Pour son meeting hommage à Chirac, Bruno Gilles en fait des caisses de pommes

Reportage
le 28 Sep 2019
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Artisan local de la première campagne victorieuse de Jacques Chirac en 1995, le sénateur LR a multiplié les parallèles avec le "combat de sa vie" pour la mairie face à Martine Vassal. A ses côtés lors du "duel fraticide" Chirac-Balladur, Renaud Muselier a répondu présent à la Valentine, tout en réservant son soutien.

Le premier meetin
Le premier meetin

Le premier meetin

Un coup du destin à la saveur aigre-douce  ? À la tribune pour son meeting de campagne municipale, Bruno Gilles assure qu’il voulait déjà offrir les pommes qu’il invite à brandir en hommage à Jacques Chirac, décédé la veille. Ces pommes, non pas de Corrèze, mais des Bouches-du-Rhône, sont “un symbole de sa remontada” de l’élection présidentielle de 1995. “C’était le combat de sa vie, rien ni personne ne pouvait l’arrêter”, s’envole Bruno Gilles, clamant, lui aussi sa détermination à aller au bout, malgré la candidature de Martine Vassal, présidente de la métropole et du département, déclarée deux semaines plus tôt. “On le donnait perdant, largement perdant”, rappelle-t-il dans une allusion au sondage paru le matin même, qui place une nouvelle fois sa rivale en meilleure posture.

“Je préparais un meeting assez classique. Mais il était indécent de faire comme si”, retrace-t-il. Et voilà les portraits de Jacques Chirac qui s’accrochent pour l’hommage organisé à la hâte, les t-shirts de la campagne de 1981 qui habillent les militants Jeunes républicains. Un ex ambassadeur témoigne du rôle de l’homme d’État dans la guerre en Irak et impose un silence respectueux dans l’assistance.

Et voilà les pommes qui emplissent les caisses, puis les mains et prennent une saveur particulière, comme la présence de Renaud Muselier, président du conseil régional. “La loyauté, je l’ai apprise, nous l’avons apprise avec lui mon cher Renaud, et ta présence en témoigne”, lance le sénateur, ex maire des 4e et 5e arrondissements, qui a mené de multiples campagnes avec lui.

Muselier : “Bruno doit faire des efforts”

“Le duel fratricide entre Chirac et Balladur a structuré mon parcours politique, pose Renaud Muselier à la tribune. Nous n’étions pas nombreux, moi, Bruno et quelques-uns que j’aperçois ici.” Pas Jean-Claude Gaudin, qui coordonnait alors la campagne régionale d’Édouard Balladur et a fait le choix de Martine Vassal, après avoir désigné Bruno Gilles comme successeur. Où l’on reparle de loyauté, avec un Renaud Muselier qui a lui-même connu à deux reprises des déconvenues similaires.

Pour autant, le président du conseil régional multiplie les périphrases dans son discours et, face à la presse il rejette le terme de “soutien”. “J’ai beaucoup aimé l’ambiance ici, meilleure qu’au Silo [dernier meeting de Martine Vassal, ndlr]. Finalement le plein air me réussit”, s’amuse-t-il. Et plus sérieusement ? “Bruno doit faire des efforts, chacun doit faire des efforts”, nous répond-il. Il est ainsi venu “faire passer des messages, parler d’union et de respect mutuel”. Alors que Martine Vassal dit vouloir éviter “la guerre des droites”, il rappelle le cadre exigeant d’une victoire à Marseille : “En ticket Gaudin-Muselier, nous avons fait au mieux 5 secteurs contre 3, puis 4 contre 4.” Or, le contexte politique laisse déjà craindre “un 3-3-2” synonyme de majorité bancale et de “métropole en difficulté”.

Du cabinet de Gaudin aux listes de Gilles ?

Mais avec une autre de ses formules fétiches – “ni système, ni extrême” – Renaud Muselier amène une autre question sensible pour Bruno Gilles, celle de sa rupture avec certaines pratiques de la gestion municipale (voir notre dossier “Autopsie d’un système municipal”). De l’autre côté de la piscine du Manu beach, d’abord une pancarte puis une imposante banderole interpellent. Pas seulement parce qu’elles sont les seules dans cet événement où les pommes tiennent lieu de fanion. Mais surtout parce qu’elles nomment une personnalité, un secteur, et pas n’importe lesquels. “Le 6/8 avec Bruno Gilles et Annette Placide”, clament-elle aussi fort que les militantes “à fond derrière cette femme de cœur” qui les brandissent. Ainsi, comme l’a esquissé Le Monde, celle qui a passé 35 ans au cabinet du maire pourrait affronter Martine Vassal dans le secteur clé de la Gaudinie. “On ne sait pas encore à quelle place”, nuance l’intéressée, en guise de confirmation.

Annette Placide, ex membre du cabinet de Jean-Claude Gaudin, icône inattendue du Manu Beach.

Si elle n’a jamais exercé de mandat électif, on semble très loin, du “renouvellement des personnalités, pas forcément dans notre famille politique” et de la limitation des mandats dans le temps souhaitée par Renaud Muselier. Face à lui, une assistance fournie, deux mille personnes diront les organisateurs, où l’on croise ici et là des élus et ex-élus. Ce ne sont pas des premiers couteaux mais on croise tout de même quelques figures connues de la droite locale : la maire des 4e et 5e arrondissements Marine Pustorino, son mari et ancien président des jeunes UMP Fabrice Durand, son successeur chez LR le conseiller régional Ludovic Perney, l’ancien président de la RTM Maxime Tommasini, l’élu métropolitain et ancien syndicaliste policier Jean-Claude Delage, le fidèle Patrick Padovani, adjoint à la santé de Jean-Claude Gaudin ou encore son homologue à la famille et militante de la Manif pour tous Catherine Giner. Des soutiens qui, surtout lorsqu’ils ne viennent pas des 4e et 5e arrondissements, sont bienvenus face à Martine Vassal, laquelle aligne les principales personnalités de sa famille politique. Mais qui en retour pourraient aspirer à nourrir les listes.

“Le renouvellement, Renaud en a parlé et cela tient à cœur de Bruno”, défend Marine Pustorino, maire du 4/5 “à la vie à la mort” avec son prédécesseur. “Vous en connaissez beaucoup des hommes politiques qui forment des jeunes pour les remplacer ?”, illustre celle qui, à son entrée au conseil municipal en 2008, était haute comme trois pommes.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Gilles qui se prend pour Chirac . Faut oser et c’est même à cela que nous les reconnaissons. Réplique usitée ,voire usée mais qui lui colle à la peau.
    Bien aimé sa réflexion sur Gaudin concernant l’épisode Chirac/Balladur en le positionnant comme traitre. Mais comment a t’il fait pour travailler avec ce dernier durant des années? .Concernant VASSAL , ils ne passeront pas leurs vacances ensembles sauf poste de premier adjoint à la clef.
    Enfin le père Gilles en fait des tonnes comme d’habitude. Tout cela pue la mauvaise politique.

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  2. didier L didier L

    Trahir, mais n’est ce pas la règle à droite, ainsi que la bataille des ego ?
    Si la trahison Giscard/Chirac n’avait pas eu lieu est-ce que Mitterrand aurait été élu en 1981 ? La politique et le jeu électoral c’est comme une partie de jeu d’échecs dans laquelle le coup le plus tordu diront certains; ou le plus ” habile” diront d’autres, est gagnant.
    Et la démocratie dans tout ça, le bon peuple qui regarde sont-ils gagnants eux ?

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  3. Alceste. Alceste.

    Vivement le mandat imperatif

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