Plus que jamais, Samia Ghali vote Samia Ghali

Plus que jamais, Samia Ghali vote Samia Ghali

Inviter des journalistes en période de voeux, beaucoup de politiques en ont pris l'habitude. Samia Ghali ne déroge pas à la règle et a réuni les claviers et micros locaux pour un tour d'horizon de l'actualité. Celle qui a fait du franc-parler sa signature a commencé par distribuer un tract. Une lecture rapide permet de relever une absence : le nom de Patrick Mennucci, tête de liste socialiste à la mairie pour les municipales, n'apparaît pas. "C'est une profession de foi destinée aux habitants des 15e et 16e arrondissements", corrige prestement Samia Ghali. Mais le ton de la rencontre est donné.

Concrètement, la maire sortante du secteur continue de tracer sa route après des primaires qui l'ont hissée en tête au premier tour. À Patrick Mennucci le vainqueur, elle ne cède que peu de choses. Cela pourrait se résumer en fait à une phrase : "Je ferai tout pour qu'il gagne." Mais, au-delà, Samia Ghali aime à glisser sa "touche personnelle". Le slogan "agir avec courage et efficacité" ? Ce n'est pas le "nouveau cap" choisi par tous les autres candidats. Le programme ? Pour elle, tout n'est pas réglé et elle continue de poser des exigences alors que l'accord post-primaires avec Mennucci avait semblé sceller la fin du débat.

Tout est à l'avenant. Patrick Mennucci aurait souhaité que le mari de Samia Ghali, Franck Dumontel, soit son directeur de campagne. "Je le lui ai déconseillé", répond-elle. Elle glissera plus tard que son conjoint sera finalement de la partie à un autre poste. "Ils se sont peut-être rendus compte qu'ils avaient besoin de lui", s'amuse l'élue toute contente de cette nouvelle victoire symbolique. "S'il avait été directeur de campagne, on aurait encore dit que c'était moi". Quelle que soit la nouvelle attribution de Franck Dumontel, on dira encore que c'est elle qui s'impose et, même si elle s'en défend, on jurerait que ce n'est pas pour lui déplaire.

Une force de nuisance ?

Programme "pas encore réglé" ou refus réaffirmé d'une deuxième place sur la liste de Garo Hovsepian pour Florence Masse : Samia Ghali campe sur ses positions, consciente de sa force, qu'elle pourrait à un moment donné retourner contre son propre camp. Elle n'hésite pas à réclamer "un bilan de mandat" pour chaque élu. "Le risque de ce genre de rendez-vous avec la presse, c'est que 90 % des questions portent sur des idées générales alors qu'elle n'est pas la candidate à la mairie. Mais comme elle est franche, elle répond", commente-t-on dans son entourage comme pour minimiser le côté préparé de ses sorties.

Ce soutien somme toute mesuré à Mennucci ne l'amènera pas à prendre une part directe dans l'exécutif municipal même si on le lui a "proposé". Avec une mainmise complète sur ses listes dans le 15/16 et un fort droit de regard sur le 13/14, elle a l'assurance de peser lourd dans le futur groupe socialiste à la mairie avec ces deux secteurs promis à la gauche. Elle profite de cette liberté d'action pour promouvoir des personnalités de la société civile comme l'ex syndicaliste de la SNCM Bernard Marty, l'entrepreneur Yann Airaudo ou le militant associatif local Thierry Micelli même si la plupart devront d'abord faire leurs preuves sur le secteur.

Marseille l'ambitieuse

Pour elle-même non plus, Samia Ghali ne manque pas d'idées. Euroméditerranée en août prochain ? Pourquoi pas : "C'est quelque chose que je regarderai de très près. Cela peut être un grand et beau projet. Euromed a besoin de quelqu'un qui pilote vraiment. Je ne sais pas si ce sera moi. Je ne sais pas si je voudrai être candidate mais je serai très attentive à qui y sera." La métropole que les trois milliards débloqués par Ayrault lui ont convaincu d'embrasser ? Peut-être bien : "C'est un poste intéressant. Il faut quelqu'un qui a envie, qui a de l'énergie." Les sénatoriales ? Assurément : "Il n'y a pas de débat là-dessus. C'est moi qui vais être candidate contre Jean-Noël Guérini. Cela n'a jamais été mis en discussion. On a écrit partout que j'étais guériniste mais c'est moi qui vais l'affronter directement."

Samia Ghali n'a pas poussé le vice jusqu'à répondre à la question des municipales de 2020. Mais, incontestablement, elle structure son équipe, loin d'un parti socialiste qu'elle juge incurable. "Peut-être que je connais trop les gens de ce parti", juge-t-elle lapidaire. Elle qu'on a accusé de clientélisme juge même que "ceux qui en parlent le plus sont ceux qui ont le plus à cacher" et vante le mérite et le renouvellement du personnel politique. En 2020, Samia Ghali n'aura que 52 ans et pourra donc aisément briguer à nouveau la mairie de Marseille. Mieux vaudrait alors que Patrick Mennucci ne se présente pas en maire sortant.

Correction le 15 janvier à 10 h 30 : Nous avons attribué le terme de "népotisme" à Samia Ghali alors que celui-ci n'a en fait été prononcé que par une journaliste. L'élue a refusé de le prendre à son compte. Nos excuses aux intéressés et à nos lecteurs.