Guy Teissier : "Avec la métropole, les maires devront lever le doigt pour recruter"

Guy Teissier : "Avec la métropole, les maires devront lever le doigt pour recruter"

Depuis les dernières élections municipales, un compte à rebours silencieux s'est enclenché dans la plupart des mairies des Bouches-du-Rhône. Ce tic-tac feutré égraine le temps qui nous sépare de l'avènement de la future métropole, le 1er janvier 2016. Or, pour nombre de maires, la naissance d'Aix Marseille Provence coïncide avec la disparition annoncée de leurs prérogatives.

C'est pour entendre ces maires – et calmer leurs alarmes – que le nouveau président de la communauté urbaine, le député UMP Guy Teissier a décidé de mettre sur pied un "comité de pilotage pour le projet métropolitain" destiné à réunir les 18 maires, les parlementaires et les présidents des groupes politiques de MPM. Le but est de donner du contenu à la métropole avant 2016. "Compte tenu de la complexité des choses, je doute que la date du 1er janvier 2016 soit la date exécutoire de la métropole", modère Guy Teissier sur le plateau de Marsactu. Que nous soyons ou pas d'accord avec cette loi, il m'a semblé qu'il n'était pas raisonnable d'arriver au jour de l'exécution sans que le politique ne se saisisse de cette loi pour l'amender, la corriger, trouver des synthèses. Faire en sorte que toutes les appréhensions que les maires éprouvent soient effacées. (…) La pire des choses serait de ne rien faire". Cette instance se réunira tous les mois pour débattre des enjeux à venir et permettre à ces élus de peser sur les négociations qui vont s'ouvrir avec l'Etat.

Même si Guy Teissier n'en fait pas un argument, les partisans de la métropole dont il fait partie sont en minorité parmi les édiles. "J'ai mon opinion sur la métropole, j'ai voté la loi. Je ne m'en cache pas. (…) Il n'en reste pas moins qu'en tant que président de MPM je suis en quelque sorte le porte-parole des maires", commence-t-il par dire avant d'entamer un couplet de louanges à l'égard des maires. Ils sont élus et connaissent le mieux le territoire. Chaque maire est le militant de sa commune. Comme il s'agit de réduire leurs moyens au profit de la métropole, il est important qu'ils fassent entendre leur voix et leurs légitimes questions sur la façon dont demain ils pourront gouverner leurs communes".

"Une assemblée de technocrates qui moulinent"

Guy Teissier passe par pertes et profits le fléchage des conseillers communautaires qui s'approche pourtant d'une élection directe par les citoyens. Au contraire, il prend bien soin de mettre en avant les maires dont il se pose en représentant en listant les sujets qui doivent être tranchés avec eux : transfert de personnels, fiscalité, maîtrise de l'urbanisme. "Avec la métropole, les maires ne pourront plus recruter. Ils devront lever le doigt s'ils veulent deux personnes au secrétariat", affirme-t-il.

A contrario, Guy Teissier se veut l'artisan d'une synthèse. Et en passant il balance une belle pierre dans le jardin préfectoral de la mission de préfiguration confiée à Laurent Théry : "Il s'agit d'une assemblée de technocrates qui sont en train de mouliner en ne sachant pas toujours très bien de quoi ils parlent". Au contraire, des maires, "hommes et femmes de bon sens" qu'il faut savoir écouter.

En revanche, Guy Teissier ne s'étend pas sur la façon dont son comité de pilotage "maison" va s'articuler au conseil paritaire territorial de projet. Cette instance créée par décret par Jean-Marc Ayrault à l'automne pour faire une place aux maires dans les instances de préfiguration sera le véritable espace de dialogue entre 23 représentants des six intercommunalités et autant de représentants de l'Etat, sous l'égide du préfet Cadot. D'ores et déjà, la majorité des places est revendiquée par l'Union des maires et son président Georges Cristiani. Rendez-vous est pris entre les deux hommes. Entre porte-paroles des maires, ils devraient se comprendre.