Internet : Marseille plus près de l’Inde que de Paris
Internet : Marseille plus près de l’Inde que de Paris
Seamewe, imewe, hawk… Inconnus du grand public, ils transportent quotidiennement des flux d’informations vers l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Leur point commun : ces câbles sous-marins arrivent tous sous les plages marseillaises pour se greffer sur des datacenters au coeur de l’agglomération. En leur sein se trouve la fameuse fibre optique qui permet au monde d’échanger quasi-instantanément des textes, des images ou des vidéos à l’autre bout du monde.
Ces derniers temps, l’installation à Marseille de plusieurs centres de données a fait couler beaucoup d’encre. Parmi les arguments des nouveaux arrivants : le fait que la ville soit située sur un “backbone” ou dorsale. Il s’agit justement de ces nombreux câbles sous-marins.
25 000 km sous les mers
Héritiers du télégraphe puis du téléphone, les premiers câbles de fibre optique reliaient les États-Unis à l'Europe. Marseille les voit débarquer à la fin des années 90 pour raccorder directement le Maghreb. Aujourd’hui, la ville en accueille sept majeurs. Parmi les plus longs, Seamewe 4, livré en décembre 2005, qui relie Marseille à Singapour. Orange Marine, filiale du groupe de télécom éponyme, a participé à la construction de ce câble de plus de 20 000 km. Deux de ses navires sont en permanence prêts à partir pour réparer les dommages causés par les chalutiers ou les ancres. Autre équipement majeur, Imewe rejoint, depuis 2010, Mumbai en passant par l’Arabie Saoudite et le Pakistan.
En 2016, AAE1 (Asia Afrique Europe 1) courra les 25 000 km de fonds marins jusqu’à Hong Kong. Orange Marine, qui possède une filiale à Fuveau, Simec, fabricant de robots d’intervention, espère également participer à la pause prochaine de Seamewe5 qui suit presque le même itinéraire que son prédécesseur afin de fournir plus de puissance. Pour des raisons de sécurité, les câbles même effectuant le même tracé, sont disposés à des parcours différents. A certains passages jugés à risque, ils sont placés dans une tranchée pour les protéger. En haute mer, ils sont posés à même le fond. D’un coût pharaonique, ces équipements appartiennent à des consortiums.
Orange participe à quatre de ceux qui passent par Marseille. “Afin d'offrir des infrastructures à très haute performance, il est indispensable d'interconnecter le plus grand nombre de câbles possible, résume Kevin Polizzi, co-fondateur de la société de cloud, Jaguar Network. Quand les opérateurs asiatiques vont accoster sur le continent européen via Marseille, les volumétries de données vont a minima être multipliées par 10. Marseille dispose à présent des meilleurs d'Europe et voit ses acteurs internet accélérer significativement depuis trois ans”, en quatrième position européenne derrière Francfort, Amsterdam et Londres.
Du fait de la croissance attendue, non seulement les câbles se multiplient mais ils deviennent de plus en plus performants. “Arrivent des investissements dans de nouveaux câbles depuis l’Est. Trois milliards de personnes atterrissent à Marseille”, confirme Fabrice Coquio, président d’Interxion France. Ce géant néerlandais coté à la bourse de New York a investi l’été dernier 40 millions d'euros pour racheter et moderniser le datacenter MRS1 appartenant jusqu’alors à SFR. Un site gigantesque de 3500 m2 qui doublera sa capacité en mars. “Marseille a un énorme avantage géographique, poursuit-il, 80% de la consommation informatique européenne passe par Amsterdam/Londres/Francfort/Paris.” Et Marseille a l’avantage de proposer un accès terrestre rapide et simple vers ce “quadrilatère magique”. Les géants américains – Amazon, Facebook, Google – l’utilisent comme base arrière vers l’Est.
“Une ville de contenus”
L’augmentation des flux ainsi que l’amélioration des équipements a permis un effet d’aubaine. “Les nouvelles technologies utilisées permettent à Marseille d’être non plus une ville de transit mais une ville de contenus", se réjouit Fabrice Coquio. Sa société a pour projet de créer dans un futur proche un second site dans un rayon de 25 km du datacenter d’Euroméditerrannée. "Désormais, avec les nouveaux câbles, les données mettent moins de temps pour faire Marseille-Mumbai que pour aller à Paris”. La métropole a-t-elle définitivement fait sa place comme hub numérique ? “Ce potentiel dépendra de ce que l'on décide d'en faire", estime Kevin Polizzi, pour qui “il faut absolument que ces câbles accostent à Marseille et non à Londres comme il était d'usage”. La tentation peut être grande pour les opérateurs de l’Est de pousser un peu plus loin et d’aller faire escale ailleurs. Pour l’heure, les géants du web ne disposent pas encore de leur réseau de fibre en propre, mais cela pourrait arriver dans un futur très proche. A Marseille de tâcher de ne pas être oubliée sur le chemin.
Outre un aspect symbolique fort, ce caractère de hub internet crée aussi tout un écosystème. Même si les datacenters ne sont en soi pas des plus généreux en termes d’emplois. Moins de 200 personnes gravitent autour de l'écosystème local. Mais la dynamique est là et les perspectives aussi. D’autant que derrière les gigantesques datacenters viennent se greffer des installations plus modestes, proposant des services aux acteurs du territoire.
Dernier exemple en date : la transformation d’anciens locaux des années 30 de TDF à l’Arbois en centre de données pour un investissement de 7 millions d'euros. Et en plus des acteurs existants qui prévoient d’augmenter leur capacité, de nouveaux cherchent à s’installer. Comme Choreus et ses datacenters alimentés aux gaz. Marseille a tout pour continuer à attirer les acteurs du cloud. Pour sa visibilité, la ville, désormais labellisée French Tech, pourra également compter sur un lieu dédié aux startups : le skillcenter développé par Jaguar Network à Saumaty Séon dont la livraison est prévue début 2016. 5000 m2 dédiés aux jeunes pousses du secteur. Un beau terreau pour l’essaimage.
Commentaires
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Y a pas que pour l’internet que marseille est plus près de l’inde que de paris merci gaudin guérini notre duo magique
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L’éléphant indien sera , avec le dragon chinois et l’aigle américain , le troisième géant du XXI° siècle – 500 000(!!) ingénieurs arrivent sur le marché chaque année aux Indes – Mais oui !
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Je rejoins ce commentaire :
“quels rapports????
pour une fois que notre bonne ville est plus que bien placée, il faudrait savoir le reconnaître et en être fier!!!”
Des réussites locales méritent d’être valorisées, notamment l’initiative de Jaguar Network ainsi que la dynamique French Tech.
Par pitié, arrêtons ce pessimisme délétère.
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Quand c’est bien, il faut le dire!
Quand c’est pas bien il faut partir!
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“En 2016, AAE1 (Asia Afrique Europe 1) courra les 25 000 km de fonds marins jusqu’à Hong Kong. Orange Marine, qui possède une filiale à Fuveau, Simec, fabricant de robots d’intervention, espère également participer à la pause prochaine”
Pour correction : pause –> pose
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Ce que vous écrivez sur l’Inde est exact , JL41 – Distorsions sociales et économiques géantes , pour un pays qui ne l’est pas moins . Mais l’éléphant indien qui commence à déployer quelques atouts , a pour lui l’avenir –
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@Anonyme du 25.02 13:50…Exceptionnellement, notre ville se distingue dans un domaine d’excellence, soyons positifs et oublions(juste un instant!)les politiciens véreux(qu’on remet en selle malgré ce à chaque Rdv électoral…)les cantonniers qui regardent langoureusement l’eau s’écouler dans le caniveau, les gros nazes qui goudronnent les trottoirs avec les déjections de leur clébard, les gros nazes qui prennent leur bagnole de gros naze même pour aller pisser et la garent comme un étron, bref, tout ce qui donne envie de défourailler à la kalach pour que notre belle cité où l’incivisme est la règle du haut en bas de l’échelle sociale défraie une nouvelle fois la chronique! Et savourons cet article comme on déguste un chichi le dimanche après-midi sur le front de mer à L’Estaque…
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On a besoin de la métropole pour rayonner plus et impulser une vraie dynamique à l’ensemble du territoire sur notre économie.
Sans ça les 6 EPCI vont continuer à dilapider l’argent public dans ces initiatives qui n’auront que peu de portée sur l’emploi de notre teriitoire
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Un de mes commentaires, auquel répondait celui du 26 février 2015 à 10h20, est passé à la trappe dans la mutation de l’ancien Marsactu vers le nouveau. Le revoici, un peu amélioré.
500 000 ingénieurs formés par an en Inde, mais aussi beaucoup de pauvres et de discriminations. 12 millions d’aveugles par exemple, dont la plupart sont trop pauvres pour se faire soigner.
L’Inde est un pays doué dans la fabrication et la reproduction des élites. Aux débuts de la micro-informatique, il y a une trentaine d’années, c’est en Inde que nos usines de micro-processeurs trouvaient les ingénieurs les plus performants dans la programmation des bibliothèques de routines implantées dans ces processeurs. L’Inde alimente le monde entier en spécialistes de la programmation, ou répond chez elle aux demandes.
Lorsque Mittal rachète Arcelor, au grand soulagement des autorités françaises, ce que Mittal achète en réalité, comme on l’a vu en Lorraine et ailleurs dans le monde, c’est le droit de fermer des unités de production pour réorganiser la sidérurgie à l’échelle mondiale. C’est-à-dire d’accroître ses bénéfices tout en baissant les prix et d’accroître sa capacité d’investissement ailleurs dans le monde, quel que soit le secteur économique, une nouveauté (1).
Là où l’Inde fait tout pour produire de la richesse et développer le pays, avec on l’espère à terme, une réduction des inégalités et de la misère, dans nos vieux pays d’Europe, nous sommes plutôt dans la production de la justice sociale. Sans les moyens que permettrait une plus grande production de richesse pour financer cette justice sociale. Excepté peut-être en Allemagne (absorption de l’Allemagne de l’Est) et dans certains pays du nord de l’Europe.
On peut citer ici un article du Figaro inspiré par une étude de France Stratégie: http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/02/24/20002-20150224ARTFIG00003-pauvrete-chomage-les-ecarts-se-creusent-entre-pays-europeens.php
« Ainsi, le taux d’emploi (proportion de la population âgée de 20 à 64 ans occupant un poste) a augmenté en Allemagne entre 2008 et 2013, passant de 74% à 77%. C’est aussi le cas en Autriche ou au Luxembourg. En revanche, ce taux d’emploi a chuté en Grèce (66% à 53%), en Espagne (de 68,5% à 58,6%) et, dans une moindre mesure, au Portugal (73% à 65%) et en Irlande (de 72% à 65,5%). Fin 2014, les taux de chômage allaient de 5% en Allemagne à 25,7% en Grèce… »
« La France est dans une position intermédiaire: le taux d’emploi a régressé, mais peu (de 70,4% à 69,6%), et la pauvreté a augmenté sans flamber (de 11,1 à 11,2 millions de personnes). » A noter que France Stratégie est un organisme rattaché à Matignon.
1) Microsoft ou Google investissent dans des domaines qui ne sont pas originellement les leurs. La société SpaceX créée par Elon Musk et financée maintenant par Google met au point une fusée Falcon pour l’approvisionnement de la station orbitale internationale, où le prix du kg acheminé sera divisé par deux par rapport au lanceur d’Arianespace. Pour le moment, la récupération du lanceur après l’approvisionnement de la station a échoué.
Mais « Le patron d’Amazon, Jeff Bezos, a réussi là où son concurrent Elon Musk, fondateur de SpaceX, se casse encore les dents : dans la journée du 23-11-2015, la fusée New Shepard de sa start-up Blue Origin a décollé, est montée à 100,5 km d’altitude, la limite symbolique de l’espace, puis est redescendue pour venir se poser automatiquement à la verticale, près de son pas de tir au Texas. »
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