Robert Martinetti : "La SNCM est en sursis. Il va falloir se battre pour la sauver"
Robert Martinetti : "La SNCM est en sursis. Il va falloir se battre pour la sauver"
Il est toujours là. Au point que certains journalistes parisiens se demandent si Robert Martinetti ne fait pas partie des renseignements généraux. Il a passé de longues heures aux alentours de la préfecture durant les négociations menées par Gilles Bélier. Il était également là lors des derniers conseils de surveillance au parc Chanot. Et quand les marins de la SNCM se frottaient aux CRS en dénonçant leur soutien aux patrons voyous, il élevait la voix pour dire que tous ne le sont pas.
Car Robert Martinetti est avant tout un patron, propriétaire de Macor depuis 2004 après en avoir été le directeur depuis 1985. Macor est une entreprise de réparation navale spécialisée dans les "apparaux de levage" qui servent au chargement et déchargement des navires. Son second corps de métier développé depuis 2006 est l'inspection des embarcations de sauvetage. Deux corps de métier qui les placent en première ligne des sous-traitants des compagnies maritimes de transports de passagers. "Ma société réalise 42% de son chiffre d'affaires avec la SNCM. Mais, si cela avait été moins, je me serais engagé de la même façon." La SNCM fait aussi partie de son histoire personnelle : c'est sur les bateaux de la Transat qu'il embarquait enfant pour la Corse.
"Il y a quelques mois, j'était seul dans mon bureau à me gratter la tête pour savoir quel rôle je pouvais jouer dans le redressement de la compagnie. J'ai pris mon téléphone et j'ai essayé d'appeler les sociétés que je connaissais parmi les sous-traitants." C'est ensuite l'ancien directeur de la communication, Pierre Jaumain, qui lui fournit la liste des sociétés sous-traitantes. "Très vite, il y a en a eu 90 et je me suis retrouvé à la tête du collectif de soutien." Il prend alors l'habitude de côtoyer les syndicalistes avec lesquels on le confond souvent. "Mon soutien à l'entreprise n'est pas un soutien aux syndicats. Cela va de la CGT à la direction. Syndiqués ou pas, ils forment la SNCM."
"Fini avant que cela commence"
Le document validé lors des négociations de cette semaine ne satisfait pas pleinement Robert Martinetti. "Ce qui me déplaît le plus, c'est que l'on dise que c'est fini avant que cela commence. Sur ce que je sais du contenu, par rapport à mes inquiétudes quand nous attendions devant la préfecture, je dois dire que c'est pas trop mal, soupire-t-il. J'ai vraiment cru qu'on allait au blocage. Que Transdev lâche le morceau sur l'argent des assurances du Bonaparte placé sur un compte séquestre, je n'y croyais pas." Ces 60 millions d'euros consentis par les assurances après l'incident survenu dans le port de Marseille vont permettre de sécuriser la trésorerie dans les mois qui viennent. "Ces quelques mois ne sont pas suffisants, mais il faudra faire avec, estime-t-il. La SNCM est en sursis, il va falloir se battre pour la sauver. On restera à leurs côtés."
Le chef d'entreprise ne méconnaît pas la nécessité pour la SNCM de se réformer en profondeur quitte à passer par une importante "réduction de voilures". L'important est qu'elle survive, "sinon ça sera une catastrophe pour le port de Marseille".
Commentaires
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Des mots justes, un soutien de bon augure. Mais ces 90 entreprises iraient-elles jusqu’à prendre une participation au capital de la SNCM pour montrer qu’elles croient à son sauvetage, qu’elles le veulent ?
Au fait, la SNCM a-t-elle honoré les factures de ces sous-traitants qui craignent la disparition de leur donneur d’ordres ?
Les salariés de la SNCM sont plutôt bien traités, mieux que d’autres armements frères, leurs salaires sont très au-dessus de ce qu’on peut se permettre avec un pavillon de complaisance. D’après l’IFRAP : http://www.ifrap.org/Qui-a-coule-la-SNCM,14303.html
« Assistant maître d’hôtel : 3.352 euros net par mois,
Assistant mécanicien : 3.751 euros,
Garçon : 2.288 euros.
« Le nombre de jours de congés y est aussi de 182 jours par an selon un rapport commandé en 2013 par le ministre des Transports alors que la direction évoque plutôt 169, ce qui fait quand même presque autant de jours travaillés que de congés dans l’année.
« Quant aux rotations : alors que son concurrent Corsica Ferries, fait repartir après deux heures d’escale le bateau qui fait la traversée vers la Corse, le bateau de la SNCM passe, lui, la nuit au quai, à Ajaccio. »
Certains articles évoquent 800 licenciements à venir, de quoi consommer une bonne partie des 60 M€ consentis par les assurances après que le Napoléon Bonaparte se soit retrouvé le cul dans la vase. Avec des salaires moins élevés, peut-être pourrait-on garder davantage de personnel ?
Avec la SNCM on est dans une démesure qui remonte loin dans le temps, des « mauvaises habitudes ». Avec 60 M€ on aurait pu prolonger la vie de LF Foudry à Rousset. Que sont les 186 M€ pour assainir les plages de Marseille, en remontant l’Huveaune et les « sources » qui y déversent leur pollution, à côté des 440 M€ que la Communauté européenne voudrait que la SNCM rembourse ?
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Des fainéants nantis !
LIQUIDER cette boite et prenez de vrais gars qui veulent travailler !et cela ira beaucoup mieux !!!!!!!!
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En 2012,le Napoléon-Bonaparte a rompu ses amarres alors que Météo-France avait bien indiqué la vigilance orange doublée de plusieurs bulletins d’alertes pour tempête de vent violent. Apparemment, aucunes mesures conservatoires préventives n’ont été menées par les responsables de la SNCM le jour de cette alerte orange. Y-a-t-il eu une enquête pour rechercher le lien de causalité de la rupture des amarres d’un bateau aussi important ?
A ma connaissance, aucune sanction n’a été prise par le directoire à l’encontre du commandant du navire et de l’équipe chargée de l’amarrage. Personne n’est responsable… C’est la faute du vent, alors les assurances payeront. Le Napoléon-Bonaparte n’est pas le Pétalugue…C’était un outil de travail essentiel pour la compagnie.
Alors, aujourd’hui, on s’en prend aux matelots, aux lampistes en voulant liquider l’entreprise, puis licencier à tout de bras; A lire la presse,les déficits seraient générés principalement par des salaires élevés des hommes d’équipage…Quand on veut tuer son chien on dit….
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COMMENT SORTIR DE L’ÉCRAN DE FUMÉE?
Effectivement, on peut se demander pourquoi les chefs d’entreprises de PACA n’ont pas anticipé et proposé des solutions, depuis des années. Sans doute parce que la plupart, à l’exception des fournisseurs de la SNCM, étaient informés de l’objectif final. A ce propos, petit rappel de cet objectif pour la partie port de Marseille: les croisières, le fret pour la Corse et la spéculation d’Euroméditerranée. Reste le plus gros morceau, la partie corse.
La dernière grève a été un prétexte royal pour que les professionnels insulaires aillent se faire éponger leurs dettes à Matignon. La quasi totalité de la presse nationale a fait comme d’habitude, elle n’a vérifié aucune information. Les supers marchés ne manquaient de rien, mais les journaux titraient: “pénurie en Corse”. Un agriculteur déversait sa cargaison de fruits devant la préfecture de Bastia et devant les caméras compaisantes, et hop la Corse devenait miraculeusement exportatrice de fruits, elle qui importe la quasi totalité de la consommation. Coté tourisme, même enfumage. “La saison est foutue” pouvaient-on lire dans les grands journaux. Tu parles. Depuis toujours, la “saison” ne démarre qu’à la mi Juillet. Cette année c’est pire. Une météo exécrable a fait fuir les candidats au camping et des tarifs déraisonnables dans l’hôtellerie ont fait fuir les gens qui connaissent la crise. Le poids de la grève est dérisoire. Les personnes qui voulaient venir (malgré le temps et les tarifs) sont venus avec les compagnies concurrentes. Ces dernières étaient loin d’être complètes. C’est comme ça chaque début juillet. L’État le sait, mais il a offert des moratoires (encore) à des professionnels qui savent taper à la bonne porte et sur la figure des… bonnes personnes.
S’il on résume l’objectif final, il s’agit de spécialiser le port de Marseille (voir ci dessus), de donner une partie des subventions publiques du maritime aux professionnels corses et de récompenser la Corsica Ferries pour avoir servi de levier à l’opération. Cette dernière a beaucoup investi et ne se remettrait pas d’un maintien de la SNCM en état de marche. A huit ans d’intervalle, vous pouvez lire l’article suivant de juillet de cette année et le dossier publié en 2006. Vous verrez (liens suivants) que tout était (dé) goupillé.
https://www.bakchich.info/société/2014/07/14/sncm-un-naufrage-qui-vaut-de-l-or-63520
http://www.amnistia.net/wp-content/uploads/2013/10/dosmaritime-1.pdf
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