Le second tour des municipales à Marseille en quatre cartes

Le second tour des municipales à Marseille en quatre cartes

Dimanche soir, à la fédération socialiste, un vieux briscard du parti reprenait à son compte la théorie du sismographe : en cas de tremblement de terre, les répliques sont souvent plus fortes que la première secousse. Les candidats appelaient à un sursaut à gauche, ils se sont donc pris une secousse venue de droite. Pourtant la participation a bien progressé entre les deux tours avec 57,28% contre 53,53% le 23 mars. Mais elle n’a pas atteint le score de 2008 qui avait porté Jean-Noël Guérini à deux doigts de l’emporter face au maire sortant en conservant les secteurs de gauche et en conquérant la mairie du 1/7.

Six ans après, la gauche unie a fait exactement le contraire en ne conservant qu’un secteur sur quatre. Il n’y a plus, pour la gauche, qu’un fief rose dans les 15/16 tenu par Samia Ghali. Dans ce secteur, et même si au dire d’un membre de son équipe “les communistes ne se sont pas mobilisés”, la participation a profité à la maire sortante qui a obtenu 45,54% contre 30,63% pour le candidat du FN Bernard Marandat et 23,83% à Arlette Fructus. La carte des résultats par secteur montre l’ampleur de la défaite à gauche.

Vue d’avion, notre deuxième carte, celle de la progression de la participation, peut donner une fausse impression. Y aurait-il eu une mobilisation des électeurs de gauche dans les secteurs qu’elle détenait : le 1/7, le 2/3, le 13/14 et le 15/16 ? En fait, ces votants supplémentaires ont bénéficié à l’ensemble des listes. Même la liste scellant l’alliance entre Solange Biaggi et Lisette Narducci connaît une petite progression par rapport à la somme de leurs scores au premier tour. Pourtant, la gauche espérait que certains électeurs de cette dernière allaient finir par rejoindre son camp.

C’est un autre des enseignements de ce scrutin : on ne peut (définitivement) plus dire que le Front national n’a pas de réserves de voix à Marseille. Le parti d’extrême droite progresse partout entre les deux tours. Au nord et à l’est, les renforts sont très nombreux. Le FN gagne 3114 voix dans les 13/14, 2247 dans les 11/12 avec une forte poussée dans le 11e arrondissement.

Pour visualiser d’un seul coup d’oeil à qui a bénéficié la mobilisation des abstentionnistes, cliquez sur le secteur concerné. Pour le premier tour, nous avons additionné les voix des listes PS-EELV et Front de gauche pour pouvoir comparer leurs scores avec ceux du second tour.

Descendons d’un cran. La cartographie à l’échelle des bureaux de vote des 13e et 14e arrondissements, emporté dimanche par Stéphane Ravier, montre l’emprise du Front national sur ces quartiers. Il y dépasse les 30% dans la grande majorité des bureaux, avec des pointes à plus de 40% dans les quartiers résidentiels de Sainte-Marthe, Château-Gombert, Les Olives… La carte fait aussi apparaître une ligne de fracture nette : celle du chemin de Saint-Joseph à Sainte-Marthe. Au Nord, on retrouve les scores pré-cités, au Sud, les scores des cités (Picon, Font-Vert, Les Flamants, La Busserine…) où ses suffrages dégringolent jusqu’à 4%. Mais déjà, tout au Sud du secteur, le long du boulevard de Plombières, les quartiers Bon Secours et Saint-Gabriel votent à plus de 40% FN.

À côté de la complexe couture urbaine des 13e et 14e arrondissement, le premier secteur présente une cassure simplissime : à l’UMP Dominique Tian, le 7e arrondissement, au socialiste Patrick Mennucci le 1er. Ce schéma n’est pas nouveau, mais il était moins marqué en 2008, lors de l’élection de Patrick Mennucci face à Jean Roatta, chacun mordant sur l’arrondissement voisin. Et cette carte relativise la chute de la liste socialiste observée au premier tour dans le coeur populaire du centre-ville. Au second, la gauche s’est ressoudée (+ 2337 voix) autour du maire sortant, sans pour autant suffire à inverser la tendance.

Rectificatif : Le Front national a progressé dans l’ensemble des secteurs, y compris dans le 9/10 contrairement à ce que nous écrivions dans une première version.