À la caserne Cardot, 180 Roms expulsés retrouvent l'errance

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le 23 Juil 2013
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À la caserne Cardot, 180 Roms expulsés retrouvent l'errance
À la caserne Cardot, 180 Roms expulsés retrouvent l'errance

À la caserne Cardot, 180 Roms expulsés retrouvent l'errance

A l'entrée de la caserne Cardot, les policiers ont désormais les bras croisés. L'évacuation vient de se terminer et leurs collègues retiennent sans forcer les militants qui occupent encore le trottoir. Seules quelques familles de ressortissants roumains sont encore présents. Régulièrement, ils reviennent se heurter aux policiers en faction en espérant pouvoir entrer pour récupérer quelques affaires. "J'ai mes papiers dedans", demande une femme sans rencontrer d'écho positif de la part de la maréchaussée. Parqués à droite du portail, les militants assistent impuissants à la fermeture de ce lieu de vie.

A gauche, deux ou trois riverains sont venus assister à la fin de leur "cauchemar". Cocker en laisse, Michèle se dit "satisfaite, bien sûr. On n'aura plus à subir tout cela". Elle montre du doigt son balcon d'où elle dit avoir subi "que des nuisances". "Quand ils sont arrivés cet hiver, ils étaient 80 et aujourd'hui, on dit 180 ou 200, insiste-t-elle. Et tous les soirs, c'était un bruit infernal de ferrailles. Et puis l'odeur insupportable quand ils brûlaient leurs ordures". Très vite, son propos est interrompu par des militants qui accompagnaient les familles au quotidien. L'esclandre se poursuit un peu plus loin.

La majeure partie des familles Roms qui vivaient là depuis huit mois ont quitté la caserne désaffectée pendant la nuit. Elles ont sans doute rejoint d'autres lieux d'hébergement précaire, accompagnées en cela par les militants associatifs qui se sont relayés pendant de longs mois pour faire vivre ce lieu d'accueil. Investi en novembre par un collectif d'associations et de militants politiques, ce lieu devait permettre de relayer l'action du curé de la Belle de Mai et servir de symbole de la réquisition citoyenne. Une réponse en forme de "chiche !" à la volonté affirmée par la ministre du logement, Cécile Duflot, de procéder à des réquisitions pour pallier au mal-logement. "La caserne faisait partie des sites visés, explique Jean-Marc Brémond, du collectif de solidarité avec les Roms. C'est pour cela qu'on l'a investie. C'était une manière pour nous de la prendre au mot. C'était un acte de communication".

La République à l'envers

Un acte symbolique donc qui tout de même entraîné dans son sillage plusieurs centaines de familles à qui cette action citoyenne a offert un toit et un peu de stabilité. Une stabilité qui a pris fin ce matin brutalement. Le vice-président de la région (PCF), Jean-Marc Coppola était présent le jour de la réquisition. Il était là aussi dans la chaleur du mois de juillet pour témoigner de l'expulsion. "C'est le symbole d'une république qui marche à l'envers, dans laquelle les lois sont bafouées. Depuis le 26 août 2012, il existe une circulaire qui impose qu'une solution durable soit trouvée avant une expulsion. Or, ici, elles ont été chassées en pleine canicule sans autre solution que l'errance".

Seule trace d'une prise en charge des familles, joint par les associations via le 115, le Samu social dénombre les dernières familles présentes nécessitant une prise en charge. "Pour l'instant, on compte huit familles pour lesquelles nous allons mettre en place un accueil à l'hôtel notamment parce qu'elles comptent des enfants en bas âge, affirme René Giancarli, directeur du Samu social. On souhaite éviter les ruptures de situation". Pourtant le même employé aura du mal à expliquer ce qu'il adviendra de ces mêmes familles une fois "les deux, trois jours" passés. Pour seule réponse, il dit travailler en étroite collaboration avec la préfecture.

 

 

Cette dernière institution fait une apparition remarquée avec l'arrivée de Jean-Paul Bonnetain, préfet de police et de Marie Lajus, préfète déléguée pour l'égalité des chances. Après avoir longuement inspecté les lieux, cette dernière vient au devant des militants, non sans essuyer quelques invectives de la part de certains. Elle fait face et répond à ceux qui souhaitent nouer un dialogue. La directrice d'Emmaüs Saint-Marcel, Anne Issler, vient au devant d'elle. La préfecture s'était engagée à payer une partie des aménagements de la caserne pendant les mois de sursis avant expulsion et, visiblement, la promesse n'a pas été suivie d'effets. A mi-voix, les deux femmes se mettent d'accord sur une manière régler ce différend. Une autre militante prend à partie la préfète qui tente de défendre son bilan et la prise en charge "au cas par cas" des familles en situation d'insertion. "Le diagnostic social est un prétexte pour faire le tri, s'exclame-t-elle. C'est dégueulasse. Ici, tout le monde a besoin d'un toit. Il y a des enfants. A chaque passage de la police, à chaque expulsion, ils en sortent traumatisés"

 

 

Marie Lajus répond, justifiant les efforts de l'Etat à mettre en regard "de l'ensemble de la population en situation d'exclusion". Devant elle, apparaît une mère qui vient d'être expulsée. Avec ses mots, elle dit son désarroi : l'impossibilité à trouver du travail en Roumanie, la faim là-bas, les expulsions ici. "Les enfants vont à l'école, comment on va faire maintenant ?", demande-t-elle. Marie Lajus assure que l'expulsion a eu lieu en été justement "pour leur permettre de finir leur année scolaire sereinement". "Mais l'école, c'est jusqu'à 16 ans", crie une militante derrière elle. 

La préfète s'efforce de répondre quand le dialogue est possible. Elle défend la politique de diagnostic sanitaire et social menée par l'Ampil en partenariat avec la préfecture. "Les résidents ne voulaient pas leur répondre. Ils se méfiaient, justifie Anne Issler. A chaque fois qu'ils sont venus, la police est passée ensuite". Marie Lajus ne fait pas de commentaire même si elle est bien obligée de reconnaître qu'une seule famille en parcours d'insertion, "c'est très peu".

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Et le séjour à l’hôtel c’est encore le contribuable qui paie, déductible de nos impôts ?

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  2. David David

    La ville dispose d’un trop maigre parc de relogement temporaire géré par le CCAS, c’est pour cela qu’on finit par payer de hôteliers. La politique d’expulsion et de retour au pays coute plus cher à la France que la mise en place de dispositifs d’hébergement légers et expérimentaux, ainsi que la valorisation du travail de collecte et recyclage dans lequel les roms sont un échantillon important de la filière.

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  3. Anonyme Anonyme

    est-ce que ces gens des associations s’imaginent ce que c’est que d’habiter Plombières, dans des appartements qu’ils ne peuvent plus vendre dans des résidences de plus en plus dégradées où les charges explosent ? avec sa fenêtre ouvrant sur un camp de roms ? Est-ce qu’ils s’imaginent le sentiment d’abandon que les habitants de ces résidences ressentent ? Non parce qu’ils n’ont aucune vision globale de la pauvreté dans notre pays et particulièrement à Marseille. La ville devrait mettre la priorité sur la requalification de tout ce boulevard urbain

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  4. PC PC

    A Fuveau,il vient de s’inaugurer une aire pour gens du voyage, à 4 ou 5 millions d’euros.une vingtaine d’emplacements pour 2 caravanes, sanitaire privatifs, 2 euros la journée,3 mois maximum.
    Je ne sais pas si ce prix est pour une famille ou par personne.
    Toujours est-il qu’il n’y a personne.

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  5. Flutiot Flutiot

    Et les expulsions faites par les forces de “l’ordre” encore et encore et encore et encore sans jamais chercher une solution durable ? Et les reconduites à la frontière de personnes qui ont le droit, comme tout européen, de se déplacer ?

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  6. PC PC

    Monsieur Jean Paul Kopp, comment pouvez vous comparez les logements sociaux avec les aires des gens du voyage.
    Les logements sociaux ne sont pas encore terminés qu’ils sont déjà occupés, ce qui est tout à fait normal.
    Vous parlez de lieu à construire obligatoirement dans toutes la France, pour accueillir des gens qui ne viendront pas forcément.
    Monsieur Kopp, vous êtes sans doute une personne interessante, mais avec vos amis vous envoyez le bouchon un peu loin comme l’on dit dans le Midi.
    Après, vous savez, toujours évoquer la loi,faut se méfier.les mauvaises lois entrainent souvent d’autres lois encore plus mauvaises.Le vivre ensemble, Monsieur Kopp, n’oubliez pas le vivre ensemble.

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  7. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    J’aimerais bien que ces associations se penchent avec autant d’attention sur le sort des milliers de marseillais qui, suite à un divorce ou une perte d’emploi, ont été expulsés, vivent dans des chambres ou appartements insalubres, dorment dans leurs voitures …. Quant à ces familles de ROMS elles se sont placées dans l’illégalité bien souvent avec la complicité de certains associations . Quant à la Mairie , GAUDIN devrait immédiatement requérir l’expulsion à chaque occupation illégale . Au lieu de cela , il laisse s’enliser la situation qui devient insupportable pour tout le voisinage .
    Le fossé se creuse ainsi de plus en plus entre le pays profond et une certaine classe qui vit de subventions publiques pour ….. encourage celles et celles qui refusent la Loi de la République.
    Ainsi voit-on le FN engranger des voix à chaque scrutin , c(est dramatique!

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  8. PourVoir PourVoir

    Ah bon ?! J’en apprends de belles en lisant ces commentaires.
    Ainsi donc les Roms boudent les aires dédiées aux gens du voyage ! Mais pourquoi donc ? Dites-moi. Ne sont-ils pas en voyage eux-mêmes ? Un voyage un peu forcé, il est vrai. Et puis j’ai quand même lu que Marseille brillait par son incapacité à tenir ses obligations en ce domaine …
    J’apprends aussi qu’ils coûtent cher. Sans doute beaucoup plus cher que la mobilisation des forces dites de l’ordre et les reconduites à la frontière. De plus ils seraient responsables de dépressions, de la baisse de la valeur des biens immobilier, de l’explosion des charges, du sentiment d’abandon … C’est terrible ça comme responsabilité …
    Que dois-je penser de cette personne qui me disait qu’elle était fort contente de la présence de roms en bas de son domicile ? Elle m’assurait bénéficier d’un sentiment de sécurité pour elle et sa voiture. “Ils sont suffisamment intelligents pour ne pas me la voler et pour empêcher qu’on me la vole” disait-elle. Elle ajoutait : “C’est la même chose pour moi.” Et comble de la sottise, elle concluait : “En plus ils font des efforts de propreté pour ne pas être chassés”.

    Par contre, je trouve qu’on devrait aussi s’occuper des femmes battus (marseillaises ou non) quand elles ne sont pas violées et des patrons qui licencient et pas toujours à bon droit. Et puis on pourrait aussi construire plus de logements sociaux, c’est pas la place qui manque, plutôt que des stades Vélo … Oups ! Je crois que j’allais écrire une bêtise. Ah oui, que fait Mr Gaudin ?

    Au final, je le dis comme je le pense, je suis assez content de savoir que par mes impôts je subventionne des associations qui viennent au secours des déshérités, des faibles, des non-droits et des hôteliers. Je suis même prêt à payer plus d’impôt pour voir moins de misère. Mais avant tout, je vote pour un transfert des dépenses inutiles vers des buts utiles. Moins de centres de rétention, d’expulsions et plus de logements. En voilà un drôle de programme contre la xénophobie …

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  9. Anonyme Anonyme

    Je crois que les associations travaillent contre les français. Nous devons subir la présence de ces gens sur nos boulevards et les nombreuses nuisances que cela engendre… Nous payons des impôts, travaillons, et l’Etat nous abandonne face à cette invasion.
    Je me moque totalement de ce que ces roms deviendront…je veux que mon quartier en soit débarrassé. Leur misère me laisse totalement indifférent. Si il faut voter FN pour cela…

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  10. canardo canardo

    j’ai sous les yeux le grand nettoyage de la Caserne Cardot. Nous sommes le 1er août et depuis 8 jours les employés de la Mairie nettoient et évacuent les déchets en tous genres accumulés depuis 8 mois par les Roms. C’est un véritable scandale de voir que nous devons encore assumer le nettoyage de ce lieu après leur passage.
    Le troisième arrondissement est devenu “la cour des miracles” de la ville de Marseille. Le boulevard de Plombières ne s’appelle pas pour rien le “boulevard des Roms”. L’an passé, à côté du fast food KFC, il y a deux ans chez Tempier-Roustand, sur le parking Asiane III, sur le Parking Dia etc etc…
    La misère est présente à tous les coins de rue et la saleté omniprésente.
    Malgré tout, nous payons des impôts locaux et taxes foncières aussi élevés que dans les quartiers plus favorisés.
    Nous attendons avec impatience un changement et ne serons pas étonnés si le FN bat tous les records aux prochaines élections !

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