Georges Lacroix, l'homme qui a coulé le tunnel du Vieux Port

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le 25 Août 2013
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Georges Lacroix, l'homme qui a coulé le tunnel du Vieux Port
Georges Lacroix, l'homme qui a coulé le tunnel du Vieux Port

Georges Lacroix, l'homme qui a coulé le tunnel du Vieux Port

Elle avait fière allure la DS de Gaston Defferre, avalant l'asphalte du tunnel du Vieux-Port lors de son inauguration en 1967. A ses côtés se trouvait Georges Lacroix, directeur général des services techniques de la Ville et ingénieur des ponts et chaussées, qui a dirigé les travaux durant trente-cinq mois. Lors de son décès la semaine dernière, Jean-Claude Gaudin a tenu à rendre hommage à "ce Marseillais qui a fait beaucoup au service de sa ville". Ce haut fonctionnaire est "notamment à l'origine du percement du tunnel du Vieux-Port".

En réalité, l'expression du maire est à moitié vraie. Si ce tunnel a bien été percé dans deux extrémités, la partie centrale a été immergée à partir de tronçons flottants. C'est un des premiers tunnels au monde élaborés suivant cette technique.

30 secondes sous la mer

"Les collectivités et administrations intéressées vont avoir à faire face à des travaux d'une ampleur jusqu'ici inconnue en site urbain", annonçait Georges Lacroix dans le dossier de présentation des travaux en 1964. Il avait pour principale tâche de construire un tunnel automobile sous-marin reliant la cathédrale de la Major au fort Saint-Jean. La distance n'est pas très importante, moins de 300 mètres, mais ce genre d'aménagement n'est pas courant à l'époque. Il opte pour un tunnel immergé, composé de tronçons préfabriqués plongés dans l'eau et assemblés une fois au fond.

Ce tunnel ne doit pas non plus entraver la circulation du port, c'est pourquoi Lacroix impose la contrainte de maintenir une profondeur de 7 mètres au-dessus du toit de l'ouvrage. Il "devrait résister dans le cas accidentel où il serait envahi par l'eau et également au cas, à vrai dire fort improbable, où le plus gros navire pouvant entrer dans le Vieux-Port viendrait s'échouer sur le toit du tunnel", explique le dossier technique que MPM a conservé dans ses archives.

L'ingénieur imagine alors un tunnel composé de six caissons de 45 mètres chacun, "préfabriqués dans le bassin de carénage aménagé en cale de construction", comme l'annonce le dossier de présentation de l'époque. En réalité, ces pièces ne pèsent que 4,46 tonnes chacune. Les parois sont relativement fines, formées d'une tôle de 0,4 cm d'épaisseur, recouverte de 10 cm de béton.

Flotteurs

Jusque là, un tunnel sous la mer, rien de très impressionnant. L'anecdote historique prend des airs mythiques quand on découvre la manière dont les caissons ont été installés. Ils ont été déplacés comme des glaçons flottant dans l'eau. En effet, les deux extrémités étant temporairement obstruées, ces pièces flottaient. Après avoir été placées rigoureusement dans l'axe, il a donc fallu les lester pour qu'elles rejoignent le sol. Les tronçons sont ainsi "immergés dans une fouille préalablement draguée et reposent sur des appuis constitués de poutres préfabriquées en béton légèrement armé". Ils ont ensuite été assemblés avec des "profilés en caoutchouc naturel en forme d'anneau" pour l'étanchéité, tout cela avec l'aide de scaphandriers. Ci-dessous, le schéma de l'époque, tracé à la main.

En 2011, le tunnel a été entièrement rénové avec notamment un désamiantage complet et une mise aux normes. S'il compte toujours deux fois deux voies, il n'a plus la même envergure qu'à l'époque de Defferre. Au journaliste de la télé qui l'interroge, le maire illustre se fait visionnaire.

Le pont transbordeur, c'est fini. Maintenant nous devonsregarder vers l'avenir, c'est-à-dire vers les liaisons routières qui permettront d'aller de l'autoroute Nord jusqu'à l'autoroute Est en passant par une voie supérieure jusqu'à l'entrée du tunnel du Vieux-Port ensuite par le tunnel du Carénage au Prado dont les travaux vont commencer. Les crédits sont obtenus.

Defferre se montrait plus qu'optimiste. En fait, le tunnel Prado Carénage n'a été inauguré qu'en 1993. Ce très long chantier a valu une condamnation à deux de ses anciens adjoints. En revanche, soixante ans plus tard, avec la L2 et le tunnel Prado Sud, la vision defferriste de Marseille n'a pas totalement disparue. A l'heure des modes doux et de la fin du tout voiture, on parie encore sur les grands axes autoroutiers.

 Et, pour finir, le document technique d'époque : 

 

 

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Commentaires

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  1. PC PC

    Très bon article Clémentine, exellente initiative de nous avoir fournie les documents techniques.

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  2. Jean Valjean Jean Valjean

    Effectivement, article très intéressant.
    Question connexe : n’aurait-on pas perdu en compétence dans l’entourage de nos édiles ? Qui entoure Gaudin aujourd’hui ? et Caselli ?

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  3. citoyen de l'Estaque citoyen de l'Estaque

    Votre l’article côtoie l’excellence par son contenu, mais le choix de son titre me déçoit car il peut apporter une connotation péjorative, par la proximité historique des lieux, à Georges LACROIX.
    L’obligation des connaissances techniques veut et exige que la Direction Générale des Services de la 2ème ville de France soit pilotée par un X ponts. Mais si la décentralisation a eu des effets collatéraux sur leur déroulement de leur carrière ; aussi, méfiants, ces ingénieurs forcément issus de polytechnique, se sont éloignés de la FPT. Peut être que la Métropole permettra leur retour en force, un retour nécessaire, pour mener les réflexions stratégiques dont a besoin Marseille de demain..

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  4. Ricou 24. Ricou 24.

    Comme quoi on peut arriver à faire bien même à Marseille.
    Mais attention ,tous les jours nous tenons le pari d assurer la sécurité ,le transport,la collecte des déchets,la distribution de l eau par exemple pour des utilisateurs,clients ou usagers de plus en plus nombreux et exigeants………ce sera peut etre vu dans 50 ans pas si mal.
    Au fait combien de recours administratifs contre l ouvrage? Combien de manifestations contre l idée? Combien de rapport sur la destruction “du vermiceau sous marin et de sa cousine” ? Sûrement très peu et moins qu aujourd hui…….çà donne envie et facilite la vie.

    Ricou 24.

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  5. Thomas Thomas

    Merci pour ce document technique très intéressant 🙂

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  6. savon de Marseille savon de Marseille

    Très intéressant : j’ignorais ce procédé de construction . La bande 16mm d’actualité du JT est presque amusante car tous les protagonistes rivalisent d’éloge sur ce tunnel..gratuit. C’était les 30 glorieuses.

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