Le Droit d’exister politiquement !

Billet de blog
le 18 Nov 2025
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Je commence par ce titre qui fait furieusement référence à la citation de Sayad parce que dans la dispute en cours on pourrait presque s‘arrêter là. Hier le 16 novembre 2025 réunis en Assemblée communale nous avons, entre autres décisions, désigné notre tête de liste aux municipales de 2026 à Marseille. Il s‘agit sans grande surprise de Sébastien Delogu. Je dis « sans grande surprise », mais je constate aussi (un peu amusé) les cris d’orfraies hypocrites, les déclarations calabringues et même des communiqués de presse complètement surréalistes…Celui de Mr Allisio est un pur délice d‘inepties caramélisé à la bêtise et à la mauvaise foi. Mais après tout c‘est le RN, et franchement on n’en attendait pas moins. Là où le débat devient « intéressant » c‘est en lisant les commentaires et les réactions officielles du PS local et de ses alliés. La rhétorique désormais bien huilée est celle de l’injonction multiple qui s‘articule autour de 3 grands axes : Stigmatisation, Disqualification et Imprécation. Dans cet édifice argumentaire qui n‘a pour but que de démolir LFI on retrouve en tout premier lieu le procès en responsabilité. Comme l‘époque est au clash à moins de 140 caractères par message je ne développerais pas inutilement un contre argumentaire déjà remarquablement synthétisé par Manuel Bompard dans un tweet en réponse au communiqué du PS des Bouches du Rhône en date du 15 novembre 2025.Dans son explication, loin de l‘hystérisation du débat, il rétablit quelques vérités factuelles. La première étant que l‘élection municipale est une élection à 2 tours et que toutes les listes dépassant les 10% sont qualifiées au 2ème tour. Il n‘y a donc aucun risque avéré de voir la gauche disparaitre dès le 1er tour. Et cet argument est d‘ailleurs révélateur du malaise de la majorité municipale lorsqu‘il s‘agit de se projeter dans une réflexion stratégique au-delà du soir du 15 mars prochain. Pour nous tout est clair : si nous arrivons en tête nous tendrons la main à toutes celles et ceux qui voudront se joindre à la dynamique populaire et à la volonté de rupture réclamée par les MarseillaisEs ! Sur la base du programme qui nous aura bien évidemment porté en tête ! Sans jouer au gros malin, j‘attends impatiemment que cette question soit posée aux forcenés de l‘unionisme à tout prix. Mais quand je parle d‘union je suis dans l‘erreur. A toutes fins utiles je rappellerais que Mr Olivier Faure en juin dernier déclarait : « Pas d’accord avec LFI ni à la présidentielle ni aux municipales » . Déclaration qui n‘est depuis, démentie ni par les paroles ni par les actes au niveau national comme au niveau local. Est-ce à dire que le mot union n‘est qu‘une incantation ? Je n‘ai pas de réponse ferme à donner mais il est évident qu‘on peut facilement le remplacer par celui de soumission à un ordre établi quasiment de droit divin, ou d‘effacement démocratique. Pour ne reprendre que les échéances récentes il faudrait donc que 20% des marseillaisEs se retrouvent orphelins de leur vote ? Nous pensons que non ! Et nous pensons que ces citoyennes et ces citoyens ont le droit de continuer à espérer dans une ville moins inégalitaire et dans un avenir moins sombre… Par ailleurs, ce thème de l‘union de la Gauche n‘est utilisé que pour museler le débat démocratique qui s‘impose dans notre ville comme ailleurs. Et si nous sommes toutes et tous honnêtes l‘union de la gauche ne gagne que lorsque c‘est LFI qui l‘impose. La NUPES et le NFP ont battu la droite et le RN parce que la FI y a mis tous les ingrédients, tous les sacrifices. Et surtout en respectant le programme et la parole des électeurs ! Il faut donc être précis l‘union ne peut être utilisée pour faire l‘économie du débat démocratique et encore moins comme un totem d‘immunité qui préviendrait toutes les critiques et toutes les réflexions sur les bilans des uns et des autres. Je me sens obligé de convoquer ici Amilcar Cabral qui disait : « Nous perdons un temps fou à lutter pour la convergence alors qu‘il faut plutôt converger pour la lutte !». Et c‘est exactement ce que nous faisons en construisant l‘union par la base avec des dynamiques politiques comme VAÏ et d‘autres collectifs qui s’organisent partout dans la ville.

L‘autre grande critique qui nous est faite c‘est d‘avoir investi Sébastien Delogu pour cette élection. Il faut prendre le temps de lire les messages de haine, les insultes et les menaces qui accompagnent cette déclaration. Ce torrent de boue est le corollaire de la violence raciste et classiste qui agite une partie du paysage politique actuel. Malgré lui Sébastien devient le symbole de cette Marseille populaire, diverse, jeune et paupérisée. Et c‘est cette population authentiquement marseillaise dans sa gouaille, sa vitalité et ses aspirations qui est attaquée ! Attention, je ne dis pas que Sébastien représente ce Marseille, je dis que ce sont ceux qui critiquent sa désignation qui sont dans une représentation clivée et sclérosée de Marseille. Nous avons choisi Sébastien pour ce qu‘il est en tant qu‘homme politique et pas simplement en tant que symbole. Faire autrement serait contre intuitif et surtout contraire à nos convictions égalitaires profondes. La FI ne pense pas que le renouvellement politique est un accessoire cosmétique et elle œuvre y compris par les actes à cette modification de la représentation politique. C’est aussi ça l’éducation populaire, celle qui lutte contre les clichés par l’exemple et la seule capable de faire reculer les thèses racistes et classistes. Enfin, elle offre un horizon, un espoir pour des milliers de jeunes marseillaisEs qui peuvent eux aussi s’identifier et se reconnecter au destin commun en comprenant que la politique et le débat démocratique sont aussi leur affaire. Lutter contre l’abstention passe aussi par ce type d’incarnation.  Marseille a besoin de courage ! Le courage de s‘attaquer aux causes profondes des problématiques de notre ville. Le courage de Sébastien et son militantisme de terrain, sa façon atypique de créer du politique, sa capacité à générer des dynamiques d‘auto-organisation, sa relation à hauteur d‘homme et de femme avec les citoyens, sa détermination et son immense humanité. Quand je parle d‘humanité je parle de son empathie exacerbée, de la colère qui l‘anime contre toutes les injustices, de ses efforts constants pour rendre le quotidien de ces concitoyens un peu moins dur. Je parle aussi de ses fragilités et de ses défauts. Il ne les cache pas comme d‘autres et cette facette de sa personnalité, loin de le disqualifier le rend plus accessible. Nous continuons sans dévier de nos objectifs et nous ne nous laisserons dicter notre conduite par personne. Ni les sondages commandés comme des prescriptions émises par le Dr Coué, ni les débats stratégiques foireux, ni les menaces et les intimidations ne nous empêcheront de faire cette campagne ! De parler des problèmes de Marseille, d‘aller encore à la rencontre des Marseillaises comme nous le faisons depuis des mois. Par ce texte je voudrais (vœu pieu ?) remettre le débat à l‘endroit et ne pas priver nos concitoyens du choix éclairé qu‘ils doivent prendre en mars prochain. Pendant que certains brandissent la menace de l‘extrême droite comme un 49.3 au débat, nous répèterons inlassablement que c‘est la radicalité du militantisme antiraciste, féministe, écologiste, solidaire et populaire qui fera reculer le RN et surement pas son instrumentalisation. Le RN est dangereux toute l‘année, tous les mois et tous les jours, pas seulement à la veille des élections ! Nous ne priverons pas non plus les MarseillaisEs du débat qu‘ils méritent ! Nous regardons Marseille telle qu‘elle est et nous l‘aimons telle qu‘elle est ! Mais nous faisons le constat des fractures jamais consolidées, des plaies jamais refermées. Depuis des mois les camarades ont entrepris de mener une enquête analytique à l‘échelle de la ville. En miroir du « Marseille en grand», ce constat qui porte le nom de «Marseille en vrai» fait remonter la richesse des ressources citoyennes inexploitées et de cette immense frustration qui résulte du gap entre le potentiel culturel, social, écologique, associatif et humain de Marseille et la situation socio-économique actuelle de la cité phocéenne. Marseille reste très inégalitaire, une partie importante de la population continue de vivre sous le seuil de pauvreté. Le chômage reste endémique, notamment dans les quartiers populaires. On peut y constater une ségrégation sociale très marquée. Le logement reste une préoccupation importante pour de nombreux habitants. L‘habitat indigne, la gentrification de l‘hypercentre et aujourd‘hui d‘autres quartiers dans un contexte de renouvellement urbain insuffisant, ainsi que la location touristique de courte durée et ses conséquences font de Marseille une ville difficilement habitable. Les infrastructures de transports limitées, les dessertes indigentes et mal connectées enclavent des secteurs et des quartiers entiers de la ville. Cette difficulté à se déplacer dans une ville qui ne connecte pas la population et les bassins d‘emplois installe de fait une discrimination spatiale. On doit aussi parler de la tranquillité publique qui n‘est pas assurée parce qu‘elle n‘est pas abordée par le biais de la médiation, de l‘éducation et de la lutte contre les inégalités sociales. La logique du tout sécuritaire est une impasse dans laquelle Marseille est largement enfoncée. Les effectifs ne sont jamais suffisants et les caméras de surveillance ne servent à pratiquement rien. Si on rajoute à cela le programme sur la rénovation des écoles loin des objectifs annoncés et les risques environnementaux comme les incendies et les inondations on peut comprendre que le débat démocratique doit avoir lieu. Il n‘y a pas de Marseille bashing dans ce constat, parce que je suis marseillais et que j‘aime ma ville et que je me dois de la regarder dans les yeux. Mais en tant qu‘insoumis je ne peux pas me contenter du constat. Pendant que l‘on veut nous parler d‘union la FI Marseille travaille aux propositions qui permettront aux marseillaisEs de vivre mieux demain. Plus de 40 militants répartis entre le comité de rédaction et les groupes thématiques travaillent sur le programme depuis des mois en auditionnant (200 auditions) des acteurs de terrains, des chercheurs, des associations…pendant que d‘autres font des sondages plus ou moins sérieux (plutôt moins que plus) nous faisons des portes à portes presque tous les jours avec pour objectif d‘aller chercher tous les électeurs, à la FI nous ne trions pas les citoyens et nous voulons que toutes et tous s‘expriment ! Voilà les bases de notre démarche. Voilà ce dont nous voulons parler. Nous voulons que l‘expression démocratique des marseillaisEs ne soit entravée par aucune considération subsidiaire. Propositions contre propositions, idées contre idées, projet contre projet ! Parce que nous des propositions nous en avons. Parce que nous des idées nous en avons ! Parce qu‘a rebours des fantasmes nous avons bel et bien un projet pour le bien de Marseille et pour l‘avenir de toutEs les MarseillaisEs !

Marseille, le 17/11/2025

Bensaada Mohamed

Co Chef de File Marseille Municipales 2026

 

 

 

 

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