Rythmes scolaires : "C'est au préfet de veiller au respect de la loi"

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le 26 Mai 2014
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Pour les 73 000 élèves marseillais, la rentrée scolaire de septembre prochain ressemble à un grand saut dans l'inconnu. Vendredi dernier, le sénateur maire Jean-Claude Gaudin et ses adjoints ont rencontré le Préfet Michel Cadot et le recteur d'académie Ali Saïb. Le but était de trouver une porte de sortie après le moratoire décrété unilatéralement par le maire qui refuse de mettre en place la réforme des rythmes scolaires. Or, dans un communiqué envoyé après ce rendez-vous, le maire a réaffirmé son refus en maintenant sa volonté d'instaurer un soutien scolaire après 16 h 30. Il évoque en premier lieu le coût pour la commune d'une telle réforme. Mais une exception marseillaise est-elle possible et avec quelles conséquences ? Administrateur national de la Fédération des conseils des parents d'élèves (FCPE), président de la commission Lycées du Ceser (conseil économique, social et environnemental régional), Michel Vincent dénonce une posture politique sans consistance.

Marsactu : La loi permet-elle à certaines communes de rester à quatre jours de classe, comme semble le souhaiter Jean-Claude Gaudin ?
Michel Vincent :
Cela n'est absolument pas possible, dans le cadre du minimum de demi-journées imposé par la loi, c'est-à-dire neuf demi-journées et cinq matinées obligatoires. Là où les communes peuvent encore choisir, c'est entre le mercredi matin ou le samedi matin.

Est-ce que la situation marseillaise a fait l'objet d'un traitement particulier devant le Conseil supérieur de l'éducation ?
Pour l'instant, Jean-Claude Gaudin est dans une position intégriste qui consiste à refuser la réforme pour des raisons principalement financières. Pour autant, il n'y a pas de demande de dérogation en cours. A contrario, nous en avons reçu de la Ville de Lyon par exemple. Elle a demandé l'autorisation de concentrer ses TAP (temps d'activités périscolaires) sur une demi-journée au lieu de plusieurs. Cela a été accordé.

Comment cela se passe dans les communes qui ont déjà mis en oeuvre la réforme ?
Depuis 2013, globalement cela se passe bien. Là où il faudrait proposer des aménagements, en revanche, c'est au niveau des maternelles, parce que les rythmes ne correspondent pas toujours aux besoins des petits enfants, qui font la sieste notamment. Mais les municipalités qui demandent des aménagements pour les maternelles les obtiennent. Au niveau des écoles primaires, cela se passe bien, que la matinée travaillée soit le mercredi matin ou le samedi matin. Nous n'avons pas eu connaissance de communes endettées à cause de la réforme… L'association des maires de France a fait un chiffrage, le cumul des aides de l'Etat ajouté aux aides de la CAF revient à 140 euros. Ce qui coûte au final 10 euros par enfant supplémentaires à payer pour les communes. Nous sommes loin du gouffre financier annoncé.

Au sein même de la FCPE, des dissensions existent. La FCPE 13 s'oppose à la réforme, notamment parce qu'elle craint que celle-ci conduise à creuser les inégalités territoriales, en transférant une partie de la mission éducative aux collectivités. Quel est votre avis là-dessus ?

Pour la FCPE nationale, un tel risque n'existe pas, sauf si une municipalité refuse d'appliquer la réforme et donc le financement qui lui est dû. Le financement par l'État est rendu complexe car toutes les communes demandent sa pérennisation. La dotation de l'Etat est acquise pour trois rentrées. Pour y avoir droit, la commune doit faire valider un projet d'éducation de territoire (PEDT) par l'inspecteur d'académie. Si celui-ci n'est pas validé, la commune ne reçoit rien. Certaines communes préfèrent refuser de déposer un PEDT dans la mesure où la réforme impose des contraintes (d'encadrement, d'horaires, etc). Les inquiétudes de la FCPE 13 résultent des déclarations politiques du maire de Marseille, car s'il n'appliquait pas la loi, cela créerait un déséquilibre entre ces 445 écoles et le reste du territoire.

Jean-Claude Gaudin propose d'instaurer un soutien scolaire à partir de 16 h 30. Cette proposition va-t-elle dans le sens de la réforme ?
Pas du tout. L'objectif de la réforme n'est d'ailleurs pas de faire du soutien scolaire, mais d'apporter du temps de repos aux enfants. Le soutien scolaire doit rentrer dans le temps de vigilance des enfants. Quant au périscolaire, il n'est pas obligatoire, seules les 9 demi-journées le sont. La Ville de Marseille fait blocus pour garder la semaine des quatre jours, mais administrativement, elle fait fausse route puisque les fonctionnaires de l'Éducation nationale vont devoir effectuer cinq matinées de classe, obligatoirement. Au final, les maires proposent mais c'est l'inspecteur d'académie qui décide. Si le 6 juin, la commune n'a pas émis de proposition officielle, c'est l'Etat qui tranchera arbitrairement. Ensuite, c'est au préfet de veiller au respect de la loi.

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Commentaires

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  1. badioio badioio

    Oui c est cela. C est au préfet , aux maires et aux ministres de s occuper des lois. Pas aux parents d’élèves excessivement complaisants ni aux inconstants chronobiologistes qui soutiennent une réforme qui n’a rien de bon ni pour la scolarité ni pour l’extra scolarité des enfants. Alors oui, au final, Mr Michel Vincent, laissez les politiciens se battre entre eux et allez consoler Mr Raoult.
    J’espere de tout coeur que le bon sens l emportera face cette régression qui supprime des activités extra scolaires de qualité du mercredi matin pour les repartir inefficacement en 45 minutes d attente par jour , et prive les instituteurs de l’après midi pour faire des sorties avec les enfants.
    Pour le bien des enfants, il faut reporter cette réforme qui n’a pas de gymnases, pas d argent, pas de personnels et dont la valeur ajoutée n’est pas convaincante.

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  2. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Pas d’argent pour nos minots, donc. Mais pour Guetta, la bachelorette, le foot ou d’autres trucs indispensables comme la patinoire, il y en a. C’est donc seulement une question de priorité.

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  3. julijo julijo

    Finalement, Gaudin, et ses troupes n’ont pas lu le texte de la réforme. Réjouissant !
    Cela augure bien de la façon dont sera gérée la ville…là encore le changement annoncé, était juste annoncé !
    Ravie de savoir que finalement il n’a pas le pouvoir de ne pas appliquer ce changement.
    Pourvu que le préfet fasse son boulot !!!!

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  4. Anonyme Anonyme

    J’ai une question…comment vont faire les parents pour assurer les RDV de leurs enfants quand ils sont obligés d’être suivi par des centres de CMPP ou des professionnels (orthophoniste, orthoptiste, psy ou autres) on est déjà obligé de leur faire raté l’école bien souvent alors là!!!!!! c’est pire. Finalement, si on a plus le mercredi de libre, à quoi cela sert si on les soigne d’un coté pour leur faire raté l’école de l’autre. QUE choisir????,

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  5. julijo julijo

    Et Denain, ville la plus pauvre de France a été une des premières communes à appliquer la réforme.
    Il ne s’agit pas d’un souci de moyens, ce sont des mensonges on pourrait à Marseille trouver les moyens, il s’agit d’une “cause” politique : La volonté de mettre en cause le caractère égalitaire de l’éducation nationale, de tenter de réduire les inégalités….mais la plupart des élus marseillais qui ont eu des enfants les ont scolarisés dans le privé.
    Et dans le privé les élèves vont quelquefois à l’école sur 5 jours, et là ça ne gène personne.

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  6. hyday hyday

    Je ne suis pas UMP , Je n’ai jamais voté Gaudin et je suis d’accord qu’il met beaucoup d’argent dans le paraître par contre en ce qui concerne les rythmes scolaires , et si ce n’est surement pas pour les mêmes raisons, je suis également contre….ce sont les programmes qui sont à revoir surtout, la gestion du coucher des enfants qui pour la plupart se couchent bien trop tard.ensuite cette réforme augmentera l’inégalité, ce qui en ont les moyens feront sortir les enfants à 15h45 pour qu’ils ,puissent faire des activité plus intéressantes ou bien se détendre tranquillement, les autres resteront encore plus longtemps à l’école qu’auparavant,3 heures de plus par semaine. Si un vote était organisé sur le sujet je ne suis pas sure que le oui l’emporterait…

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  7. Gilets Jaunes 13 Gilets Jaunes 13

    Les propos de Mr Vincent ne sont malheureusement pas ni neutres ni objectifs…
    1) En effet, si un maire n’applique pas la réforme et n’ouvre pas son école le mercredi matin (ou samedi), le préfet pourra saisir le tribunal pour l’y obliger !

    Le juge statuera alors sur la situation mais n’oublions pas que les maires ont à leur disposition de nombreux arguments de défense sur le fond du décret.

    La démarche pourrait en effet se dérouler comme suit : le maire prend un arrêté, attaqué par le préfet, mais la défense présentée par le maire met en avant l’illégalité du décret que l’élu refuse d’appliquer…

    2) Mr Vincent parle d’une dérogation accordée à la ville de Lyon… alors qu’il s’agit simplement des assouplissements proposés par le ministre Hamon dans son décret.

    3) Malheureusement dans les communes où la réforme a déjà été mise en place, cela ne se passe pas aussi bien que Mr Vincent l’affirme. il n’y a qu’à regarder les derniers sondages et les nombreux incidents : pas plus tard que la semaine dernière ( environ 23 mai), à Paris, 11 élèves se sont retrouvés dans la rue, livrés à eux même alors qu’ils devaient être à l’école en TAP, aux dépends de la volonté des parents ils ont pris le métro et sont aller jouer ailleurs…

    ATTENTION AUX CHIFFRES !!! Les 140€ apportés par l’Etat sont soumis à conditions !

    La réforme coûte en moyenne 150€ par enfant. Bien plus dans les communes en difficultés !

    L’Etat apporte 50€.

    L’Etat apporte 40€ de plus pour les communes classées en difficultés (et qui ont besoin de plus de 150€ par enfant…)

    Puis la CAF apporte 54€ sous conditions (de trouver un certain nombre d’animateurs qualifiés, de faire participer les parents, etc…)

    Donc affirmer qu’il ne reste que 10€ à trouver par les mairies est loin d’être la réalité… surtout avec la baisse de dotation globale de fonctionnement…

    4) Les inégalités territoriales soulevées par la FCPE 13 n’ont rien à voir avec les propos de Mr Gaudin !

    Les inégalités ne résultent pas de l’application ou de la non-application de la réforme ! Mais seulement de sa mise en place qui NE PEUT PAS être égalitaire de partout et varie d’une commune à l’autre car il s’agit en fait d’un transfert de compétences de l’Etat vers les communes !

    5) En effet organiser un soutien scolaire n’entre pas dans le cadre de la réforme.

    Mr Vincent rappelle également que le but de la réforme est d’augmenter le temps de repos de l’enfant et en ce sens c’est plutôt un échec…

    Déjà dans beaucoup de PEDT les journées sont toujours aussi longues, les parents se plaignent de voir leurs enfants plus fatigués qu’avant…

    Non il vaut mieux laisser tomber cette réforme inefficace et certainement PAS POUR LE BIEN DES ENFANTS !!!

    plus d’infos : http://www.giletsjaunes13.fr

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  8. julijo julijo

    Un sport national : “BOBARDISER” devrait être élevé au rang des Beaux Arts…9e ou 10e…ca le mérite sérieusement. On devrait en tout cas rapidement inventer le verbe, il se conjugue déjà !
    L’utilisation tronquée des chiffres, la manipulation des sondages, les lieux communs sur les sujets…tant de bobards dits et répétés….
    Bref, personne ne veut d’une réforme des rythmes scolaires…personne ne veut que l’école reste en l’état….personne n’accepte de changement….personne n’est content aujourd’hui de l'”école de la République” se greffent également quelques soucis personnels inhérents au métier de parent !!!
    Education Nationale, quand tu nous tiens……
    En bref, on bouge pas. Et surtout que les parents d’avis différents se taisent, ils ont tort ./
    Ah liberté, liberté, on en dit des bobards en ton nom….

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