Ils sautent le pas pour un sursaut marseillais

Ils sautent le pas pour un sursaut marseillais

"Vous allez voir les dissidents ? Très bien. Pour nous, ils n'existent pas". Midi pointe à peine et quelques plumitifs quittent la salle de l'écomotive où la tête de liste d'Europe Ecologie-Les Verts, Karim Zeribi a convoqué une conférence de presse au débotté sur le thème du récent rapport que la chambre régionale des comptes a consacré à la gestion de la Ville. Les invitations sont parties la veille pour une conférence trois-quart d'heure avant un autre événement : l'appel citoyen pour un sursaut démocratique à Marseille initié par Sébastien Barles et plusieurs autres écologistes historiques à partir de l'appel des Gabians.

En plus de plumitifs et de quelques oiseaux blancs, il y avait effectivement pas mal de Gabians sur le parvis de la place Bargemon, à l'aplomb de l'hôtel de ville. En langage politique, depuis l'hiver dernier, le terme désigne les signataires d'un premier appel initié déjà par Sébastien Barles, des représentants du Front de gauche et plusieurs figures de la mouvance culturelle et associative. Durant l'été, l'appel des Gabians s'est transformé en "sursaut" annoncé dans le mensuel V Marseille, en attendant la rentrée pour être officialisé.

"Pas des dissidents"

Lequel lancement a tardé en raison notamment du processus interne à Europe Ecologie-Les Verts auquels participaient les écolos historiques avant de se retirer avec fracas. "Mais je suis toujours candidat EE/LV dans le 4e/5e et encore plus dans le 1e/7e", signale Sébastien Barles en marge de la conférence de presse. Le divorce apparaît consommé depuis l'assemblée générale de samedi, où Karim Zeribi a été désigné tête de liste sur la ville. "Des recours sont en cours concernant les irrégularités sur les cartes d'adhésion et la manière dont le scrutin s'est déroulé, affirme le conseiller municipal EE/LV. Mais nous ne sommes en aucun cas des dissidents. L'initiative du sursaut et tout à fait compatible avec l'agenda du parti".

Ce n'est pas seulement pour ces raisons intestines que le Sursaut a tardé à s'officialiser : ses initiateurs attendaient la signature d'une grosse pointure susceptible de s'imposer à la tête d'un mouvement citoyen et permettant de lui donner un certain poids de notoriété. Depuis des mois, le nom de Pape Diouf est annoncé. Mais devant l'hôtel de ville s'est son conseiller, Vincent Manca, qui a pris le micro pour évoquer son absence : "Cet appel n'est qu'un appel. Si on peut dire un tremplin pour aller plus loin. Il faut maintenant construire un groupement et écrire un projet sans faire le programme du père Noël. Pape Diouf est attentif à ce qui se passe ici".  

L'ancien président de l'OM se tâte encore. "Mais il y va à 95%", affirme son conseiller, sans préciser de quoi sont constitué les 5% manquant. Car le sage d'Abéché est très sollicité à gauche. Plusieurs candidats aux primaires socialistes souhaitent le rallier à leur cause. "Il souhaite attendre la fin des primaires pour se prononcer, commente Sébastien Barles. Non pas pour répondre au plus offrant mais pour ne pas tomber en pleine tambouille socialiste". Autre rendez-vous plus imminent, le 9 octobre prochain, François Hollande devrait remettre la légion d'honneur à Pape Diouf. "Il devrait avoir un entretien le président à cette occasion", confirme Vincent Manca. Y sera-t-il question de la campagne des municipales ? Le conseiller du président s'en sort part une pirouette : "Pape Diouf n'est pas quelqu'un à qui on force la main, même si c'est le président de la République…" L'Elysée ne confirme ni la cérémonie, ni le tête-à-tête.

Au-delà des chapelles

D'ici ce ralliement, les signataires sur Sursaut entendent lancer une dynamique citoyenne en s'émancipant des chapelles politiques. Déjà, leur appel compte de nombreuses figures du mouvement associatif (Un centre-ville pour tous, Laisse Béton, les brouettes de la Belle de Mai, l'appel du 1er juin, collectif des quartiers populaires…), des figures du milieu culturel, des intellectuels, des syndicalistes, mais également des militants politiques des partis de gauche et de nombreux citoyens non encartés. La seule absence notable est celle des élus du parti communiste pourtant présents lors de l'appel des gabians et qui appellent de leurs côté à un rassemblement autour de leur propre bannière. "Nous sommes toujours en dialogue, glisse Sébastien Barles. De toute façon, la discussion reste ouverte jusqu'au dépôt des listes".

Pour l'heure, le mouvement se met en ordre de marche autour de trois collèges : la nouvelle gouvernance, réunifier la ville et inventer un modèle d'éco-développement. Ils ont prévu d'autres rendez-vous publics dans les mois qui viennent avec notamment des états généraux de la démocratie locale en novembre. "Je sens vraiment que quelque chose se passe. Il y a une bonne dynamique, assure Pierre-Alain Cardona, ex-candidat aux primaires PS et passé du Réveil au Sursaut marseillais. Les gens prennent leur responsabilité. Chacun a envie de faire cet effort sur soi-même. C'est normal et insuffisant mais c'est porteur d'espoir. L'enjeu maintenant, c'est élargir".