Christiane Taubira prend date avec les habitants des quartiers populaires

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le 22 Août 2013
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Christiane Taubira prend date avec les habitants des quartiers populaires
Christiane Taubira prend date avec les habitants des quartiers populaires

Christiane Taubira prend date avec les habitants des quartiers populaires

Le TGV en provenance de Paris entre en gare Saint-Charles. La Garde des sceaux, Christiane Taubira, en descend, à peine visible dans le flot de touristes chargés de bagages qui vibrionne autour d'elle. Elle est de retour à Marseille, deux jours après la visite du premier ministre, en compagnie duquel elle était venue faire le bilan de la politique sécuritaire du gouvernement à Marseille. Elle y revient à l'invitation d'Europe écologie – Les Verts, qui y tient ses journées d'été.

Mais avant de plonger dans le vert à la fac Saint-Charles, Christiane Taubira a rendez-vous au bout du quai avec des représentants du collectif du 1er juin. Ces habitants et travailleurs sociaux des quartiers populaires de Marseille ont organisé une marche à cette date pour dire leur ras-le-bol de "toutes les formes de violence", en premier lieu desquels les règlements de compte qui ensanglantent régulièrement le bitume des cités.

A cette occasion, ils avaient mis sur pied une liste de 23 propositions au gouvernement pour qu'il associe les habitants à la construction de solutions aux maux qui frappent les quartiers. Après Manuel Valls en mai, les membres du collectif ont quelques instants pour soumettre le volet qui concerne la justice à la Garde de sceaux. Cette dernière dit avoir répondu positivement à leur sollicitation d'abord "parce qu'[elle] éprouve de la compassion et de l'écoute". De la compassion, parce qu'elle dit savoir que parmi elles "il y a des mères qui ont perdu un fils dans les règlements de compte". Du respect pour ce qu'elles peuvent proposer.

Sous les flashes des photographes

La rencontre paraît impromptue et le service de sécurité flotte un peu quand le cortège change de cap pour trouver un troquet tranquille où amorcer la discussion. Cette entrevue n'en est pas pour autant confidentielle. La presse a été prévenue et les flashes crépitent alors que le cortège avance. Après un bilan de l'action du gouvernement pour Marseille aux accents très sécuritaires et les récentes sorties de Manuel Valls, certains de ses collègues souhaitent visiblement faire entendre une vision plus ancrée à gauche.

Tout le monde s'installe autour d'une table et Yamina Benchenni, qui a un temps joué le rôle de porte-parole du collectif présente à la ministre les points qui concerne son ministère parmi la liste des 23. Christiane Taubira écoute, très attentive. Yamina Benchenni évoque le cas des jeunes en situation d'addiction qui se retrouve souvent coincés à la case prison alors qu'il aurait fallu apporter des solutions en amont. "De quelle tranche d'âge s'agit-il ?", interroge la ministre. Elle replace fermement un autre membre du collectif qui souhaitait l'interpeler librement "comme c'était prévu". "Je réponds à madame d'abord et ensuite je vous écoute". Elle se tourne vers Yamina et enchaîne : "Je vous parle de la tranche d'âge parce que la réponse n'est pas la même. Par exemple, nous avons créé des classes relais et mis des éducateurs à disposition de l'éducation nationale. Mon souci est qu'on est des réponses adaptées que l'ont puisse diversifier les réponses à la disposition du juge pour enfants".

Très vite, la discussion quitte les propositions écrites pour revenir dans le feu des propositions. Elue à la communauté urbaine pour le Front de gauche et membre du collectif, Haouaria Hadj-Chikh demande la création d'une instance de discussion avec les habitants "pour les associer aux discussions". Une habitante de la cité Bellevue à Félix Pyat aborde la question de l'emploi : "Autour de notre quartier, il y a beaucoup de chantiers. Vous savez ce que font nos jeunes ? Et bien ils vont bloquer les chantiers pour gratter un emploi. Parce que ce sont d'autres qu'eux qui en profitent". A ses côtés, Salim Grabsi abonde : "Il y a un loi qui prévoit 5% d'embauches locales sur les chantiers mais il y a tellement de sous-traitance qu'à la fin, il y a une entreprise avec deux gars et 5%, à leur niveau, c'est un bras où une jambe".

La ministre acquiesce : "Ce n'est pas normal et j'ai eu l'occasion de le dire. Il y a quelques années, un gouvernement différent avait créé les zones franches urbaines avec une obligation d'embauche locale et rien n'a été fait. C'est purement scandaleux". Il faudra donc qu'elle en parle à François Lamy, le ministre de la Ville, qui s'apprête à relancer le dispositif. La discussion prend alors un tour plus politique avec en toile de fond "une ville malade du clientélisme".

"Les voyants sont rouges écarlates"

La directrice du centre social l'Agora met sur la table la question des discriminations traitée par aucun gouvernement. A ses côtés, Mohamed Ben Saada de Quartiers Nord Quartiers forts rappelle son opposition à Manuel Valls et l'encourage à défendre une position de gauche après le bilan "très martial" de Jean-Marc Ayrault à Marseille. Devant la presse, Christiane Taubira ne saisit pas la perche : "On peut quand même choisir de tout faire ensemble. Il faut apporter une réponse à la question de la sécurité. Le gouvernement n'a pas le droit de se défausser". Elle fait à son tour le bilan du comité interministériel du 6 septembre, côté justice. Pour son ministère, comme du côté de la police, les choses ont avancé.  

"Mais pour l'emploi, les voyants étaient dans le rouge, il y a un an, maintenant, ils sont rouge écarlate", s'insurge Salim Grabsi. Christiane Taubira opine et propose une rencontre à Paris avec des représentants du collectif. "Mais on veut voir aussi d'autres ministres. Nos problèmes, c'est l'emploi, le logement, l'école, la santé, la culture…" Même si elle revendique travailler "de façon très interministérielle", Taubira repousse l'idée : "Je peux vous promettre une réunion avec des représentants des autres ministères. Mais vous serez combien ?". "Chez nous il n'y a pas de porte-parole, lui répond-on du tac-au-tac. Pourquoi pas 20 ?". "Voyez ça entre vous. On reste en contact", conclut la ministre, pressée par son équipe. Elle part rejoindre ses amis Verts qui planchent vendredi sur un changement de cap du gouvernement. Avec Taubira à la barre ?

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Commentaires

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  1. savon de Marseille savon de Marseille

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  2. Simon L Simon L

    C.T élue guyannaise, durant des années, n’a pas résolu la question de la violence en Guyanne, violence liée à l’immigration clandestine, à la pauvreté, au mauvais traitement fait aux Amérindiens, aux chercheurs d’or, à la drogue, à l’incurie de l’administration et aux policiers ripoux … comment peut-elle trouver/proposer des solutions sérieuses à Marseille ?
    Ah, grace à son ami ami Tapie peut-être, récent patron de presse marseillais, ( rappelez-vous la liste anti Rocard dans les années 90 menée par Tapie, avec la bénédiction de Mitterrand, Taubira y était …) mais il est vrai que l’ami Tapie a de sacrés problème sur le dos en ce moment, est-ce que la justice sera clémente avec lui, cette fois encore … ( à suivre)

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  3. cani cani

    est elle allée à Marignane présenter ses condoléances ?

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  4. paul rouyer paul rouyer

    j’invite les gens à lire les differents doleances des habitants de ces quartiers (cherchez collectif 1er juin sur gogol et lisez les differentes doléances presentes sur 5 ou 6 journaux de fin mai/debut Juin … Il y a franchement de quoi mourir de rire! Des parents qui ralent contre un aller retour à la plage à 3,60€ et ne savent pas que le tarif social met le tarif d’un ticket entre 0,65 et 1,04€(ce que je paye pour 3 gamins). Non, ils demandent la gratuité complète! Une autre mesure qui deplait c’est qu’apres 12 ans les centres sociaux ne s’occupent plus des gamins. Bref, il faudrait lfaire le boulot des parents plein pot jusqu’a 18 ans ou au mariage? ou filer le RSA a 13 ans? Et la mauvaise education, c’est la faute à l’etat, à la société, mais pas aux parents, voyons! Il n’en est d’ailleurs nulle part question, aucun élu qui part visiter ces ‘pauvres gens’ n’a eu le courage de le mettre sur le tapis! oui, c’est votre faute si on croise de gamins de 10 ans dans la rue à minuit.. et après ils s’etonnent que les gamins fassent ce qu’ils veulent et aillent vers la facilité du trafic!
    Il y a aussi les sempiternel discours sur le manque de travail… Mais il faudrait peut etre leur dire qu’il touche tout le monde? Non, ces doléances ne sont que des répétitions de doléances de gens qui font des gamisn mais ne veulent pas en assurer le poids!

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  5. kilou kilou

    je suis maman seule avec 4 enfants, habitante de marseille et présidente d’une association je fais partie du collectif des quartiers populaires et il n’y a pas que des personnes en marge de la société, je me bat au quotidien pour donner a mes enfants le sens et la valeur de la république mais on se rend compte de nos jours que rien n’est fait pour que nos enfants puissent esperer une vie meilleure!!!!je suis au sein de ce collectif pour pouvoir faire prendre conscience aux gens qu ‘ils ne faut pas faire une généralité de tout!!!! il y a encore des parents, des familles, des associations, des habitants qui veulent que cela changent pour notre avenir et celui de nos enfants!!!

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