sortant, promet de “faire réaliser en six mois un audit sans concession sur l’état des écoles marseillaises par un cabinet extérieur indépendant” quand Samia Ghali (DVG) table sur une durée plus courte, trois mois, afin de déterminer les travaux d’urgence à réaliser et d’établir la programmation d’un plan pluriannuel de réhabilitation des écoles“. 

Lui aussi membre de l’équipe sortante, Bruno Gilles (DVD) imagine quant à lui “des états généraux des écoles marseillaises à l’automne, pour un diagnostic du bâti, cantine, personnel municipal et aides au fonctionnement”. Le candidat soutenu par LREM, Yvon Berland, découpe son action en deux phases. Un plan d’urgence “de 100 jours”, prévoyant divers diagnostics et le lancement des marchés pour équiper les classes de climatisation et de chauffage performants. Un second plan sur “1000 jours” baptisé “plan Protis” devra s’attaquer aux constructions et rénovations plus lourdes avec un impératif écologique et d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite”.

Stéphane Ravier (RN), peu disert sur le domaine dans son programme, envisage quant à lui de se lancer dans la “rénovation et reconstruction” d’écoles dès avril, sans évoquer de diagnostic nécessaire. Martine Vassal prévoit elle aussi de lancer, en parallèle de son audit des “travaux de rénovation d’urgence (…) dans la foulée de l’élection municipale”, car, explique-t-elle “nous connaissons les écoles qui sont dans le plus mauvais état”. Plus spécifique, la candidate prévoit un “plan de rénovation des toilettes”.

Des plans sur plusieurs années à construire

Si le concept de “plan pluriannuel” est aussi largement partagé, peu nombreux sont les programmes qui s’engagent sur des montants et des objectifs chiffrés. Le Printemps marseillais annonce mettre sur la table un milliard d’euros. Un montant calqué sur celui que la Ville comptait investir dans le PPP sur 25 ans. Chez Debout Marseille, liste “écologiste et citoyenne”, la promesse est faite de rénover “un quart des écoles”, “au cours de la mandature” pour un montant de “200 millions sur 6 ans”, mais aussi construire 12 nouveaux groupes scolaires. Les deux listes de gauche comptent miser sur la maîtrise d’ouvrage publique et le Printemps précise vouloir “faciliter l’accès à la commande publique pour les PME et TPE locales” dans la lignée des arguments anti-PPP.

Pour ce qui est de financer son “plan stratégique sur 15 ans”, Martine Vassal mise quant à elle sur le compte en banque du conseil départemental, qu’elle préside actuellement, et promet un nouveau “plan Charlemagne” à l’image de celui mené avec la collectivité, avec la possibilité de réaliser des groupes scolaires “écoles-collèges” tout en précisant bien qu’ils prévoiraient “une séparation hermétique” entre les deux établissements. Au passage, la candidate LR voudrait promouvoir “une architecture provençale douce et classique (…) rappelant nos écoles d’antan”.

Outils d’alerte

Autre facette de la crise dans les écoles marseillaises, les alertes jamais suivies d’effet. Plusieurs programmes proposent des outils nouveaux pour assurer aux directeurs d’écoles d’être entendus plus rapidement quand ils signalent des travaux urgents. Déléguer davantage de pouvoir en cette matière est une hypothèse qui semble faire l’unanimité. Elle est notamment mise en avant par Bruno Gilles, Stéphane Ravier et Martine Vassal, et avait fait consensus entre les représentants de six listes lors du débat organisé par Marsactu autour des écoles en septembre dernier.

Quant aux dispositifs d’alerte, Martine Vassal propose un numéro “allô-mairie spécial écoles” et son concurrent à droite un “pôle de rénovation des écoles marseillaises” où siégeraient experts de la Ville, parents d’élèves et représentants de l’Éducation nationale, chargés de fixer les priorités. Plus spécifique sur ces questions, le Printemps marseillais promet de “doubler le budget entretien du bâti des écoles” de trois à six millions, mais aussi de créer des postes “d’agent de maintenance mutualisé pour six écoles” ainsi qu’un site internet pour suivre le cours des travaux.

Côté environnemental, une proposition semble aussi faire son chemin dans plusieurs programmes : la gestion écologique des températures. Debout Marseille et le Printemps marseillais prônent la végétalisation des cours d’écoles et souhaitent en fait des “îlots de fraîcheur”. Bruno Gilles dit, lui, envisager de tester de nouveaux revêtements pour le sol des cours, et veut installer des pompes à chaleur pour mettre en place une “bioclimatisation chaud et froid”. Martine Vassal, quant à elle, a une série de propositions pour la sécurité des écoles : réhausser les grillages, développer la vidéo-surveillance, faire mener des audits de sécurité par la police municipale et instaurer des zones 30 pour les routes devant les établissements. Une mesure qu’on retrouve aussi dans le programme de Debout Marseille, mais pour des raisons de pollution.

Cantines bios, avec ou sans Sodexo

Après la question des murs, celle des assiettes. Plusieurs candidats pointent la fin du contrat passé avec Sodexo en 2025. Sébastien Barles, Michèle Rubirola, Samia Ghali mais aussi Stéphane Ravier, s’engagent à repasser la préparation des repas en régie municipale. Et cela pour des questions de qualité proposée. Le candidat RN annonce 80 % de produits locaux dans les cantines, quand la liste menée par EELV veut  “100 % [de] produits biologiques, locaux ou équitables”. Yvon Berland, Bruno Gilles et Martine Vassal s’engagent aussi sur davantage de produits locaux et bio, sans se prononcer sur la question du prestataire privé. Autre service rendu par les écoles, la garderie et les temps périscolaires, pour lesquels la plupart des candidats promettent un allongement des horaires.

Enfin, chaque programme comporte bien sûr son lot de propositions insolites, plus ou moins liées à la coloration politique du candidat. Samia Ghali, Martine Vassal et Stéphane Ravier proposeraient l’expérimentation du retour de la blouse aux écoles volontaires. Yvon Berland, dont le programme porte davantage sur des intentions pédagogiques – sur lesquelles la municipalité a peu de prise en dehors des activités périscolaires – imagine des “jumelages d’écoles inter-quartiers et public/privé pour réinstaurer la mixité sociale” ou propose d’ouvrir les établissements en dehors des horaires scolaires en lien avec les associations et les centres sociaux.

Autre proposition surprise, Sébastien Barles souhaite de mettre en place des “mini budgets participatifs” et Bruno Gilles compte lutter contre la présence de nuisibles dans les écoles en organisant un ramassage des déchets tôt dans l’après-midi. Pour le ramassage scolaire enfin, Stéphane Ravier a indiqué au Collectif des écoles de Marseille, qui a réalisé son propre comparatif de programmes, vouloir mettre en place des “sorties d’écoles sécurisées par des “papis et mamies trafic” rémunérés par la mairie”.

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