Ô les beaux millions de la capitale culturelle

Ô les beaux millions de la capitale culturelle

"Souvent les chiffres sont un peu froids mais il est important de les donner", badine Jacques Pfister, président de Marseille Provence 2013 et président de la chambre de commerce et de l'industrie (CCI), en introduction à cette conférence de presse consacrée à l'impact de la capitale européenne de la culture sur le territoire.

Brandissant une plaquette contenant une avalanche de statistiques, il se contente de ne donner qu'un chiffre : "entre 6 et 7 millions de visiteurs, des chiffres quasiment validés par la police en enlevant 20%", plaisante Jacques Pfister. A une centaine de jours de la fin de l'année capitale, pour l'organisation, l'heure est au bilan de fréquentation.

6,3 millions de visiteurs

Deux grandes données sont mises en avant pour illustrer le succès de l'organisation de la capitale européenne de la culture : le nombre de visiteurs des différents évènements culturels et les touristes qui sont descendus voir la capitale. Côté culture, leur bilan est de "6 340 000 visites à J-100 pour les principaux événements et lieux culturels". Il comptabilise le nombre de personnes ayant été voir une exposition, assister à un événement ou visiter un musée. Une même personne peut alors être comptée plusieurs fois, si elle visite consécutivement le Pavillon M, le Mucem et le Palais Longchamp. Ce faisant, ils élargissent le spectre du week-end d'ouverture à la patrouille de France du 14 juillet en passant par les visiteurs du Mucem ou encore Yes we camp (comptabilisé dans le "off" et le "in"). Donc si vous allez voir à quoi ressemble le toit du Mucem, vous êtes comptés.

Accompagné des responsables statistiques de l'association MP2013, Jacques Pfister affirme "que les même méthodes que dans les autres capitales européennes ont été utilisées". Il lancera plus tard : "A mon avis, ceux qui pour les autres capitales européennes ont annoncé 10 millions de visiteurs sont des menteurs". Pourtant, dès janvier, le même Pfister annonçait tout de go : "Les résultats sont très satisfaisants, nous sommes en route vers les 10 millions de visiteurs". Un chiffre qu'il continue d'ailleurs de présenter comme un objectif réaliste, quitte à passer pour un menteur.

"Les touristes chinois, c'est comme les moutons…"

Depuis fort longtemps, l'autre grand critère d'auto-évaluation de la capitale européenne est le nombre de touristes. Est comptabilisée comme touriste toute personne séjournant au moins une nuit sur le territoire de la capitale. En juillet 2012, Bertrand Collette, chargé des grands chantiers à Marseille-Provence 2013, annonçait un objectif de + 25% en termes de fréquentation touristique. "On est déjà à 8 millions de touristes pour le département, déclare Daniel Conte, président de Bouches-du-Rhône Tourisme et vice-président du conseil général. 20% de plus, c'est extraordinaire". Il cite alors le pays d'Aix comme le champion du territoire en matière hôtelière avec une hausse de 26% des nuitées vendues. N'en déplaise à Jean-Claude Gaudin qui fait déjà de la capitale culturelle et du tourisme la pierre angulaire de son bilan, Aix continue d'être la ville la plus attractive. 

Le président de l'office du tourisme d'Arles, Christian Maurisard abonde dans le même sens : "MP 2013 a eu l'impact espéré. Le secteur qui en a le plus profité est la restauration".  Entre mai et juillet, les hôtels du département auraient ainsi selon cette même étude enregistré une augmentation de 7% du nombre de chambres louées. Là encore, on est loin du raz-de-marée touristique attendu. Autre facteur d'autosatisfaction : l'augmentation du nombre de touristes étrangers qui prouve que la capitale a eu l'effet escompté en matière de notoriété internationale. Ce qui amène ce commentaire surprenant du maire de Mallemort qui s'y connaît en alimentation ovine : "Les touristes chinois c'est comme les moutons, il faut les appâter", se félicite Daniel Conte.

Concernant le déficit de 3 millions d'euros, le président de MP 2013 s'est contenté de commenter sommairement : "ce n'est pas un déficit mais un dépassement budgétaire". Plusieurs réunions ont été organisées avec les financeurs, un courrier officiel est parti pour solliciter la participation des collectivités et Jacques Pfister va plus loin : "Je suis en train de chercher des entreprises" susceptibles à leur tour de remettre au pot.

En matière de nombres à six chiffres avec beaucoup de zéros tout ronds, le président de MP 2013 s'est limité aux seuls visiteurs et touristes. Pour évaluer l'impact de l'année capitale sur le territoire en termes de chiffres d'affaires et d'emploi, il faudra attendre encore. L'association promet une étude détaillée sur le sujet d'ici la fin de l'année.