La Marelle met des hashtags dans les hémistiches
La Marelle met des hashtags dans les hémistiches
Le texte court sur l'image, s'enroule parfois autour, se superpose avec la netteté d'un slogan publicitaire sur un cliché flou au sujet indéterminé. Souvent l'ensemble se révèle fantasmagorique, la cohérence se dévoile peu à peu. Les lacunes laissées par ces étranges fragments narratifs créent la confusion dans l'esprit du lecteur-voyeur. Imaginés par Jean-François Magre, les "Nanodrames" lui ont permis de remporter l'appel à projets initié l'année dernière pour une résidence d'écriture numérique à la Marelle, située à la Friche de la Belle de mai.
Cette année encore la Marelle, lieu de résidence d'écrivains, Alphabetville et les éditions Le bec en l'air relancent ce projet d'écriture littéraire au format numérique. Au départ, l'idée est survenue presque naturellement au cours des résidences d'auteurs, au moment de la restitution des oeuvres. Si le numérique présente des avantages pour celle-ci, avec un moindre coût et la possibilité d'intégrer des sons et de l'image au texte, il devient bien davantage qu'un simple support. "On le voit d'ailleurs dans ce que nous consommons, des choses qui s'expérimentent avec des formats hybrides, des oeuvres qui jouent avec le virtuel" constate Pascal Jourdana, directeur artistique de la Marelle.
L'écriture, matière première
Pour autant, ici, le numérique ne doit pas occulter la matière première de l'oeuvre : "Le projet doit partir de la matière d'un écrivain", autrement dit de l'écriture, insiste Pascal Jourdana. "Nous attendons que les lauréats nous fasse toucher du doigt ce qui pourrait devenir une forme d'écriture nouvelle, avec une lecture nouvelle, intégrant la forme numérique", explique le fondateur de la Marelle. Et justement, poursuit-il, les nanodrames de Jean-François Magre ont séduit le jury l'an passé, non par "leur originalité extrême mais par des textes très poétiques, une association de textes et de photos pertinente et la création de quelque chose de très personnel." Et si le projet s'intègre parfaitement au format tablette, "La sélection s'est avant tout faite sur l'aspect littéraire".
Des séquences de cinq à treize photos constituent les nanodrames qui se feuillettent sur smartphone ou tablette. Au départ, raconte l'auteur, "l'idée était de recycler, de donner du sens à une quantité de photos perdues ou oubliées sur une carte SD, pas forcément regardées." Certaines photos trouvées, prises par lui-même ou sa compagne sont récupérées, des clichés sont scannés. "Lorsque le texte et les photos se rapprochent, le texte se modifie, la mise en séquence se concrétise. Le texte reste elliptique, car la volonté est de créer plus de trous que de plein, de créer un équilibre comme cela". Tantôt les récits narratifs sont la retranscription d'une conversation de café, tantôt ils apparaissent plus poétiques. Mais le récit littéraire n'est jamais trop foisonnant. "On se déplace avec ce peu, on ouvre le plus de perspectives possibles". Les césures, la constitution des images, les histoires un peu sombres participent de cette fiction, "cet ensemble à l'organisation dramatique".
Au final, Jean-François Magre considère que son travail tient autant de l'écriture littéraire que de l'écriture cinématographique et photographique, "comme un film de photos fixes avec des textes." Pour l'heure, l'écrivain ignore qu'elle forme prendra le livre numérique qui devrait réunir les nanodrames. Dans l'ère du numérique, une autoroute de potentialités s'ouvre. Reste à savoir si les Immortels de l'Académie française regarderont un jour avec bienveillance l'apparition de hashtags dans les hémistiches.
L'appel à candidatures pour la prochaine résidence numérique sera clôturé le 1er juillet 2014.
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Enfin de l’inédit interressant ! Bien Magre .
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