En appel, Lidl veut se débarrasser de sa “faute inexcusable” dans le suicide d’un salarié
En mai 2015, Yannick Sansonetti, technicien de maintenance dans un entrepôt de Lidl à Rousset mettait fin à ses jours. Jeudi, la cour d'appel d'Aix-en-Provence se penchait sur le volet civil de cette affaire. En première instance, la responsabilité de l'employeur dans ce décès avait été reconnue.
L'entrepôt Lidl, aujourd'hui vide, où Yannick Sansonetti a mis fin à ses jours en 2015. (LC)
Deuxième passage devant la justice civile pour l’affaire Yannick Sansonetti, du nom du salarié de Lidl Rousset qui avait mis fin à ses jours dans un entrepôt le 29 mai 2015. Jeudi matin, la cour d’appel d’Aix-en-Provence examinait ce dossier dans lequel le tribunal des affaires de sécurité sociale avait reconnu en première instance la “faute inexcusable” de l’employeur dans le décès de son salarié. Il l’avait aussi condamné à verser 90 000 euros de dommages et intérêts à son fils, la mère de ce dernier et la mère du défunt.
À l’origine de cet appel, la multinationale a fait entendre, par la voix de son avocate Brigitte Beaumont, à quel point la première décision lui semblait inadaptée. “Ce n’est pas du travail de magistrat. Il est certain qu’aucun des arguments et pièces que nous avons communiqués n’ont été pris en compte”, a-t-elle attaqué, dénonçant un jugement motivé par la volonté de “condamner Lidl”. Dans sa plaidoirie, la représentante du groupe a maintenu que le technicien de maintenance décédé était “très bien intégré”, faisait “très bien son travail” et n’avait rien laissé paraître de son mal-être. Balayant les alertes, notamment venant de l’inspection du travail, au sujet des risques psychosociaux.
Me Beaumont n’a pas non plus manqué de pointer la responsabilité de son supérieur hiérarchique direct. Celui-ci, Patrice Tonarelli, a pourtant témoigné à plusieurs reprises, devant la justice, dans la presse mais aussi dans un rapport parlementaire des “objectifs inatteignables” et de la pression auxquels était soumis le salarié. “Vous ne trouverez aucun document” signé de sa main pour signaler un problème lié à Yannick Sansonetti avant le drame, a souligné l’avocate.
Début 2019, le parquet d’Aix a ouvert une nouvelle enquête pour harcèlement à son sujet, l’inspection du travail ayant signalé son cas en tant que victime, lui aussi, des pressions de sa hiérarchie. “M.Tonarelli est aujourd’hui totalement disqualifié”, a donc estimé l’avocate devant l’intéressé, qui a encaissé sans un mot.
“Il était au pied du mur”
De leur côté, les avocats de la famille du défunt ont de nouveau dénoncé le “système de management” de Lidl. “C’est une entreprise qui pousse ses salariés à bout, qui les pousse à l’arrêt maladie, au suicide”, a martelé Antoine Lounis pour la compagne et le fils de Yannick Sansonetti. “Bien sûr qu’il y a eu des alertes”, a complété son confrère François Burle, citant les nombreux témoignages et rapports sur la situation dans l’entreprise (lire le récit de l’audience de mai 2018).
“Nous ne sommes pas là pour faire le procès de Lidl, mais pour comprendre. Il y a des faits précis sur le harcèlement qu’a eu à connaître M.Sansonetti”, a-t-il défendu, rappelant notamment la récurrence d’audits menés par l’entreprise pour vérifier le travail du technicien. “Il était au pied du mur, il savait qu’il allait tomber”.
L’avocate de Lidl a demandé à la cour d’appel de suspendre son jugement dans l’attente des résultats du procès au pénal, dont l’instruction est toujours en cours. La décision de la cour d’appel sera connue le 17 janvier.
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Alors que les alertes et les témoignages sont clairs et convergents, cette société présente une défense toute de dénis, le ” Circulez y a rien à voir, il ne s’est rien passé” est vraiment poussé jusqu’à l’indécence en présentant limite la société comme une victime de la justice! L’avocat de la famille du salarié a bien raison d’indiquer qu’il ne fait pas le procès de Lidl. Ce procès là, c’est aux citoyens et consom’acteurs de le faire!
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