Le théâtre des Bancs Publics doit-il s'asseoir sur sa programmation ?
Le théâtre des Bancs Publics doit-il s'asseoir sur sa programmation ?
Les amoureux des bancs publics ont du souci à se faire. Cette fois il ne s'agit pas des tourtereaux de la chanson de Brassens, mais de l'association les bancs publics et de son théâtre éponyme qui vient de perdre un financement lié à la politique de la ville. Située rue Ricard, dans le 3e arrondissement, cette ancienne salle de boxe réaménagée en théâtre détonne dans le quartier avec sa devanture violette et blanche. Ce "lieu d'expérimentations culturelles" comme il se qualifie lui-même, doit son équilibre financier à diverses subventions publiques. Notamment ce fameux financement de la politique de la ville "reconduit chaque année depuis 5 ans" avance Julie Kretzschmar, la directrice artistique.
Mais pas cette fois : "Fin mai, cette aide a été supprimée". Elle entre dans le détail de cette subvention : "20 000 euros viennent de la politique de la ville, répartis entre les collectivités même si c'est la Ville qui décide principalement. 7000 euros viennent de la Drac [direction régionale des affaires culturelles, ndlr] qui soutient un média citoyen". C'est donc avec un vide de 27 000 euros que l'association doit finir l'année : "Nous n'avons aucun problème de gestion, mais en décembre nous aurons à un déficit équivalent à cette somme".
"Esprit de Babel" éteint
Difficile de maintenir les diverses activités des Bancs publics. Après l'arrêt de la subvention de la Drac, le journal Esprit de Babel édité par l'association stoppe sa publication. Basé sur le modèle du média participatif à la publication "aléatoire", il représente 10 000 tirages par numéro. Celui sorti en début d'été est le huitième depuis 2009. Il devrait être le dernier. Le travail de Benoît Paqueteau, le graphiste qui s'occupe de la maquette du journal, est étroitement lié à l'avenir à la gazette : "Une partie de mon salaire dépend de la subvention qui nous permet de publier". D'autres diminutions de personnel sont à prévoir : "Habituellement nous sommes 6-7 salariés, on risque de tomber à 5", se désole la directrice artistique. Un régisseur vient de terminer son contrat, pas sûr qu'un nouveau soit recruté. Pour l'équipe du théâtre, cette baisse subite interroge sur la façon dont les institutions publiques soutiennent les structures culturelles sur le long terme.
En effet, la programmation risque d'être touchée de plein fouet : "On avait prévu de faire venir de jeunes performers du Caire, mais on n'a plus les moyens de payer leurs billets d'avion". Le maintien d'autres rendez-vous pose un vrai dilemme à Julie Kretzschmar : "Le photographe Bruno Boudjelal doit exposer en octobre. Je ne sais pas quoi faire, soit je le plante, lui et le coproducteur la Friche, soit je perds de l'argent". La situation est d'autant plus complexe qu'elle n'a pas pu être anticipée. Même si Julie Kretzschmar s'attendait à rencontrer des difficultés : "Avec la crise on aurait compris une baisse". Pour elle, le coup est sévère. "C'est un projet de 15 ans, apprécié, qui n'a jamais eu de problème". Et s'inquiète des conséquences à moyen ou long terme : "Cela peut vouloir dire la fin de notre complexe, de notre projet à la Belle de Mai".
Les collectivités pas au courant
Pour faire face la directrice artistique "interpelle les élus", convaincue que "les collectivités savent qu'on ne peut plus rien faire sans cet argent". Un premier rendez-vous a eu lieu avec les techniciens de la direction culturelle de la Ville pour essayer de contrebalancer la perte de la subvention au titre de la politique de la ville. Déjà, d'après l'association, la mairie a augmenté de 2000 euros la subvention culturelle pour atteindre 18 000 euros. Une somme à laquelle il faut ajouter les 30 000 euros de la région et les 20 000 du département.
En pleine année capitale, l'avenir paraît subitement assombri du point de vue financier. Bien sûr, les Bancs publics ont profité de l'élan de la capitale culturelle avec la coproduction des projets "certains n'auraient pas pu se faire sans MP2013", reconnaît Benoît Paqueteau. Mais l'après 2013 ressemble fort à la fable de la cigale et de la fourmi : après avoir chanté toute une années, les cigales culturelles commencent déjà à déchanter. Une question les occupe désormais : y aura-t-il une politique culturelle en 2014 ?
Actualisation le 17 juillet : Julie Kretzschmar a tenu à préciser ce matin dans nos commentaires : "nous déplorons le manque de dialogue qui a précédé au retrait d'une subvention politique de la ville sur un média citoyen, quand bien même il ne s'agit pas d'une reconduction automatique qui serait un dû." Par ailleurs, contrairement à ce que nous avions initialement écrit, la table-ronde n'est pas encore programmée.
Commentaires
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On n’aurait pu trouver meilleur photographe pour illustrer le sujet…
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Je ne sais pas ce qui m’irrite le plus dans le mépris, la suffisance et l’incompétence, dont font preuve politiques et chargés de mission.
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certains propos sont inexacts dans leur version rapportée
– une table ronde n’est pas prévue en septembre, elle est nécessaire et nous tentons de l’organiser
– nous déplorons le manque de dialogue qui a précédé au retrait d’une subvention politique de la ville sur un média citoyen, quand bien même il ne s’agit pas d’une reconduction automatique qui serait un dû.
– les projets menés dans le cadre de la capitale culturelle sont des co-productions avec MP2013, et non pas de projets simplement labellisés c’est à dire sans financement.
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Pourquoi faut il que ce soit toujours les grosses structures qui raflent les subventions alors que les petites rament à boucler les fins de mois alors que leurs programmations sont tres souvent de bonne qualité. Ah mais oui je sais ……. les copinages avec les politiques. Il y en a juste assez.
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Les uns après les autres, de plus en plus d’acteurs culturels locaux commencent à se rendre compte du cynisme anti-culture qui est en cours en leur défaveur, au-delà de la fausse communication orientée orchestrée autour de MP 2013. Sitôt le 31 décembre 2013 passé, il est fort à parier que la douche de la rigueur budgétaire locale sera froide, voire même glacée ! Le problème sous forme de constat, c’est que nombreux sont ceux qui continuent à faire des “courbettes” diplomatiques aux élu(e)s sans jamais élever de réelle contestation. Par exemple lors de telle ou telle réunion publique ou semi-publique, où il leur serait pourtant possible de faire passer tel ou tel message en présence notamment de la presse. Tout le monde semble au contraire être arc-bouté sur son propre pré-carré pour tenter de conserver au maximum ses subventions. D’évidence cela ne fonctionne pas car les uns après les autres sont touchés ici et là par les économies budgétaires notamment municipales. Qu’attend donc le monde culturel pour se bouger ??? Que MP 2013 se termine (tels ou tels sous à gratter, c’est toujours cela de pris ?…) pour aller ensuite acheter des mouchoirs en papier à un prix low cost (car pas d’argent pour en acheter de meilleure qualité) ?
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